En 2016, la Fonction publique offre toujours les conditions d’emploi dont rêvent les jeunes. L’on aurait pu croire le contraire. L’on aurait pu penser que les défis et le dynamisme qu’offre le secteur privé conviendraient mieux aux jeunes, mais c’est très loin d’être le cas. Les chiffres le prouvent de manière éloquente.
Depuis janvier dernier, la Public Service Commission a effectué 594 recrutements après appels à candidatures. Très exactement 52 853 personnes ont postulé avec le souhait de devenir fonctionnaire. Ils ont, pour la plupart, moins de 35 ans.
On ne parle ici pourtant pas de professions spécialisées ou pointues pouvant offrir un quotidien palpitant ou un salaire mirobolant. Non, on parle de métiers plutôt pépères et répétitifs qui n’offrent a priori rien de très séduisant.
Jugez-en vous-mêmes. Le ministère de la Fonction publique avait besoin de 350 Management Support Officers. C’est une autre appellation pour Clerk. Il y a eu 8 259 postulants. On recherchait 59 School Clerks. Eh ben, il y a eu 7 735 candidats. Il y avait quelques places disponibles dans le grade de Word Processing Operator. Exactement 4 848 personnes ont envoyé leur CV. Le service des pompiers avait besoin de quatre personnes. La PSC a reçu 6 262 demandes. Même un travail de Ticket/ Sales Officer au ministère de l’Agro-industrie semble attirer, car il y a eu 4 988 postulants pour cinq postes de libre.
À Maurice, décrocher un emploi de fonctionnaire est encore considéré comme un gage de réussite professionnelle et sociale. Il faut dire qu’aucune entreprise du secteur privé ne peut offrir autant que la Fonction publique.
Bonne rémunération, bien mieux que dans le secteur privé, garantie d’emploi jusqu’à l’âge de la retraite, travail relativement peu stressant, augmentation de salaire chaque année, une importante hausse salariale à chaque rapport du Pay Research Bureau, une myriade d’allocations…
Le fonctionnariat offre tout ce que le secteur privé ne peut pas se permettre. Si en règle générale, le serviteur de l’état est bien traité dans le monde, il l’est très probablement encore mieux à Maurice.
Mais, peut-on vraiment en vouloir à ces jeunes qui veulent une carrière pénarde dans la Fonction publique ? Certainement pas. Qui refuserait d’aller bosser dans de telles conditions ? D’autant plus que l’emploi dans le secteur privé est de moins en moins sécurisé et de plus en plus instable. Une entreprise prospère aujourd’hui peut ne plus l’être un an plus tard. On a vu récemment à Maurice des milliers de personnes croyant dur comme fer qu’ils travaillaient dans des entreprises sûres perdre leur boulot du jour au lendemain.
À l’heure qu’il est, le privé ne peut rivaliser avec le service civil, sauf peut-être pour les postes à haute responsabilité qui offrent une meilleure rémunération, mais sans aucune garantie d’emploi et avec une bonne dose de stress au quotidien.
Le fait est que pour toute économie, une telle situationn’est pas « profitable ». Pour avancer, le privé, générateur de croissance, a besoin des meilleures compétences. Pour tirer le meilleur de sa main-d’œuvre, il doit pouvoir motiver. Et on ne motive qu’en offrant de bonnes conditions d’emploi, meilleures que dans la fonction publique. Et le seul à pouvoir créer les conditions pour y parvenir, c’est le gouvernement.
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