Le conflit actuel entre le gouvernement et une section du patronat représentée par Business Mauritius semble irréaliste, car depuis les grands événements de 1983, le secteur privé traditionnel évite tout affrontement avec le gouvernement.
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Lors des élections générales de 1983, quand le MMM présenta Paul Bérenger comme le challenger d’Anerood Jugnauth au poste de Premier ministre, l’attaque que mena le MSM contre les « colons » dépassa en intensité les arguments utilisés de part et d’autre entre 1965 et 1967 au moment le plus intense du combat pour l’indépendance du pays. On sait que le secteur privé traditionnel finança et orchestra une bien vilaine campagne contre l’affranchissement du pays du joug colonial. Donc, après 1984, les grands barons du secteur privé ont systématiquement fait des courbettes devant les puissants de l’Hôtel du gouvernement, accueillant tous les budgets dans des termes les plus élogieux.
Graduellement, pour faire oublier les rancœurs du passé, des barons sucriers en particulier, ont abandonné le « labelling » passé de leurs entreprises pour adopter des noms neutres, effaçant de ce fait des épisodes douloureux de la mémoire collective. Même le label Mauritius Employers Federation, la notoire MEF, a connu un avatar pour devenir le patriotique Business Mauritius.
Donc, scénario des plus irréalistes quand, en 2024, on voit une confrontation entre le gouvernement et le patronat. Il faudrait néanmoins faire ressortir que dans le contexte de 2024, on a un gouvernement qui affirme vouloir poursuivre une politique économique et sociale fortement « socialiste », bien déterminé à faire avancer la cause des salariés de l’État comme du privé, des Senior Citizens, des étudiants, des enfants, et même de ceux qui ne sont pas encore nés.
En ce mois de 2024, on vit les derniers moments de l’existence de ce présent gouvernement dominé largement par le MSM. Et on sait que le MSM, sous le leadership pugnace de Pravind Kumar Jugnauth, entend conserver son pouvoir politique. Et pour atteindre cet objectif, le gouvernement entend jouer la carte d’augmentations de salaires et d’allocations pour tout le monde.
A-t-on, dans cette stratégie terrassante d’augmentations de salaires à tout le monde avant les élections, violé les limites légales ? On le saura bientôt une fois que Business Mauritius aura engagé sa bataille légale.
Mais en attendant les élections générales, la contestation légale engagée par Business Mauritius ne pourrait qu’amplifier la stratégie du MSM de se présenter comme le grand distributeur de cadeaux à tout le monde malgré la résistance des « colons ». A ce titre, on ne tarderait pas à ériger Soodesh Callichurn, le ministre du Travail en 2024, au rang d’Emmanuel Anquetil des années 1930.
Cette tentative de présenter le présent gouvernement comme le plus grand « fighter » en faveur des travailleurs et placer Callichurn au sommet du tableau des lutteurs syndicaux, a inévitablement amené certains méchants à se demander si on n’assisterait pas actuellement à une mise en scène intelligemment orchestrée entre gouvernement et bureaucrates représentant de patrons.
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