[Billet] Du coq au vin rodriguais

Un phénomène nouveau pouvant se produire pour les prochaines élections serait l’alignement à Rodrigues d’un candidat appartenant au PMSD ou sponsorisé par celui-ci et faisant de ce fait partie de la grande écurie menée par le MSM. 

Il serait intéressant de noter que depuis les dernières élections régionales tenues à Rodrigues, le 27 février 2022, le PMSD a pris place sur la scène comme un acteur répondant à un certain rôle. En effet, le PMSD a fait partie d’une combinaison appelée Lalians UPR-MIR-MMR qui a remporté neuf sièges contre huit à l’OPR, parti historique jadis dirigé par Serge Clair. 

Le PMSD compte pour un siège sur les neuf remportés par Lalians UPR-MIR-MMR, ce qui pourrait faire croire que le Coq possède la clé de voûte qui maintient la majorité face à l’OPR. 

Dans les faits toutefois, on aurait des raisons de croire que les dirigeants de la nouvelle majorité utiliseraient volontiers le vote du PMSD, mais ne seraient pas prêts à répondre à ses diktats. 

C’est pour cette raison que le PMSD n’a pas osé demander à la majorité dirigeant l’administration régionale d’annuler une décision de l’OPR de Serge Clair, le Némésis de Gaëtan Duval à Rodrigues, d’enlever le nom du leader historique du PMSD de l’appellation de l’aéroport de Rodrigues. 

Vu dans une perspective historique, l’ancrage du PMSD à Rodrigues a donné lieu à des événements extraordinaires. Par exemple, lors des premières élections auxquelles les Rodriguais prirent part - et cela en 1967 - les deux candidats du PMSD réalisèrent des scores que même les dictateurs des plus sanguinaires à la tête d’un parti unique pouvaient difficilement atteindre. Ainsi, le candidat Guy Ollivry obtint 96,87 % des votes et son colistier, Clément Roussety, 96,34 %. Le Parti travailliste ne présenta qu’un candidat, Jean Max Lucchesi, qui obtint 1,17 % des votes. 

Aux élections suivantes - celles de 1976 - Serge Clair se manifesta comme challenger du PMSD à Rodrigues. Toutefois, le PMSD fit élire ses deux candidats, Cyril Guimbeau (57 %) et Nicol François (56 %). Notons, néanmoins, la chute de 96 % à 56 % du PMSD. 

Fait historique incroyable à noter après cette victoire du PMSD à Rodrigues en 1976, ce sont ces deux voix du PMSD devenu l’allié du PTr, après la proclamation des résultats, qui firent la différence entre le Labour et son allié, le Comité d’Action Musulman (CAM), et le MMM. On pourrait dire que les assises du PMSD à Rodrigues permirent à sir Seewoosagur Ramgoolam de rester au pouvoir pour cinq ans encore. 

Aux élections de 1982, Serge Clair finit par battre le PMSD et devint de ce fait l’homme politique incontournable de Rodrigues. 

Serge Clair retraité et avec un retour, certes pas massif, du PMSD aux élections régionales de 2022, la question reste posée : le Sun Trust pourrait-il toujours concocter un bon coq au vin rodriguais ?