L’issue de l’élection partielle dans la circonscription Belle-Rose/Quatre-Bornes (no 18) peut être résumée par quatre « C » : contentement, cheminement, consolation et consternation. Sans compter le fait qu’elle ruisselle d’enseignements.
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Sans l’ombre d’un doute, le contentement est dans le camp travailliste. La victoire d’Arvin Boolell était « the writing was on the wall ». L’avenir nous dira si Pravind Jugnauth a donné un bâton à Navin Ramgoolam pour se faire battre en ne participant pas à cette élection. Si l’écart de voix entre Arvin Boolell et les autres candidats est considérable, la victoire n’a pas été forcément facile.
Ses principaux adversaires ont tenté par tous les moyens de l’assommer en diabolisant son leader, tout au long de la campagne. De surcroît, en le présentant comme l’homme qui fait le jeu d’un Navin Ramgoolam qui traîne des casseroles et comme le politicien dépourvu de poigne solide pour engager un bras de fer avec Navin Ramgoolam en vue de lui ravir le leadership du PTr.
Toutes les manœuvres enclenchées pendant la campagne n’ont pas eu l’effet escompté chez les électeurs qui étaient les rois, le dimanche 17 décembre. Il semblerait que les principaux adversaires d’Arvin Boolell aient eu une vision biaisée et réductrice de l’électorat du no 18. Fort de ce résultat, le PTr est requinqué. Le moral de ses dirigeants est rehaussé et les partisans rouges commencent à nourrir l’espoir que la reconquête du pouvoir est maintenant possible, malgré les lourds antécédents de Navin Ramgoolam. 2018 sera sûrement placée sous le signe de l’offensive tous azimuts par les rouges.
La consternation est visible dans le camp des mauves et des bleus. Chacun a accusé le coup à sa manière. C’est le K.-O net dans le camp du MMM et l’atmosphère de deuil chez le PMSD. Cette large défaite ne saurait masquer les signaux de leur limite, ce qui entrave ainsi l’ambition de Paul Bérenger et de Xavier-Luc Duval d’occuper le poste de Premier ministre.
Le MMM s’engouffre dans la spirale de l’échec vu l’ampleur de la défaite de Nita Juddoo en dépit du fait qu’elle se classe en deuxième position. Avec ce score, Paul Bérenger est condamné à faire preuve de dextérité car s’il continue à ressasser que le MMM ira seul aux prochaines élections générales, il fera fuir davantage de militants. Il ne faut pas être un expert en Sciences Po ou un vieux routier de la politique pour savoir que si le MMM n’a pas pu battre le PTr au no 18, il ne réalisera pas de miracle aux prochaines élections en coiffant au poteau le PTr ou le MSM dans les circonscriptions rurales.
L’humilité comme règle d’or
Dans la basse-cour des bleus, la situation est dramatique. Pas un seul partisan du PMSD ne s’attendait à ce que le coq soit déplumé car Dhanesh Maraye figure à la 5e place derrière Roshi Bhadain et Jack Bizlall, entre autres. Sans être « wise after the event », tout semble indiquer que Xavier-Luc Duval qui est député de cette circonscription a eu une vision désajustée des spécificités de l’électorat du no 18 en présentant Dhanesh Maraye comme candidat. Cette défaite risque de constituer un sérieux à-coup dans l’ascension de Xavier-Luc Duval sur le banc de l’opposition et de refroidir certains bleus. Le leader du PMSD risque d’avoir des remords pour avoir tiré à boulets rouges sur Arvin Boolell et Navin Ramgoolam. Qu’on le veuille ou non, le résultat de cette partielle a considérablement réduit son pouvoir de marchandage dans le cadre des négociations électorales.
Sur un autre registre, il faut saluer l’important cheminement de Jack Bizlall qui se classe à la 4e place avec 2 611 voix. Sans compter la consolation pour Roshi Bhadain qui, bien qu’il soit le plus grand perdant pour avoir démissionné sans pouvoir récupérer son siège, rafle la 3e position. D’autant que son parti ne compte que quelques mois d’existence. Il doit apprendre à ses dépens que l’électorat n’est pas impressionné par la rhétorique et une attitude qui frise la
suffisance. L’humilité est la règle d’or des politiciens.
Le MSM ne peut se frotter les mains face aux résultats de cette partielle. L’année prochaine, il sera soumis à une forte pression du PTr, dont le slogan durant cette campagne est : « Zordi no 18, dime Moris. » Pravind Jugnauth et son équipe devront employer les grands moyens pour empêcher les rouges de fomenter l’usure du pouvoir.
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