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«Big Boss» lance un défi à Paul Bérenger : «Venez avec au moins une preuve»

Le leader de l’Opposition et du MMM Paul Bérenger l’a dénoncé jeudi 10 novembre devant la commission d’enquête sur la drogue présidée par l’ex-juge de la Cour suprême Paul Lam Shang Leen.

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Présenté comme le «Big Boss» dans une affaire de trafic de drogue par Paul Bérenger, cet homme dont l’identité n’avait pas été dévoilée jusqu’ici était dans le studio de Radio Plus dans Le Grand Journal de 16h30 vendredi 11 novembre pour répondre en direct aux questions de Nawaz Noorbux et de Jean-Luc Émile.

Accompagné de son avocat Me Steeven Sauhoboa, le «Big Boss» a révélé son identité sur Radio Plus :

Nawaz Noorbux : C’est une situation particulièrement drôle, car je vous dis bonsoir Big Boss. Je vous laisse le soin de vous présenter.
Big Boss : Je m’appelle Veer Luchoomun. J’habite Rivière-du-Rempart et je suis un businessman international dans le domaine du jeu de hasard, des casinos et des machines à sous. C’est le business que nous faisons à Madagascar et en Afrique.

Nawaz Noorbux : Veer Luchoomun, vous êtes le frère de la députée MSM Sandhya Boygah ?
Veer Luchoomun : En effet !

Nawaz Noorbux : Paul Bérenger vous qualifie de «Big Boss» et allègue que vous êtes à la tête d’un réseau de trafic de drogue entre l’île Maurice et Madagascar et que vous faites le va-et-vient entre ces deux pays et que vous êtes mêlé à « l’affaire du constable Hurreechurn »…
Veer Luchoomun : Premièrement, je ne connais pas le policier Hurreechurn personnellement. Je ne l’ai même pas rencontré de toute ma vie. Ni un bonjour, ni une poignée de main. Je suis étonné comment Paul Bérenger dresse un lien entre l’affaire Hurreechurn et moi. C’est la première fois que je vis une telle situation.

Jean-Luc Émile : Avez-vous essayé d’avoir des explications sur les liens dont fait état Paul Bérenger ?
Veer Luchoomun : Je ne comprends pas. Ce n’est que lorsque vos collègues m’ont téléphoné [jeudi après-midi 10 novembre] que j’ai appris que Paul Bérenger a fait de telles allégations contre moi devant la commission d’enquête sur la drogue. Je pense qu’il a écrit mon nom sur un bout de papier pour le remettre au président de la commission.

Jean-Luc Émile : Est-ce par rapport à vos antécédents ? Car, on dit que vous avez été condamné pour « drug dealing » en 2007, et en 2011 il y a eu une autre affaire de drogue devant la cour intermédiaire…
Veer Luchoomun : Ce n’est pas un cas de « drug dealing ». Je ne me suis procuré cette drogue avec l’intention de la distribuer, mais pour fumer entre amis. On ne m’a pas traduit en Cour pour trafic de drogue. 

Nawaz Noorbux : Reconnaissez-vous donc que vous êtes un consommateur de cannabis ?
Veer Luchoomun : Évidemment, je le reconnais. Mais je suis en réhabilitation.

Nawaz Noorbux : Ce qui éveille les soupçons c’est surtout votre train de vie. Vous roulez en Jaguar…
Veer Luchoomun : Nous sommes dans le business des jeux depuis plus de 20 ans. En 1998, mon papa avait ouvert une maison de jeu qui s’appelle « Le Baron ». C’est la maison de jeu qui s’appelle « Le Baron ». Cela ne veut pas dire que je suis un baron de la drogue comme Paul Bérenger veut le faire croire. C’est un business familial. Nous l’avons géré de père en fils. Quand j’ai pris les choses en main, j’ai apporté des idées nouvelles et ce business a grandi.

Nawaz Noorbux : Connaissiez-vous le policier Arvind Hurreechurn ?
Veer Luchoomun : Je ne le connais absolument pas. Je ne l’ai jamais rencontré.

Nawaz Noorbux : Avez-vous entendu son nom pour la première fois ?
Veer Luchoomun : J’ai entendu le nom pour la première fois lorsque l’affaire a éclaté. Mais le visage me dit quelque chose lorsque j’ai vu sa photo dans les journaux. Je ne l’ai pas rencontré physiquement, personnellement.

Jean-Luc Émile : Le leader de l’Opposition vous reproche d’avoir effectué plusieurs voyages à Madagascar malgré le fait que vous êtes en liberté conditionnelle. Qu’avez-vous à dire ?
Veer Luchoomun : J’ai fait ces voyages après avoir obtenu l’autorisation de la Cour. Le Directeur des poursuites publiques (DPP) ou le State Law Officer ont pris la décision de me laisser voyager. Cela fait plus de 20 fois que j’ai sollicité la cour intermédiaire pour voyager parce que l’affaire remonte à 2011 et que nous sommes en 2016. Cette année, je ne me suis rendu qu’une fois à Madagascar pour l’ouverture de nos boutiques.

Nawaz Noorbux : Est-ce «Big Boss» est votre surnom ?
Veer Lutchoomun : Je suis assez corpulent, mais surtout ne venez pas dire que je suis «Big Boss».

Nawaz Noorbux : Êtes-vous conscient que tout cela peut avoir des ramifications politiques parce que vous êtes le frère de Sandhya Boygah ? Comment votre sœur vit-elle cette situation ?
Veer Luchoomun : Je n’ai pas pu lui parler, à hier [jeudi 10 novembre]. Mais je pense que c’est une situation traumatisante pour elle, tout comme c’est le cas pour moi. Je ne suis pas dans le domaine, vous savez…

Jean-Luc Émile : Êtes-vous un sympathisant du MSM ?
Veer Luchoomun : Pour moi, je suis un businessman, un businessman international. Donc, je ne suis concerné que par le business, pas la politique. Je considère que Paul Bérenger ne cherche qu’une vendetta politique. Il veut s’attaquer à ma sœur à travers ses proches.

Nawaz Noorbux : Cela fait 24 heures depuis que Paul Bérenger a balancé votre nom. Est-ce que quelqu’un de la commission d’enquête sur la drogue ou de la police, voire de l’Adsu, a pris contact avec vous ?
Veer Luchoomun : À hier, non ! Aucune autorité n’a pris contact avec moi directement. Mais la presse m’a contacté.

Nawaz Noorbux : Votre avocat Me Steeven Sauhoboa est en studio. En tant que conseil légal de Veer Luchoomun, quel est la marche à suivre selon vous ?
Me Steven Sauhoboa : J’attends à ce que Paul Bérenger fasse une déclaration publique et aussitôt nous logerons une affaire en Cour parce qu’il diffame Veer Luchoomun. Le bout de papier n’est pas une déclaration publique. Nous considérons aussi la possibilité de porter plainte à la police. Mais je voudrais surtout dire à Paul Bérenger s’il a des preuves concrètes pour incriminer mon client, qu’il le fasse. Je connais Veer Luchoomun depuis 25 ans, mais jamais en tant que trafiquant de drogue. Je l’ai défendu, par seulement dans les affaires de drogue, mais aussi dans le cadre de son business. Il n’est pas un trafiquant de drogue. Je suis là pour le protéger en tant que son avocat. J’invite Paul Bérenger à porter plainte à la police s’il a des preuves concrètes.

Jean-Luc Émile : Paul Bérenger a aussi évoqué le fait que de l’argent et de la drogue avaient été saisies chez votre client en 2011…
Me Steeven Sauhoboa : En 2011, la police n’a jamais saisi de l’argent. Il y avait de la drogue d’une valeur de Rs 3 000. Mon client avait été arrêté en possession de drogue. Mon client n’avait pas l’intention de fumer toute la drogue, mais avait l’intention de la partager. Nous sommes en négociations pour dire à la Cour que Veer Luchoomun est un consommateur et qu’il compte plaider coupable comme consommateur, mais pas pour distribution. Il n’est pas un trafiquant. Concernant ses voyages, j’ai moi-même formulé des demandes en Cour pour qu’il puisse les faire parce qu’il a du business à Madagascar et au Rwanda. Nous avons produit les documents y relatifs, et la Cour lui a autorisé à voyager.

Nawaz Noorbux : Veer Luchoomun, pourrez-vous expliquer aux autorités la provenance de votre richesse ?
Veer Luchoomun : Bien sûr !

Nawaz Noorbux : Il existe désormais une loi régissant les richesses inexpliquées. Êtes-vous inquiet ?
Veer Luchoomun : Non, pas du tout. Vous n’avez vu que la maison de jeu à Rivière-du-Rempart. Nous avons plus d’une vingtaine de branches à travers le pays. Et cela fait 20 ans que nous sommes dans ce business.

Nawaz Noorbux : Vos déclarations d’impôts à la Mauritius Revenue Authority (MRA) sont-elles en règle ?
Veer Lutchoomun : Bien sûr. Il y a différents types de compagnies.

Jean-Luc Émile : Vous êtes le frère de Sandhya Boygah, mais avez-vous aussi des liens de parenté avec une ministre ?
Veer Luchoomun : Oui, oui. J’ai des liens de parenté avec Leela Devi Dookun-Luchoomun [ministre de l’Éducation]. C’est la femme du petit frère de mon papa.

Nawaz Noorbux : Êtes-vous disposé à déposer devant la commission d’enquête sur la drogue ou à vous rendre à la police de votre gré pour vous défendre ?
Veer Luchoomun : Oui, bien sûr ! Je n’ai rien à cacher. Je n’ai rien à cacher. Mettez les preuves en avant. Pas une dizaine de preuves, mais une seule. “Amene !” Dans l’affaire Hurreechurn ou “whatever drug dealing” ! Peu importe le lieu ou l’année. “Bring only one evidence!” Je lui lance un défi : “bring it!”

 

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