Bashir Jahangeer, député MSM: Tempérament de guerrier

Bashir Jahangeer

Il n’est pas entré dans l’hémicycle pour être spectateur. Quitte à fâcher ses partenaires, Bashir Jahangeer tient à respecter les conditions de son mandat. Sur le dossier énergétique, le député de Savanne/Rivière-des-Anguilles s’est révélé coriace. « Je ne vais pas rentrer dans les rangs », dit-il d’emblée. Ce tempérament, c’est sans doute son histoire qui le lui a forgé. Bashir Jahangeer a vécu les bombardements du Koweït. En 1990, en pleine guerre du Golfe, il a été fait prisonnier par les Irakiens, alors qu’il travaillait pour la compagnie ABB. Marié très jeune à Salima, Bashir Jahangeer étudiera le génie électronique au Koweït. Après un perfectionnement en France et une formation en Suisse, il est embauché par la multinationale helvético-suédoise ABB. L’ingénieur électronique se voit confier une mission sans précédent au Koweït. Ils doivent remettre sur pied une importante machine alimentant le pays. Lorsqu’en 1990, l’armée irakienne envahit le Koweït, où il vit avec sa femme et ses deux enfants, Tarek et Farah, celui-ci se joindra à la résistance anti-irakienne, préparant des bombes. Mais la famille sera faite prisonnière et sera conduite à Bagdad. C’est grâce à l’ambassade suédoise qu’ils arrivent à s’échapper des geôles irakiennes. Elle fournira à Bashir de faux papiers de coiffeur. « Jean-Claude de l’Estrac, alors ministre des Affaires étrangères, est intervenu auprès du gouvernement irakien en faisant valoir que l’île Maurice fait partie du continent africain et que le pays est étranger au conflit », relate-t-il. Bashir Jahangeer parvient à rentrer au pays. à la demande de son employeur, il retournera au Koweït afin de réparer le cerveau électronique d’une tour de contrôle avec l’aide d’un collègue italien. « Tous les puits pétrolifères du pays étaient en flamme, des gouttelettes de pétrole se répandaient partout, l’air était pollué. Durant le week-end, l’armée américaine nous emmenait hors du pays pour respirer », raconte-t-il. [blockquote]«Nous avons été élus pour rompre avec la corruption, les passe-droits, les faveurs»[/blockquote]

En 1995, il rentre à Maurice lorsqu’ABB décide d’y ouvrir une antenne, avec pour partenaires José Poncini et Forges Tardieu. Mais en 2007, les relations tournent au vinaigre avec son employeur. Il se retrouvera entraîné, malgré lui, dans une affaire découlant du Double Taxation Avoidance Agreement. Lorsqu’ABB lui demande de démissionner, il poursuit la société et gagne son affaire. Il s’en ira alors créer sa propre boîte, Kabelek, spécialisée en travaux électroniques.

Entre-temps, Bashir Jahangeer fera une incursion en politique. « La politique a toujours été présente au sein de ma famille. Les Gayan et les Boolell étaient nos voisins », fait-il observer. C’est en 1995 qu’il passe la porte du Sun Trust. La franchise du leader du MSM le frappe alors. « Il m’a dit : “Ou kone, nu pa pe gayn eleksyon”. je lui ai répondu que je voulais aider le MSM. » Six ans plus tard, il entrera au conseil municipal de Beau-Bassin/Rose-Hill, mais en 2005, il s’éloignera de la politique.

[row custom_class=""][/row] C’est le temps du doute. Il craint des représailles du gouvernement d’alors, s’il s’affiche avec le MSM. Bashir Jahangeer prépare son plan B : la Tanzanie, où il s’en ira faire des affaires. Entre-temps, les choses s’éclaircissent au niveau des alliances politiques. Une première proposition lui est faite dans le Ward 2 à Port-Louis. Mais l’idée de croiser le fer avec son neveu Reza Uteem lui pose problème. Bashir Jahangeer atterrira au n° 13, une terre totalement inconnue, avec un adversaire de taille en Rama Sithanen. Ses divergences avec le ministre des Services publics au Parlement étonneront plus d’un. Bashir Jahangeer dit qu’il ne compte pas lâcher le dossier. « Nous avons été élus pour rompre avec la corruption, les passe-droits et les faveurs. Mon dossier relatif à l’achat d’un moteur pour la centrale Saint-Louis est bien ficelé. La discipline de parti ne doit pas être un argument pour que certains se livrent à des actes que nous-mêmes avions dénoncés ». Naiveté de débutant ? Non, tempérament de guerrier.