Les analystes trouvent justifié le déclassement de Maurice dans le rapport « Doing Business » 2017, et 40 % craignent un nouveau recul l’année prochaine.
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1 Moins facile de faire des affaires
Pour vous, le déclassement de Maurice dans le rapport « Doing Business » 2017 de la Banque mondiale est...
Le rapport « Doing Business » 2017, publié par la Banque mondiale, place Maurice au 49e rang sur un total de 190 pays. L’île perd sept rangs après un ajustement méthodologique du classement 2016. Neuf analystes sur dix trouvent justifié ce déclassement, « une suite logique des scandales politico-financiers, du manque de bonne gouvernance et de l’instabilité au sommet de l’État ». Une autre cause serait « the expropriation of assets without a court order ». Alors qu’il n’y a pas eu de réforme majeure depuis des années, « certaines procédures semblent être plus compliquées qu’avant ». Par conséquent, « the general feeling is that not enough concrete measures have been taken recently to materially improve the business climate ».
2 La menace rwandaise
Maurice mérite-t-elle de conserver sa première place du classement de « Doing Business » au niveau de l’Afrique subsaharienne ?
Au classement de « Doing Business » 2017, Maurice (49e) demeure toutefois le premier pays d’Afrique subsaharienne, précédant le Rwanda (56e), le Botswana (71e) et l’Afrique du Sud (74e). Pour 83 % des sondés, l’île mérite cette première place. La corruption, même si elle existe à Maurice, est « moins flagrante et moins handicapante » ici que sur le continent africain. Reste que « être premier en Afrique, c’est comme être borgne parmi les aveugles ». De nombreux analystes voient clair en ce qui concerne la fulgurante progression du Rwanda. Pour un économiste, « Mauritius should guard against being complacent and is at serious risk of losing its top spot to Rwanda, which has been actively implementing significant reforms ».
3 Encore du chemin pour l’entrepreneuriat féminin
Selon-vous, la facilitation de l’entrepreneuriat féminin à Maurice a évolué...
Positivement 10%
Pas assez positivement 90%
Négativement 0%
Il y a unanimité parmi les personnes interrogées que le gouvernement mauricien a facilité l’entrepreneuriat féminin. Cependant, il n’en a pas fait suffisamment, estiment neuf répondants sur dix. On trouve « regrettable qu’il existe encore trop peu d’entrepreneurs féminins dans notre pays ». Un économiste déplore que « la SMEDA ne fait que promouvoir l’entrepreneuriat de base, tels l’artisanat et la production d’achards ». Or, il y a plus que cela. L’accès au financement est « un autre gros problème » auxquel font face les femmes entrepreneurs. On propose que le gouvernement vienne « avec un fonds d’investissement qui injecte de l’argent dans des entreprises », sans se limiter aux gros projets.
4 Un nouveau recul en perspective
Selon vous, le classement de Maurice dans le prochain rapport « Doing Business » (2018) sera...
Il y a deux fois plus d’analystes prévoyant un nouveau recul de Maurice dans le rapport « Doing Business » de l’année prochaine que d’analystes anticipant une progression. Les premiers estiment que « there is no leadership to turn things
around », tandis que les seconds pensent que « les réglementations électroniques mises en place par le gouvernement allégeront les procédures ». On espère que « the authorities will activate the implementation of relevant measures to enhance the business facilitation framework ». Tout compte fait, si l’évaluation du pays se résume à un « desktop exercise based on what is said in the laws », il est important d’avoir des « empirical evidence on how the law is being effectively put into effect ».
5 Faciliter la création d’entreprises
Pour vous, quel est l’indicateur du rapport « Doing Business » qui doit être amélioré comme priorité des priorités par le gouvernement ?
La protection des investisseurs minoritaires 13%
L’octroi de permis de construire 13%
L’obtention de prêts 13%
La création d’entreprise 60%
Parmi les quatre principaux indicateurs sous lesquels Maurice a perdu des rangs dans le rapport « Doing Business » 2017, trois sondés sur cinq appellent le gouvernement à améliorer surtout la facilité de créer des entreprises. Est aussi primordiale l’obtention de prêts vu que « Maurice est un petit marché », tout comme l’octroi de permis de construire, car « la construction stagne ». La protection des investisseurs minoritaires n’est pas en reste parce que « protecting minority interests is one of the key aspects of corporate governance, and this should be respected ». Par dessus tout, « we need a strong Board of Investment led by someone who is not scared by politicians ».
6 Ancrage de la mauvaise gouvernance
Pour vous, la gouvernance d’entreprise chez Air Mauritius est...
Relativement Bonne 3%
Mauvaise mais Perfectible 33%
Irrémédiablement Déplorable 63%
La brutale révocation du CEO d’Air Mauritius a mis en lumière une mauvaise, voire déplorable, gouvernance d’entreprise (Corporate Governance). Si un tiers des répondants croient encore que la situation peut être redressée, 63 % estiment que rien ne pourra y remédier. Le fait est que, « whilst the power of dismissing the CEO by the Board cannot be disputed, the way of doing so seems at odds with advocated norms and rules ». On condamne le « pathetic behaviour of several board members » et le silence de ceux absents de la réunion du 28 octobre. Ainsi, « this board is unfit, and we need a new breed of board members who are not stuck in politicking », à savoir des administrateurs
« indépendants et multidisciplinaires ».
7 Après la zone de turbulences
Quel sera le niveau du cours de l’action Air Mauritius d’ici à un an (novembre 2017) ?
En dessous de Rs 12,50 23%
De Rs 12,50 à Rs 14,50 67%
Au dessus de Rs 14,50 10%
Le cours de l’action Air Mauritius était à Rs 14,50 le 26 février 2016, au lendemain de la nomination de Megh Pillay comme CEO ; à Rs 13 le 31 octobre 2016, le premier jour de cotation après sa révocation ; et à Rs 14,20 vendredi dernier. Neuf analystes sur dix sont d’avis que le cours ne franchira pas Rs 14,50 d’ici à novembre 2017, mais selon 77 % des sondés, il ne passera pas sous Rs 12,50. Comme « le prix d’une action dépend beaucoup de la confiance faite aux dirigeants de la société et de leur capacité à apporter des résultats », il s’ensuit que « things could improve if there were a change of board and the appointment of a competent CEO ».
8 Toujours pas de clarification politique
Comment trouvez-vous le pouvoir de décision au sommet du gouvernement ?
L’avortement du projet Heritage City et les turbulences au sein d’Air Mauritius ont révélé un jeu politique complexe au sommet du gouvernement. Les analystes sont quasiment unanimes à dire que le pouvoir de décision n’est pas clair, ni pour la population ni pour le secteur privé. Il est confus, car « opinions seem to differ considerably », et il est aussi dispersé avec l’existence de plusieurs capitaines. C’est tout à l’image d’un « pathetic government with zero leadership ». Le problème est que « mixed signals and inconsistencies at the level of the execution of key economic decisions can have an adverse impact on business sentiment and consumer confidence ».
Enquête réalisée par PluriConseil du 7 au 9 novembre 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 30 analystes économiques et financiers.
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