Pour la plupart des analystes, le nouveau ministre des Finances présentera un budget d’adaptation qui satisfera moyennement les entreprises et ne réduira pas les incertitudes économiques.
Publicité
1 Petites secousses entre alliés politiques
Qu’envisagez-vous sur le plan politique durant les deux prochaines années ?
Une stabilité relative: 27% De petites secousses: 60% De grandes turbulences: 13%
Après l’acquittement de Pravind Jugnauth dans l’affaire MedPoint, seulement 27 % des personnes interrogées pensent que la scène politique connaîtra une stabilité relative durant les deux prochaines années. Pour trois analystes sur cinq, de petites secousses sont à prévoir. On ne voit pas le PMSD et le ML « rocking the boat » alors que « the present government has a safe security margin ». Les trois partis de l’alliance gouvernementale continueront à jouir de l’exercice et du partage du pouvoir. Cependant, « le retour du leader du MSM au Conseil des ministres ne changera rien au clanisme qui règne au sein de l’équipe gouvernementale », et il pourra même l’alimenter.
2 Les opérateurs économiques dans l’indifférence
Quelle est l’humeur de la communauté des affaires par rapport à la nomination du nouveau ministre des Finances ? Trois sondés sur cinq trouvent la communauté des affaires indifférente à la nomination de Pravind Jugnauth au poste de ministre des Finances, qui était « well expected ». Un tiers des répondants observent tout de même que celle-ci a été accueillie dans la bonne humeur. D’abord, parce que cela ramène une certaine « stabilité politique » dans l’exercice du pouvoir. Ensuite, parce qu’il est nécessaire d’avoir quelqu’un à plein temps à ce poste de grande importance. Enfin, parce que le secteur privé craignait que ce ministère allait revenir à Roshi Bhadain. Si jamais cela devait se produire plus tard, il faudrait s’attendre à une « guerre » entre les Finances et la Banque centrale.
3 Vers une autre « crisis of expectations »
Selon vous, le nouveau ministre des Finances va...
Améliorer la situation économique: 17% Satisfaire moyennement les entreprises: 60% Décevoir les opérateurs économiques: 23%
La très grande majorité des analystes ne croient pas que la situation économique du pays s’améliorera sous le nouveau ministre des Finances sur lequel pèsent de fortes attentes. Celui-ci, au mieux satisfera moyennement les entreprises, au pire décevra les opérateurs économiques. Si « much will depend on the forthcoming budget », on sent une « lassitude » chez ces derniers qui « have already internalised the fact that they should not expect quantum changes but rather incremental, not to say cosmetic, changes ». Le grand argentier affichera peut-être une plus grande présence que ses deux prédécesseurs, mais « the missed departure will be hovering during the rest of the government’s mandate ».
4 S’adapter pour ne pas changer
Au regard des politiques annoncées l’année dernière, vous vous attendez à un...
Budget de continuité: 30% Budget d’adaptation: 57% Budget de changement: 13%
Ni continuité ni changement, mais une adaptation des politiques déjà annoncées. C’est ce qu’anticipent 57 % des analystes dans le prochain budget. Ils ne voient pas « what major reversal can take place if not unwinding what has been done previously, but this will take time ». Pravind Jugnauth « needs to address people expectations », mais « comes in too late before the budget to be able to make an impact ». Vu son « aspiration à devenir Premier ministre, il est obligé de bien faire ». Cependant, « pour obtenir un regain de popularité, il est probable qu’il fasse plus de dépenses publiques que de réformes ». Des mesures pour aider les petites et moyennes entreprises seront annoncées, mais « on n’attend pas des miracles dans ce budget qui sera inodore et incolore ».
5 Les incertitudes ont la peau dure
Concernant les incertitudes économiques locales, croyez-vous que le prochain Budget aura des mesures susceptibles de les... Dans leur très grande majorité, les analystes n’anticipent pas des mesures budgétaires susceptibles de réduire les incertitudes économiques locales. Celles-ci resteront, ou du moins seront atténuées. Des « dégâts irréparables » ont déjà été commis au secteur offshore et, par ricochet, à l’économie. Ce n’est pas le ministre des Finances en tant que tel qui peut changer la donne, mais les actions concrètes et les mesures qui seront réellement mises en oeuvre. Quel que soit le ministre en exercice, il manque des compétences à la tête des ministères pour arriver à des résultats probants. Pour un spécialiste, « il faut faire ce qu’on dit, un point c’est tout ». Car « an economy can only grow and be efficient when people do what they are best at under optimal conditions ».
6 Petite marge de manoeuvre
Quelle est la marge de manoeuvre du grand argentier dans le prochain Budget pour relancer l’économie ? Pour 83 % des sondés, le ministre des Finances n’a pas une grande marge de manoeuvre pour relancer l’économie. Ce n’est pas une question de disposer ou non des ressources financières énormes, mais de faire des choix. La relance exige des « bold policy decisions even if this means to be at loggerheads with the unions in the civil service and parastatal bodies ». Mais rien de révolutionnaire ne sortira du prochain budget. Il y a « too much pressure for social spending » qui se fait au détriment du budget de développement, puisque « the tax regime is stretched ». Au cas où le don de Rs 12,7 milliards de l’Inde serait comptabilisé comme revenu dans le budget, les dépenses relatives aux projets financés par ce don ne devraient pas être hors-budget.
7 L’offshore mauricien devra se réinventer
Avec le protocole d’amendement du traité fiscal avec l’Inde, pensez-vous que Maurice...
A eu un mauvais deal: 33% A eu un bon deal: 10% Aurait dû avoir un meilleur deal: 57%
Deux tiers des analystes estiment que le gouvernement mauricien n’a pas obtenu un mauvais deal avec l’Inde sur la révision du traité de non double imposition. Selon un analyste, « a good deal is a deal where every party has left something on the table », et non que « the winner takes all ». D’autant que « geopolitics is not about just taking and not giving ». Reste que pour 57 % des répondants, Maurice aurait dû chercher un meilleur deal avec la Grande Péninsule. D’autres parlent toutefois de « capitulation » et de « défaite ». Confrontés à des « lower cost jurisdictions », les opérateurs offshore sont maintenant condamnés à « diversify away from India ».
8 Pas de baisse du taux directeur
Quelle orientation du Repo Rate prévoyez-vous à la prochaine réunion du comité de politique monétaire ? Le comité de politique monétaire se réunira le mercredi 22 juin. Certains se demandent si les changements du taux repo ont encore un sens, car « the monetary transmission mechanism is not working efficiently ». Pour cette seule raison, sept analystes sur dix sont d’avis que le taux directeur restera inchangé. D’ailleurs, la baisse effectuée en novembre dernier n’a toujours pas donné l’effet escompté sur l’économie. Si personne n’envisage une hausse, 30 % des sondés affirment que « as inflation has fallen significantly, there is room to lower the interest rate », soit « a drop of 15 to 25 basis points » qui constitue « a small decrease to sustain the efforts of the Ministry of Finance ». [row custom_class=""][/row]
Enquête réalisée par PluriConseil du 30 au 31 mai 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 30 analystes économiques et financiers..
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !