La contestation étudiante ne faiblit pas au Bangladesh où un appel à une journée morte a été très suivi jeudi dans la capitale Dacca avant de nouvelles manifestations et des affrontements dans le pays, qui ont fait au moins neuf morts en trois jours.
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Les étudiants exigent l'abolition des quotas réservant 30% des emplois dans la fonction publique aux enfants de ceux qui ont lutté pour l'indépendance en 1971, un système qu'ils estiment dévoyé au profit des sympathisants du pouvoir.
Le mouvement de manifestations, entamé le 1er juillet par un blocage des principaux axes routiers et ferroviaires, a dégénéré en heurts meurtriers entre les étudiants d'un côté, les forces de l'ordre ou les partisans du pouvoir de l'autre.
Mercredi, au lendemain d'une nouvelle journée de manifestation ayant fait six morts, la Première ministre Sheikh Hasina s'est engagée à rendre justice aux personnes tuées depuis le début du mouvement mais cela n'a pas entamé la détermination des étudiants.
La principale association d'étudiants a jugé ses paroles non sincères et exhorté ses membres à poursuivre l'action.
Le gouvernement a de son côté une nouvelle fois ordonné la coupure de l'internet mobile, pour empêcher les étudiants de s'organiser notamment via Facebook.
- Touchés aux yeux -
Des affrontements ont éclaté dans plusieurs villes tout au long de la journée de jeudi, la police anti-émeute s'attaquant aux manifestants qui ont bloqué des routes et des autoroutes.
Elle a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les étudiants.
A Uttara, un quartier aisé au nord de Dacca, deux étudiants sont morts dans des affrontements.
"Ils ont été ramenés des affrontements", a déclaré à l'AFP Merina Parvin, infirmière à l'hôpital Uttara Adhunik Medical College, où plus d'une centaine d'étudiants est venue se faire soigner.
Elle n'était pas en mesure de dire si les deux décédés ont été victimes de la répression policière ou de contre-manifestants.
La police a également annoncé jeudi la mort le veille d'une manifestant, un jeune homme 18 ans "touché par des balles en caoutchouc" tirées par la police, a indiqué à l'AFP l'inspecteur de police Bacchu Mia. Il est décédé avant d'être admis à l'hôpital.
La police a aussi blessé des dizaines d'étudiants en tirant des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes sur une foule de plus d'un millier de personnes rassemblées dans la plus grande université privée du Bangladesh à Dacca.
"Au centre médical de l'université de Brac, au moins 25 étudiants ont été soignés pour des blessures causées par des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes", a affirmé à l'AFP un responsable de l'université, sous couvert d'anonymat.
"Plusieurs étudiants ont été touchés aux yeux par des balles en caoutchouc", selon lui.
Les étudiants avaient également invité la population à fermer les commerces et à rester chez elle et jeudi matin, à Dacca, presque aucun véhicule n'a circulé dans les rues.
La Première ministre est au pouvoir depuis 2009 dans ce pays de 170 millions d'habitants. Mercredi elle avait affirmé, dans une allocution télévisée au lendemain de la journée la plus violente depuis le début des manifestations, que les responsables des "meurtres" seraient punis quelle que soit leur affiliation politique.
Asif Mahmud, l'un des coordinateurs des manifestations a affirmé à l'AFP, que les propos de Mme Hasina n'étaient pas à la hauteur des "meurtres et du chaos perpétrés par les militants de son parti".
La Première ministre n'a pas désigné les responsables des six décès de mardi. Mais les descriptions fournies plus tôt par les autorités hospitalières et les étudiants à l'AFP suggèrent qu'au moins certaines des victimes sont mortes lorsque la police a tiré avec des armes non létales pour réprimer les manifestations.
Les étudiants exigent un système de recrutement dans la fonction publique basé sur le mérite. Une revendication sur fond de crise de l'emploi particulièrement aiguë pour les millions de diplômés universitaires.
Amnesty International et le département d'Etat américain ont condamné les violences et appelé le gouvernement de Mme Hasina à ne pas réprimer ces manifestations pacifiques.
© Agence France-Presse
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