Président de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry et directeur de Quality Beverages Ltd, Azim Currimjee fait valoir que notre économie est dynamique. Il estime que le Budget de Pravind Jugnauth, qui sera présenté le 8 juin prochain, sera déterminant.
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Qu’est-ce qui explique le regain de confiance dans le monde des affaires, selon l’indice de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI) ?
L’indice de confiance a progressé de 4,5 % au premier trimestre de 2017 et s’établit désormais à 101,9 points. Cette amélioration de l’indice intervient après un quatrième trimestre favorable. Cette hausse s’explique, d’une part, par une amélioration des évaluations des entrepreneurs sur la conjoncture économique entre janvier et mars 2017 et, d’autre part, des évaluations positives sur les perspectives.
Les possibilités d’expansion et de diversification sur de nouveaux marchés ont été déterminantes dans la hausse de l’indice. Vous savez, le contexte actuel peut être porteur d’opportunités, car il pousse les entrepreneurs à sortir du cadre traditionnel, à faire évoluer leur vision et, par conséquent, à considérer autrement leurs entreprises, leurs secteurs d’activités et les marchés sur lesquels ils interviennent.
Quelles sont les condi-tions nécessaires pour maintenir cette confiance tout au long de 2017 ?
Le Budget 2017-2018 sera l’élément déterminant pour maintenir ce dynamisme.
Comment le Budget 2017-18, que présentera le Premier ministre et ministre des Finances en juin, peut-il maintenir cette dynamique ?
Nous sommes dans une situation où la croissance est positive et, parfois, il est difficile dans une telle situation de revoir notre modèle économique. Or, l’économie est dynamique et nous devons revoir les fondamentaux de notre structure économique pour un rebond significatif.
« Nous proposons une aide directe et dégressive d’un maximum de Rs 2 000 par mois à chaque individu touchant des revenus inférieurs à Rs 25 000 »
Le budget de l’année dernière a été la première étape dans la refonte de notre structure économique. Cela nous a permis d’enclencher une hausse de la croissance économique par rapport à 2015. Cette année, nous devons nous appuyer sur ces résultats positifs pour la mise en œuvre de réformes indispensables.
La MCCI est partisane d’une réforme fiscale. Pourquoi ?
Notre pays est dans une situation où la croissance économique et le potentiel de production sont faibles. De l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) au Fonds monétaire international (FMI), en passant par le Groupe des vingt (G20) ou la Banque centrale européenne (BCE), le diagnostic est le même, à savoir qu’il faut recourir davantage aux dépenses publiques et non seulement aux assouplissements monétaires pour relancer l’économie.
Dans la conjoncture actuelle, perspectives et potentiels affaiblis, il est urgent d’adopter des mesures renforçant la croissance à court terme, tout en rehaussant la production potentielle. Nous proposons une approche en trois volets : la poursuite d’une politique monétaire expansionniste, des mesures de relance budgétaire et des réformes structurelles. Cette approche vise, d’un côté, à dynamiser la demande pour hausser la croissance à court terme et, de l’autre, à améliorer l’offre pour raffermir le potentiel.
En ce qui concerne la demande, il reste essentiel de mener une politique monétaire accommodante, lorsque les écarts de production sont négatifs et que l’inflation est trop basse. De plus, la politique monétaire doit être complétée par un soutien budgétaire à court terme plus vigoureux, quand l’espace budgétaire est disponible, afin de donner un coup de fouet à la croissance à court terme.
Pour ce qui est de l’offre, nous proposons la mise en œuvre d’un programme de réformes structurelles crédibles et adapté aux besoins de notre pays, en particulier s’agissant de l’efficacité publique, du ease and cost of doing business et aussi de problèmes démographiques, qui vont avoir un impact sur notre croissance future.
Le Premier ministre et ministre des Finances dispose-t-il d’une bonne marge de manœuvre ?
Je pense qu’il a les capacités et l’expérience pour en créer.
La MCCI est en faveur d’une « negative Income Tax ». Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Une étude récente de l’OCDE démontre que l’inégalité a un effet direct statistiquement significatif sur la performance économique d’un pays. En effet, cette institution indique de manière empirique qu’une hausse du coefficient de Gini de 0,03 point (c’est-à-dire, une hausse des inégalités) se traduit par une baisse de 0,35 point du Produit intérieur brut (PIB).
Le concept d’un impôt négatif sur le revenu, élaboré par le prix Nobel Milton Friedmanen en 1968, est un moyen pour réduire ces inégalités. C’est une aide directe versée par l’État de façon dégressive aux personnes dont le revenu personnel est inférieur à un certain seuil. Pour cet économiste, cela implique, d’une part, qu’en-dessous d’un certain seuil, l’État vous donne de l’argent. D’autre part, il vous en prend à travers l’impôt sur le revenu, quand vous avez des revenus au-dessus d’un certain seuil.
Au vu de la distribution des revenus à Maurice, nous proposons une aide directe et dégressive d’un maximum de Rs 2 000 par mois à chaque individu touchant des revenus inférieurs à Rs 25 000. Cette mesure pourrait apporter 0,3 points de PIB supplémentaire, selon nos estimations.
Dans votre discours lors de l’AGM de la MCCI, vous avez parlé du risque d’une baisse de la démographie. Comment inverser cette tendance ?
La manière dont ont été définis les seuils d’exemption de l’impôt sur le revenu comporte certaines lacunes, car on ne prend pas en compte la notion d’échelle d’équivalence. En effet, pour comparer le niveau de vie des ménages de compositions différentes, le statisticien a recours à une échelle d’équivalence, de façon à obtenir un revenu par équivalent-adulte.
L’échelle d’équivalence précise le lien entre la consommation d’un ménage et le nombre d’adultes et d’enfants qui le composent, pour un niveau de vie « fixé ». Elle appréhende les économies d’échelle que réalise un ménage de plusieurs personnes, principalement grâce au partage des biens à usage collectif. Les experts préconisent l’utilisation d’une échelle où le premier adulte compte pour une unité de consommation, chaque adulte supplémentaire pour 0,5 unité de consommation et chaque enfant pour 0,3 unité de consommation.
À Maurice, pour les seuils d’exemption de l’impôt sur le revenu, le premier dépendant compte pour 0,39 unité de consommation, le deuxième pour 0,21 unité, le troisième pour 0,14 unité et les autres dépendants pour 0 unité de consommation.
Cette définition a eu un impact sur notre taux de fécondité. Notre politique malthusienne active de contrôle de la natalité a tellement bien réussie que le taux de fécondité est passé de 2,8 dans les années 80 à 1,36 en 2016.
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