La semaine a été riche en évènements dans l’industrie du voyage, n’engageant pas moins de trois compagnies d’aviation. AirAsia X, dont l’arrivée a été annoncée en grande pompe, suspend ses vols de et vers Plaisance. Un journal singapourien fait mention de lobby politique. Le point.
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Des revenus de Rs 3,6 milliards pour Maurice. Des arrivées atteignant les 50,000 lors de la haute saison touristique 2016/2017. Possibilité de vol quotidien entre Kuala Lumpur et Plaisance. Voilà, en trois petites phrases, l’estimation de la compagnie régionale malaisienne pour le marché mauricien. Des données communiquées par son Chief Executive Officer, Benyamin Ismail, quatre mois avant le premier vol du 4 octobre 2016.
Cependant, un courriel d’AirAsia X Berhad, en date du lundi 13 février 2017, a l’effet d’une bombe. La compagnie annonce la suspension de ses trois vols hebdomadaires entre Kuala Lumpur et Plaisance dans un délai de 40 jours. Le dernier vol vers Maurice est fixé au 24 mars et la dernière desserte vers Kuala Lumpur pour le lendemain.
« Nous avons été pris de court. En janvier, AirAsia X a mené une campagne promotionnelle pour vendre des places sur l’Australie. Depuis que la compagnie dessert Maurice, les agences de voyage, dans l’ensemble, ont vendu un nombre croissant de billets vers la Malaisie aux Mauriciens », affirme Varsha Ramchurn, présidente de la Mauritius Association of IATA Travel Agents et General Manager de Silver Wings Travels. « Le prix offert a été inférieur aux tarifs pratiqués jusqu’ici. Avec la suspension des vols, les Mauriciens qui ont effectué des réservations après le 25 mars doivent maintenant se faire rembourser ou avancer leurs plans de voyage. »
Qu’est-ce qui motive ce retrait ? Le communiqué d’AirAsia X fait état de restructuration dans ses plans de vols afin d’améliorer l’efficience dans l’utilisation de ses avions. Mention est faite des principaux marchés de la compagnie d’aviation, tels que l’Australie, la Chine, le Taiwan, le Japon et la Corée, qui méritent une meilleure desserte. Dans le communiqué, Arik De, Head of Commercial pour AirAsia X, remercie le gouvernement mauricien, les services aéroportuaires et les organisations touristiques pour leur soutien.
Est-ce la seule raison ? Un journal singapourien, citant des sources anonymes, avance que ce retrait est à l’opposé de ce qu’on dit à haute voix. Des groupes auraient fait des représentations auprès du gouvernement mauricien afin de mettre fin, dans les plus brefs délais, aux vols d’AirAsia X. Ces vols, selon ce journal, ont représenté une entrée réussie sur le marché mauricien, d’autant plus que la compagnie était la seule à offrir des vols directs entre Kuala Lumpur et Maurice. Dans les milieux proches de l’aviation, on explique que la compagnie malaisienne, avec une politique de prix nettement favorable, fait de l’ombre à Air Mauritius, générant une incidence sur les revenus. Ce qu’a confirmé Xavier-Luc Duval dans sa conférence de presse de vendredi.
Fort potentiel
Dans un entretien accordé au Défi Plus, en novembre 2016, le président du conseil d’administration d’Air Mauritius, Arjoon Suddhoo, s’est exprimé sur la question : « Une école de pensée est que cette compagnie aérienne fait de la concurrence à Air Mauritius alors que l’autre façon de voir les choses, c’est de considérer Air Asia comme une valeur ajoutée pour la destination mauricienne. Il fallait attendre et voir comment on pouvait s’ajuster. »
Dans le milieu de l’aviation, on se pose des questions sur la viabilité des vols à prix cassés sur une longue distance. « C’est un modèle dont la réussite reste à être prouvée, commente un observateur de l’aviation mauricienne. Afin que les vols soient rentables, il faudrait que le taux de remplissage, à l’aller comme au retour, soit supérieur à 80 voire 90 %. »
Sur un plan plus global, rappelons-le, l’Asie est un marché ayant un fort potentiel de croissance pour le tourisme mauricien. En 2016, le nombre de visiteurs venant de cette région du monde était de 208,233 avec l’Inde et la Chine comme étant les principales sources. La hausse, par rapport à la précédente année, a été de 5,3%. Depuis le premier vol d’AirAsia X, le 4 octobre dernier, les arrivées de la Malaisie ont pris l’ascenseur pour terminer l’année 2016 avec une progression de 81%.
Certes, la suspension des vols de la compagnie malaisienne aura une incidence sur les arrivées. Dans une déclaration à Radio Plus, Georges Chung, Senior Economic Adviser au Bureau du Premier ministre, estime que cette décision est un coup dur. AirAsia, dit-il, a transporté en moyenne 2,000 passagers asiatiques chaque mois vers la destination mauricienne. Cela affecterait le couloir aérien Asie-Maurice-Afrique mais en même temps, selon le conseiller, c’est une opportunité pour Air Mauritius de développer le créneau Singapour-Kuala Lumpur-Asie.
Ce sera chose faite dans un proche avenir. Air Mauritius compte combler ce vide en augmentant ses vols sur la route Plaisance- Kuala Lumpur – Changi (Singapour) – Kuala Lumpur – Plaisance. Le nombre de vols hebdomadaires passerait à quatre, voire cinq. D’après Arjoon Suddhoo, ce sera une occasion pour Air Mauritius de renforcer son couloir aérien dans cette région.
Rs 1,1 milliard de profits sur neuf mois pour Air Mauritius
La compagnie nationale d’aviation a plus que triplé ses profits pour les trois premiers trimestres de son année financière 2016/2017. Ils sont passés à quelque Rs 1,1 milliard (28,7 millions d’euros) contre environ Rs 277 millions (7,1 millions d’euros), a affirmé Air Mauritius en début de semaine. Elle attribue cette performance à une baisse du prix du carburant de même qu’une meilleure gestion des coûts à tous les niveaux au cours de cette période.
Le chiffre d’affaires de la compagnie a connu une croissance de 2 % et se situe à Rs 14,7 milliards. Les coûts opérationnels ont chuté à Rs 13,3 milliards. Selon le rapport financier, Air Mauritius a transporté 1,2 million de passagers, soit un nombre record. Le coefficient de remplissage moyen a été de 80,8% contre 78,9%.
« La concurrence est extrêmement féroce, cruelle même. Les défis sont nombreux : prix du carburant, taux de change volatils et des marchés en mutation constante. Il est évident que les résultats records annoncés - même si le dernier trimestre s’annonce très difficile - permettent à la compagnie de consolider ses bases et de poursuivre son plan de développement, commente le conseil d’administration. Le travail entamé par le conseil d’administration, en symbiose avec le Management et l’ensemble des équipes, dans le cadre des nouvelles structures de gouvernance aura permis de redresser la barre malgré les nombreux défis. Le redressement des comptes, surtout par une gestion rigoureuse des coûts, était un préalable pour se projeter dans le futur.»
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