Pour le directeur du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire (MAA), Eric Mangar, on est encore loin de l’autosuffisance en viande. Notre invité plaide pour un développement intégré qui allie aussi la production de légumes et l’élevage afin de réduire notre dépendance de l’extérieur.
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Les prix de la viande de mouton et d’agneau ont connu récemment une hausse de 30 %. Vos commentaires.
Dépendant à plus de 90 % de l’importation, les Mauriciens vont toujours souffrir de la fluctuation des prix sur le marché international. C’est triste de constater que le mouton et l’agneau sont de plus en plus inaccessibles aux plus démunis.
Cette viande qui se vendait à Rs 15 le demi-kilo, il y a une vingtaine d’années, coûte aujourd’hui Rs 140 alors que le boneless d’Australie est à Rs 170. Il en est de même pour d’autres viandes comme le bœuf. Privées de viande, les personnes au bas de l’échelle souffrent d’une carence en protéines. Cela a une incidence sur leur santé mentale et physique.
Pouvons-nous aspirer à devenir autosuffisant en viande?
Nous avons beaucoup de contraintes. D’abord, le prix de la nourriture animale est assez élevé et nous n’avons pas suffisamment de terres pour l’élevage à grande échelle et pour la production de fourrage. Il y a aussi le fait que l’urbanisation prend de plus en plus d’espace. On n’a pas le droit d’élever des animaux dans des endroits résidentiels. Il y a une trentaine d’années, des familles élevaient dans l’arrière-cour poules, cabris, vaches et lapins. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il en est de même pour la production agricole.
On sacrifie nos terres au profit des IRS et autres projets immobiliers. Je ne suis pas contre le développement mais je suis pour un développement intégré qui allie développement immobilier, production de légumes, élevage et autres secteurs productifs, tout en protégeant l’environnement.
On est donc encore loin de l’autosuffisance.
Je dirais même très loin. Depuis que l’importation de la viande a été libéralisée en 1996, l’Agricultural Marketing Board a mis fin au Meat Marketing Scheme. La station de Palmar où on produisait des génisses pour l’ élevage, a cessé ses activités. Même sort pour la Richelieu Feed Factory qui produisait de la nourriture animale et dont les prix de vente aux éleveurs étaient subventionnés par le gouvernement. Aujourd’hui, les éleveurs achètent plus cher la nourriture animale auprès des compagnies privées.
On n’entend plus parler du Milk & Meat Advisory Board. À un certain moment, les Sud-Africains étaient même disposés à nous aider à créer quatre unités de pasteurisation pour les petits et moyens producteurs laitiers.
Que s’est-il passé ?
Ce projet remonte à 2008. Cela fait suite à ma rencontre avec le président de la Milk Producers Association de l’Afrique du sud. C’était à l’époque où l’Agricultural Marketing Board avait cessé de collecter le lait produit par les petits éleveurs
Avec des représentants des petits éleveurs, on avait effectué une visite en Afrique du sud et avons, par la suite, soumis un rapport au gouvernement. Les Sud-Africains étaient même disposés à nous aider à améliorer notre production laitière. À Maurice nous sommes satisfaits si une vache arrive à produire quinze litres de lait par jour. En Afrique du sud, une vache peut en produire une cinquantaine. On n’entend plus parler de ce projet.
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