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Auto-école illégale : arnaque et menace pour la sécurité routière

Pour la plupart des jeunes de 18 ans, d’obtenir son permis de conduire est une étape importante de sa vie. Malheureusement, beaucoup parmi eux ne sont pas assez informés sur les auto-écoles. Ils ignorent comment identifier un centre de formation qui enseigne la conduite réglementaire. Hélas, beaucoup se font arnaquer.

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À Maurice, il y a un minimum de 300 auto-écoles qui opèrent au noir et la plupart des personnes qui ont recours à leur service sont victimes d’escroquerie. En 2016, Christabelle a été victime d’une arnaque d’un faux moniteur d’auto-école. « Je lui ai fait confiance car il m’avait dit que son permis n’avait pas été encore renouvelé. » À la veille de l’examen de Christabelle, celle-ci avait reçu un appel du moniteur pour l’informer qu’il ne pourrait l’emmener à son examen parce qu’il était pris à la dernière minute et qu’il allait la référer à un autre moniteur d’auto-école qui lui détient un permis en règle. Prise au dépourvu, Christabelle a dû accepter et a, finalement, pris part à son examen de conduite, mais a échoué.

Même son de cloche du côté de Rishika. Cette habitante de Triolet s’est fait berner presque de la même manière. Elle apprenait avec un moniteur d’auto-école qui lui donnait ses leçons de conduite uniquement sur les routes de Triolet et pas à Port-Louis. Une semaine avant son examen, pour avoir plus de pratique, pendant quelques jours après 17 h 30, le moniteur l’emmenait à Port-Louis. « Mais à deux jours du test, il m’a appelée pour me dire qu’il ne pourrait m’emmener à mon examen et que je serais avec son neveu. »

Malheureusement, au jour de l’examen, le neveu du moniteur ne s’est jamais pointé. Les excuses se multiplient et Rishika semble comprendre l’arnaque. « J’ai appris qu’il y a beaucoup d’escrocs, mais maintenant je suis plus vigilante et je prends désormais mes leçons de conduite avec un moniteur d’auto-école en règle. » Ces arnaqueurs ne profitent non seulement la naïveté de leurs proies, mais aussi de leur ignorance, tout comme David qui ne savait même pas que les auto-écoles devaient détenir un permis.

David avait fait la connaissance d’un moniteur d’auto-école avec qui ses amis apprenaient également. Pour sa première leçon, le faux moniteur lui avait réclamé Rs 1 000 comme paiement d’inscription.

« Tout cela était nouveau pour moi, je croyais que c’était normal et je ne me suis même pas demandé pourquoi je devais payer une inscription. » Après plusieurs semaines de leçons, David semblait être prêt pour affronter son examen, mais arrivé au jour J, le moniteur d’auto-école n’est pas venu. Déçu d’apprendre qu’il s’est fait duper par un arnaqueur, David a dû renvoyer son test.

Ces personnes sont souvent découragées et ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir justice. Le caporal Bernard Mootoosamy est clair, toute injustice et maldonne doivent être dénoncées à la police. Pour sa part, les policiers sont au courant de la situation et font leur travail. « Les moniteurs qui fonctionnent illégalement sont rusés. Ils font de leurs élèves des complices pour qu’ils mentent en disant qu’ils ne paient aucun frais de leçon, le moniteur étant un membre de leur famille », fait remarquer Bernard Mootoosamy.

Toutefois, si tel n’est pas le cas, le moniteur sera sanctionné pour teaching driving without instructor’s license et aura une amende à payer, dépendant du jugement de la cour. Si le moniteur se fait arrêter une deuxième fois pour le même délit, c’est le juge qui décidera de la sanction.

« Je conseille aux personnes qui veulent apprendre à conduire d’aller vers les auto-écoles qualifiées. Outre leur expertise, les apprenants pourront bénéficier de leur expérience et être courtois au volant », conclut le caporal Bernard Mootoosamy.

Comment identifier une auto-école légale ?

1. La couleur de la plaque d’immatriculation est orange.
2. Le moniteur doit avoir une licence de Driving Instructor. Il doit impérativement avoir la carte avec lui dans sa voiture.

Un moniteur, Ali (prénom fictif) : «Il faut plus de contrôles»

« En tant que moniteur certifié, nous avons un permis. Nous travaillons en toute honnêteté pour nourrir notre famille pendant que les auto-écoles travaillant au noir opèrent illégalement et librement au nez et à la barbe des autorités. Je fais un appel aux autorités pour faire des contrôles de routine, afin de vérifier toutes les voitures d’auto-écoles », dit d’emblée Ali.

Conformément aux règlements, Ali souligne que celui ou celle qui détient un permis de Driving Instructor pour sa voiture d’auto-école doit être le seul à enseigner à bord de son véhicule, le permis n’étant pas transférable. « Comme ma voiture d’auto-école est reconnue et enregistrée à la Traffic Branch, je suppose que toutes les autres voitures le sont
également. »

Il  y aurait certains policiers également qui opèrent au noir pour enseigner aux élèves à conduire, selon Ali,. « Les policiers déposent leur cap à l’arrière de leurs voitures dans le but de se faire remarquer par d’autres policiers pour qu’ils ne les arrêtent pas et pour passer incognito, ils enfilent un blouson au-dessus de leur uniforme. »

Passer le permis est devenu une affaire de gros sous. Ali raconte le calvaire d’un de ses élèves qui a déboursé plus de Rs 11 000 avec une auto-école qui opère illégalement.

« De nos jours, c’est tellement facile de se laisser berner par des soi-disant instructeurs d’auto-écoles, il suffit de mettre deux plaques L devant et derrière une voiture et le tour est joué. »

Pour ne pas être démasqués ou soupçonnés, les instructeurs illégaux réclament presque les mêmes tarifs que les autres ou même plus : Rs 1 000 pour l’inscription et Rs 300 par leçon. Au jour de l’examen, ils ont tous la même excuse, ils sont occupés et ne pourront pas venir pour ensuite référer les apprenants à un autre moniteur qui a un permis.

« C’est triste de constater que parmi les instructeurs certifiés, certains sont de mèche avec eux. Ils ne font pas de leçons, mais les marrons le font à leur place car ils se contentent uniquement de l’argent de l’examen. Et on s’étonne du nombre d’accidents sur nos routes », soutien Ali.

Govinden Venkatasami : «Ils sont plus de 300 à travailler au noir»

Pour le président de la Driving Instructors Federation, le métier de moniteur d’auto-école n’est pas à temps partiel.

« Nos moniteurs sont inscrits aux Casernes centrales. Ils paient tous une licence fee pour cela. Il y a des règles qu’ils doivent respecter pour que le travail soit fait convenablement dans le respect des règles. Tandis que les auto-écoles qui travaillent au noir n’ont aucune règle à respecter. Ils n’ont pas une bonne formation et cela est très dangereux », précise Govinden Venkatasami.

Il convient de noter que les personnes qui prennent des leçons avec les auto-écoles opérant illégalement ne pourront participer à l’examen pratique avec leurs voitures car elles ne sont pas enregistrées. « C’est chagrinant de voir toutes ces personnes qui se font arnaquer à cause d’un manque d’information. Les élèves sont traumatisés et découragés. Notre devoir, à la fédération, c’est d’informer la population pour pouvoir faire la différence entre une auto-école enregistrée et une auto-école marron », souligne le président de la Driving Instructors Federation (DIF).

Il y a environ 130 auto-écoles enregistrées et entre 300 à 400 qui fonctionnent au noir, selon les chiffres de Govinden Venkatasami. « Nous invitons aux autorités concernées à prendre des sanctions parce que la sécurité routière n’est pas une plaisanterie. La situation est très alarmante car beaucoup d’auto-écoles qui opèrent dans l’illégalité n’ont pas une bonne formation et ne sont pas aptes à enseigner. C’est pour cette raison aussi qu’il y a beaucoup de victimes sur nos routes. Il faut que cela cesse. »

Et d’ajouter :  « Pour ne pas se faire arnaquer, il faut demander au moniteur de montrer sa licence de Driving Instructor sur laquelle on retrouvera sa photo, son nom complet et le numéro du permis. Il faut savoir également que le tarif d’une leçon d’une durée de 30 minutes varie entre Rs 225 et Rs 250. »


Avoir son permis de conduire

1. Faites une demande en ligne sur le site www.govmu.org

2. Cherchez les E-Services et ensuite le lien pour « Application For a Learner’s License »

3. Remplissez le formulaire, vous recevrez un code dont vous devez remettre au Casernes centrales, à Port-Louis

4. Vous aurez un permis de conduire provisoire (Learner) si vous avez réussi votre examen oral

5. Avant l’examen pratique, consultez un moniteur d’auto-école agréé pour vous préparer

6. Dépendant de votre capacité d’apprentissage, normalement un minimum de 30 heures de leçon suffit pour que vous puissiez prendre part à l’examen pratique

7. Quand vous vous sentez prêt, vous pouvez fixer la date de votre examen pratique à la Traffic Branch, contre un montant de Rs 500 pour les frais d’inscription


Les étapes pour devenir un moniteur d’auto-école

1. Détenir un permis de conduire d’une durée de 5 ans

2. Suivre une formation de moniteur d’auto-école

3. Passer les examens de la formation

4. Faire une demande auprès des Casernes centrales

5. Faire un Advance Test

6. Et si vous êtes jugé compétent, les autorités vous remettront un permis pour opérer en toute légalité comme moniteur d’auto-école

 

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