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Au nom de la représentation nationale

Le souhait exprimé par le Premier ministre d’amender la Rodrigues Regional Assembly Act 2001, lors de sa visite à Rodrigues le 9 juillet dernier, relance le débat sur la réforme électorale. S’il est vrai que le concept de représentativité constitue un élément clé dans toute démocratie digne de ce nom, c’est, en revanche, le facteur de stabilité qui est le garant du progrès et du développement. Cependant, il ne faut pas se leurrer : il n’existe aucun système électoral au monde qui reflète les vœux de l’électorat de manière absolue. Mais cela n’a jamais constitué un handicap au bon fonctionnement de la démocratie. D’ailleurs, même le dispositif de First past the post, aussi imparfait soit-il, n’a pas été remis en cause lors d’un référendum en Grande-Bretagne en mai 2011. Le citoyen lambda, manifestement, est bien plus préoccupé par son pouvoir d’achat, son emploi et sa sécurité qu’autre chose. S’il est vrai que la proportionnelle (PR) constitue un outil convenable pour essayer de corriger les aberrations du scrutin direct, la prudence doit toutefois être de mise lorsqu’il s’agit de son application car elle pourrait bouleverser de manière significative les résultats démocratiques sortis des urnes. Ainsi, dans le cas de Rodrigues, avec un nombre restreint de députés (12 selon le FPTP), l’on a vu comment, lors des élections de février 2012, une majorité confortable de 4 sièges en faveur de l’OPR avait été réduite à un seul après l’attribution des sièges à la proportionnelle. L’on se demande comment les rédacteurs du RRA Act n’ont pu appréhender l’élément superflu que représente la proportionnelle dans ce cas. À Maurice, les projets de réforme électorale présentés par différents partis politiques proposent l’injection d’une dose de PR (environ 20  députés, selon le cas) au système actuel. Cela, alors que le taux de représentativité – nombre d’habitants par député – est parmi les plus faibles au monde. Certes, la démocratie n’a pas de prix. Mais selon de nombreux observateurs, le problème de représentativité doit être résolu uniquement à l’intérieur du dispositif actuel… et là aussi, à condition que les députés nommés à partir d’une Party List ne viennent bouleverser de manière significative les résultats des urnes. Cependant, la récente prise de position de SAJ sur la proportionnelle à Rodrigues – système qu’il a d’ailleurs déjà qualifié de « komeraz » – risque de changer la donne sur la réforme électorale.  S’il est vrai que le Best Loser est un système déjà  révolu, l’on ne peut cependant jeter le bébé avec l’eau de bain. Car il est impératif de faire le distinguo entre communalisme et représentation nationale. L’on a vu, ailleurs, les conséquences désastreuses que peut parfois susciter le non respect de certaines susceptibilités sociales au plus haut niveau de la gouvernance d’un pays. Même dans les démocraties avancées, le principe de la représentation nationale est toujours tenu en ligne de compte lors de la composition d’un gouvernement. Chez nous, la représentation de la diversité sociale au niveau de la députation peut être maintenue par le biais d’une Party List au cas où l’on décide de se passer du BLS. Dans le cadre de la consolidation de la démocratie, notre pays est confronté à des problématiques bien plus pressantes. Il y a d’abord le financement des partis politiques – une des sources majeures de la corruption à Maurice –, un code de conduite à l’intention des partis et candidats, la consolidation des pouvoirs de l’ESC, mais aussi le redécoupage des circonscriptions préconisé par la section 39(3) de la Constitution. Certes, un comité interministériel, sous la présidence de Xavier-Luc Duval, a été mis sur pied pour étudier la question, mais force est de reconnaître que c’est un manque flagrant de volonté politique d’attraper le taureau par les cornes qui a conduit à cette situation de stagnation ambiante. Même le verdict fort éclairé du  juge Seetulsingh en septembre 2000 sur le BLS n’a, semble-t-il,  jamais été pris au sérieux. Cela, alors que de 2000 à 2005, le gouvernement MSM-MMM disposait de la majorité requise pour apporter les amendements constitutionnels nécessaires. Si le dossier de financement des partis politiques a déjà été examiné par le comité et envoyé au SLO – les discussions butent actuellement sur la représentativité féminine pour briguer les élections générales –, il convient toutefois de faire ressortir que les propositions avancées par rapport au mode de financement du privé et de l’étranger risquent de pervertir significativement notre démocratie au profit de la loi du plus fort. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"21740","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-36501","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"494","alt":"Caricature"}}]]
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