Live News

Au Mauritius Oceanography Institute : enquête de l’ICAC sur l’octroi de plusieurs contrats

Le Mauritius Oceanography Institute (MOI) se retrouve au centre d’une controverse. En toile de fond, des cas allégués de fraude et de gaspillage de fonds publics dans l’octroi de plusieurs contrats. L’Independent Commission Against Corruption (ICAC) a ouvert une enquête.

Publicité

C’est par le biais d’une correspondance longue de 10 pages que des dénonciations ont été faites à l’ICAC à l’encontre du MOI, un département tombant sous l’égide du ministère de la Pêche, de l’Économie bleue et des Ressources marines. Une lettre dans laquelle le personnel du Mauritius  Oceanography Institute met en avant des cas allégués de fraudes et dilapidation des fonds publics. De plus, la prétendue complicité entre un haut cadre du MOI et des supérieurs hiérarchiques est pointée du doigt.

Cas 1

Parmi les cas dénoncés, l’un concerne une formation dans le cadre d’un programme de culture de corail (Coral Culture Training Programme – CCTP) destinée à 65 personnes, en majorité des pêcheurs. La formation est en deux volets. Un volet porte sur une formation de plongée (« Basic training in snokeling including communication skills / signs under water ») et un volet sur des gestes de secours (« Training in First Aid / EFR – Emergency First Response: PADI recognised »). 

À l’issue d’un exercice d’une demande de devis lancée le 12 mai 2022 à quatre sociétés, le MOI s’est retrouvé en présence de trois offres de Rs 500 250, Rs 650 000 et Rs 715 000 respectivement. Au final, c’est le « lowest and substantially responsive bidder », soit la compagnie dont l’offre était de Rs 500 250 qui a été choisie.

Dans un premier temps, les dénonciateurs s’interrogent sur le montant de cette offre alors que le coût estimé du MOI pour ce projet était de Rs 510 000. « Kuma (…) koner ki estimate cost li Rs 510 000 ek li bid pu Rs 500 250 », se demandent-ils.  

Ensuite, les auteurs de la lettre allèguent que la décision d’allouer le contrat à cette société spécialisée dans la plongée sous-marine n’aurait pas obtenu l’autorisation du conseil d’administration, comme le voudrait la procédure. « The MOI has already a board decision where all amount exceeding Rs 500 000 should pass through the finance and tender committee then board for approval of contract. But this contract has never been to board while award was given directly to the company », peut-on lire dans le courrier.

Parmi les autres irrégularités alléguées, il y a le fait que trois employés du MOI auraient également bénéficié de cette formation destinée aux pêcheurs aux frais de l’organisme prétendument sans autorisation. Le manque de détails sur le « Purchase Order » émis par le MOI, ainsi que l’absence d’un contrat dûment signé par le MOI est décrié. La formation « Emergency First Response : PADI » (NDLR: Professional Association of Diving Instructors) serait inadaptée aux pêcheurs, à en croire les auteurs. Et enfin, les dénonciateurs allèguent que la formation n’aurait pas été faite « as per the specifications in the bidding documents (no field work neither a proper certificate recognised by the PADI) ».


Cas 2

Le projet de rénovation d’un conteneur est aussi vivement décrié. Ce conteneur  aménagé en laboratoire mobile aurait déjà connu un « lifting » au coût de plus de Rs 200 000 dans le passé. Or, voilà que la direction s’apprête maintenant à dépenser presque Rs 300 000 pour le remettre à neuf une fois encore. « Le conteneur, utilisé une seule fois dans le passé pendant quelques jours seulement, est aujourd’hui laissé à l’abandon dans l’enceinte du MOI à Albion. En fait, il fait office de vestiaire pour le personnel qui s’occupe de l’entretien du site », confie une source proche du dossier.


Cas 3

Outre le conteneur, le MOI aurait aussi acquis des équipements scientifiques qui ont coûté plusieurs centaines de milliers de roupies, voire des millions de roupies. Ces équipements seraient aussi sous-utilisés ou pas utilisés et laissés à l’abandon dans l’enceinte du MOI, selon les dénonciateurs. Ils font remarquer que ces équipements doivent, néanmoins, être maintenus, comportant ainsi des frais additionnels.  

Les dénonciateurs avancent que dans certains cas, des équipements ont été achetés à des prix exorbitants, alors que d’autres auraient pu être utilisés pour le même travail et être acquis pour moins cher. « L’utilisation de certains équipements n’est pas correctement enregistrée, alors que d’autres sont carrément introuvables », soulignent-ils.


Cas 4

Le développement d’une application mobile au coût d’environ Rs 900 000 par le MOI est aussi souligné dans la lettre de dénonciation. Cette application mobile, qui serait déjà disponible pour téléchargement, a été conçue pour faciliter la navigation des pêcheurs vers des zones de pêche. « We only came to know that the mobile app is useless as no data has been worked upon to allow fishermen to navigate to fisheries zones », écrivent-ils. 


Cas 5

Les dénonciateurs demandent aux enquêteurs de l’ICAC de faire la lumière sur un contrat alloué à un ex-employé du MOI, quelque temps à peine après qu’il ait soumis sa démission. « He was awarded a contract by (…) to construct several coral nurseries (metal works) », précisent-ils. 


Cas 6

Des paiements jugés « excédentaires » d’environ Rs 200 000 à deux employés du MOI sont aussi dénoncés. Selon les explications, des responsabilités additionnelles avaient été confiées à ces deux employés pour une durée ne dépassant pas six mois et une allocation mensuelle leur avait été offerte. « Au final, ces deux employés ont perçu cette allocation pendant environ deux ans, avant qu’un terme ne soit mis à ces paiements », indique-t-on.

Des explications du MOI attendues 

Un courriel a été adressé à la direction du Mauritius Oceanography Institute il y a deux semaines. Les commentaires du directeur sur les dénonciations faites ont été sollicités, en vain. Pour sa part Nadeem Nazurally, président du conseil d’administration du MOI, a fait la déclaration suivante : « J’ai effectivement pris connaissance de certains de ces cas. Que le public se rassure qu’aucun gaspillage de fonds publics, s’il y en a eu, ne sera toléré ». Au ministère de tutelle, on précise que cette affaire a été évoquée lors d’une réunion du conseil d’administration et que des explications du MOI sont attendues.

Bilans financiers et rapports annuels

Les dénonciateurs s’interrogent aussi sur la non-publication des bilans financiers du Mauritius Oceanography Institute depuis plusieurs années. Selon leurs dires, le dernier bilan financier remonterait à plus de quatre ans. « Why no financial statement has been filed up to now ? » s’interrogent-ils. 

Le Défi Plus a consulté le site web du MOI. Le dernier rapport annuel du MOI, publication dans laquelle les bilans financiers sont normalement publiés, remonte à 2015. Et contrairement à la grande majorité des corps para-étatiques qui rendent accessibles leurs rapports annuels au grand public sur leur site, le MOI, lui, demande de faire une demande par courriel pour l’obtention du rapport. « You are kindly requested to contact our Public Relations Officer (…) at (…) for a soft copy of the Annual Reports », peut-on lire. 

 

  • defimoteur

     

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !