Au Cœur de l’Info : petits partis politiques, pour une place au soleil

L’émission Au Cœur de l’Info était consacrée à la place des petits partis politiques sur la scène politique locale. Ruth Rajaysur et Patrick Hilbert ont donné, entre autres, la parole aux membres des petits partis. Pour l’élection partielle à la circonscription no. 7 (Piton/Riv.-du-Rempart), les petits partis y sont inscrits pour se battre contre les grands blocs.

100 % Citoyen : plus proche des gens 

José Moirt de 100 % Citoyen explique que le poids de son parti à l’élection partielle de Piton/Rivière-du-Rempart dépendra des électeurs. Il affirme que, selon ses prises de contact sur le terrain, les gens ont une bonne opinion des petits partis. Il ne manque pas de rappeler qu’en 2010, 40 % des électeurs n’ont pas voté les grands partis et  45 % en 2014. « Il y a une carte à jouer, car 40 % des électeurs en 2010 n’ont voté ni pour les rouges ni pour les orange… ». Concernant l’alliance, José Moirt parle de « faire de la politique comme il doit se faire ». Il précise que la priorité de 100 % Citoyen c’est l’intérêt des citoyens et du pays et aussi de favoriser ceux au bas de l’échelle. 

Qu’en est-il du financement ? Ce n’est pas un souci pour 100 % Citoyen, souligne José Moirt. Ce dernier ajoute que le parti n’a pas besoin de financement pour aller parler aux gens. « Pour ne pas dépendre de l’argent, on fait avec ce qu’on a… Depuis octobre 2018, cette pratique marche très bien… les petits partis peuvent créer une proximité plus solide avec les citoyens », explique José Moirt. 

Le parti alignera des candidats dans les 21 circonscriptions pour les prochaines législatives. Son leader se dit convaincu que 100 % Citoyen changera bien les choses. 

En Force Maurice : les idées contre l’argent 

En Force Maurice, avec à sa tête Yuvan Beejadhur, est un autre parti qui se lance dans l’arène politique. Ayant pris naissance en 2017, le parti a participé à l’élection partielle à Belle-Rose/Quatre-Bornes. Le but du parti est de s’attaquer aux problèmes de la société, surtout ceux touchant les plus démunis. En Force Maurice a aligné une femme à Piton/Rivière-du-Rempart. 

Pour Yuvan Beejadhur, il faut revoir la façon de faire la politique. « Nous travaillons de façon professionnelle sur des solutions politiques et économiques. » Il explique que le but d’aligner un candidat, qu’il y ait une partielle ou pas, c’est de faire circuler les idées du parti. 

Nouveau programme et persévérance : les maîtres-mots 

Jean Claude de l’Estrac est sceptique quant à la tenue de cette partielle. « Je ne pense pas que ce sera glorieux pour un parti de prendre part à une élection qui n’aura pas lieu. »

 Il affirme que les petits partis doivent commencer quelque part et grandir petit à petit. Ce dernier ne manque pas de souligner que les nouveaux partis viennent, mais personne propose de nouveaux programmes. « La politique est un marathon pas un sprint, élections ou pas, les partis doivent être là. Ce que nous voyons ce sont les partis qui surgissent à la veille des élections et disparaissent le lendemain des résultats. C’est normal qu’ils ne gagneront pas du premier coup. Ils doivent persévérer. » 

Il revient sur le Renouveau Militant Mauricien (RMM) qui n’a pas duré. « Si cela avait été le cas, il aurait été un parti important », fait-il ressortir. L’observateur fustige le leader du Parti Malin : « La politique est-ce une plateforme pour les clowns ? », s’interroge-t-il. Pour qu’un nouveau parti ou leader émerge, il faut qu’il y ait un concours de circonstances. Jean Claude de l’Estrac affirme qu’il y a des potentiels dans la politique et que la presse doit donner la possibilité aux jeunes de s’exprimer et s’épanouir. « Et non pas de perdre de temps avec des clowneries. »

Les partis traditionnels et les patronymes

L’observateur enchaîne que la qualité des candidats aura un effet avec les débats parlementaires télévisés. « Les gens ont eu honte de leurs députés et feront plus attention sur le choix des députés. » Il fait ressortir que les prochaines élections verront la fin d’un cycle, car plusieurs leaders seront à leurs dernières élections. Quid du regroupement des petits partis ? Ce n’est pas une question mathématique, affirme-t-il, mais plutôt un regroupement sur la base d’un programme. Concernant le financement des partis, il trouve regrettable que la loi sur le financement n’ait pas été adoptée. 

Bon signe pour la démocratie

Roukaya Kasenally, chercheuse en démocratie, souligne que les petits partis représentent une dimension de la politique. « C’est un signe que la démocratie fonctionne. » Elle souligne que c’est dans l’intérêt des citoyens de faire entendre leurs voix. Quant à la confiance faite aux partis traditionnels, Roukaya Kasenally affirme que le système électoral de Maurice fait que « winner take it all ».

 Les grands partis possèdent la logistique et les fonds. De plus, les électeurs mauriciens sont attachés et ils sont loyaux. 

L’observatrice explique que le système fait que ce sont les leaders qui portent leurs partis et dominent l’agenda de leurs partis. « En 2014, plus de 70 partis ont vu le jour pour les élections ensuite ils ont disparu. Les gens sont très actifs pendant la campagne, mais entre deux élections ils sont silencieux. » Roukaya Kasenally parle de la réclamation de nouveaux leaders dans le monde. Elle a ainsi pris l’exemple d’Emmanuel Macron qui a incarné ce changement. Toutefois, précise-t-elle, le président français ne parvient pas à changer le système. 

Revenant à Maurice, Roukaya Kasenally affirme que pour que de nouveaux leaders émergent, il faudra revoir le système démocratique des partis, souligne la chercheuse. « Il faut démocratiser le système d’élection des leaders au sein des partis…et il faut cesser avec les leaders autoproclamés. » Et d’ajouter que les gens votent les partis traditionnels, car ils veulent en tirer avantage contrairement à ce qui se faisait dans les années 1980 lorsque les gens favorisaient les idées. Concernant le regroupement des petits partis, Roukaya Kasenally explique que l’union fait la force, mais elle avoue qu’il y a souvent des guerres d’orgueil.