Au Cœur de l’Info : le fonctionnement des refuges à revoir

Comment fonctionnent les ‘shelters’ ? Comment des enfants y atterrissent ? Faut-il un plan d’urgence ? Quelles solutions apportées ? Tant de questions abordées par les invités de Jugdish Joypaul et de Shanmuga Allagapen au cours de l’émission « Au Cœur de l’Info » le samedi 17 février.

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Rita Venkatasamy, l’Ombudsperson for Children, est catégorique. Le fait que les refuges sont surpeuplés augmente les risques, comme la violence. Dans la foulée, elle avance que les carers ont besoin d’une meilleure formation, afin de pouvoir gérer ce genre de situation.

« Les travailleurs sociaux ont besoin d’une formation de base. Certes, on salue leur courage et leur capacité à gérer les enfants. Mais l’amour maternel ne suffit pas, il faut bien plus que cela », insiste l’Ombudsperson for Children. Elle ne manque pas de souligner que c’est un métier « difficile » et que « les carers sont mal rémunérés ».

Rita Venkatasamy précise que les personnes travaillant dans les shelters doivent avoir des connaissances en psychologie, en sus de maîtriser les techniques nécessaires à l’encadrement des enfants.

D’autre part, l’Ombudsperson for Children ne fait pas dans la dentelle en ce qui concerne le National Children’s Council (NCC). « Le NCC doit promouvoir les droits des enfants, car il a ratifié des conventions. À mon humble avis, il dévie de son objectif premier. »

Rita Venkatasamy met l’accent sur le fait que le NCC gère deux abris : La Colombe et Oasis. « En tant qu’Ombudperson for Children, je ne suis pas d’accord. Le NCC aurait dû faire autre chose et non pas gérer des shelters. » Et d’insister sur le fait que la gestion de ces abris est importante. Pour cela, il faut un regulatory body, qui serait le garant d’une bonne gestion. Par ailleurs, elle soutient que le monitoring aide à préserver les droits des enfants.

Dans un autre volet, l’Ombudsperson for Children dit ne pas être d’accord avec le fait de placer tous les enfants dans un abri. « Il faut un screening, outre des actions préventives. »

Rita Venkatasamy explique qu’il faut se pencher sur d’autres options. À titre d’exemple, l’adoption, pour laquelle il n’y a toujours pas de politique claire et nette, alors que de nombreuses familles souhaitent adopter des enfants en situation vulnérable.

5 000 à 6 000 cas rapportés chaque année

La Child Development Unit (CDU) enregistre pas moins de 5 000 à 6 000 cas par an. C’est ce qu’indique Karuna Chooramun, la responsable. Un grand nombre de ces enfants sont placés dans des places of safety.

Karuna Chooramun souligne qu’il n’y a pas assez d’organisations non gouvernementales (ONG) pour accueillir ces enfants, malgré une allocation de Rs 375 payée par jour par tête. « Il y a des ONG qui refusent de prendre en charge des enfants, surtout ceux à problèmes. »

Concernant l’institution d’un regulatory body pour mieux gérer les refuges, la responsable de la CDU affirme que la Residential Care Act de 2003, amendée en 2005, existe. « Il faut en revoir plusieurs aspects, notamment la prise en charge. À ce jour, il y a différents modi operandi. »

Karuna Chooramun précise également qu’il y a un système d’inspectorat, selon lequel des officiers font des visites dans les différents centres. D’autre part, elle déplore le manque de personnel. Ce qui, souvent, est la cause de violence dans les abris.

Une refonte totale du système est nécessaire. C’est aussi l’avis du psychologue Vijay Ramanjooloo. « Il ne faut pas oublier que les enfants viennent d’un système déstructuré et problématique. Souvent d’un milieu précaire, où il y a des problèmes de drogue, d’alcool, de violence domestique, de promiscuité ou d’abus sexuel. »

De ce fait, Vijay Ramanjooloo préconise une approche multidisciplinaire. « Il est important d’inventer d’autres formes de thérapie pour ces enfants et non pas se concentrer sur les séances avec les psychologues. Il faut impliquer d’autres professionnels. »

Un refuge thérapeutique

La ministre de l’Égalité des genres travaille sur un plan d’urgence pour les shelters. Roubina Jadoo-Jaunbocus se dit interpellée par le nombre d’enfants dans les refuges. Elle est aussi contre le dumping. Elle annonce l’ouverture d’un abri thérapeutique à Cap-Malheureux. Pour la ministre, il est important de réduire le nombre de pensionnaires dans les abris.

« Il y a une jolie cour et ce refuge, qui accueille quatre garçons, est situé près de la mer. Nous allons en faire un shelter thérapeutique », explique la ministre. Roubina Jadoo-Jaunbocus affirme qu’elle a constaté que ces enfants détruisent des choses pour exprimer leurs émotions et leur colère. D’où l’idée de construire quelque chose avec eux.

Et de poursuivre : « C’est leur donner un sens d’appartenance. Ils sauront que cet endroit est leur maison. » Après une rénovation des lieux, le ministère verra combien d’enfants pourront être recueillis au shelter de Cap-Malheureux.

 

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