La corruption est entrée dans les mœurs à Maurice. C’est le sentiment partagé par Kris Valaydon, analyste politique, et Dan Maraye, observateur politique et ancien Gouverneur de la Banque de Maurice. Cela au cours de l’émission Au Cœur de l’Info, animée par Patrick Hilbert et Ruth Rajaysur. Le directeur de Transparency Mauritius, Rajen Bablee a abondé dans le même sens lors d’une interview diffusée pendant l’émission.
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Des parents qui « tracent » pour changer d’adresse afin d’avoir la meilleure école pour leurs enfants. Les automobilistes qui donnent « enn dité » aux policiers qui servent des contraventions, entre autres. Le Mauricien est habitué à la corruption. On appelle ce genre de délits des ‘petty corruption’. Il y a également les cas de ‘grand corruption’ explique Rajen Bablee.
« Ce phénomène existe dans le monde entier et la lutte contre ce fléau est très difficile. Et nous ne gagnons pas », souligne le directeur de Transparency Mauritius, « car nous vivons dans un monde matérialiste. » Il faut, selon lui, que « chacun y mette du sien, il faut un effort coordonné avec l’aide des instituions et du gouvernement pour une stratégie claire. Cela passe automatiquement par la sensibilisation et l’éducation. » Rajen Bablee affirme même qu’il y a eu deux réunions de travail avec le ministère des Services financiers qui ont été de bon augure.
Pour Kris Valaydon, « le problème est bien plus profond. » L’analyste politique est d’avis que « ce phénomène commence à partir de nos dirigeants politiques et le financement des partis politiques. » Des chefs d’entreprises n’hésitent pas à donner des millions de roupies à un parti politique avant les élections, « met gros gayn gros » en espérant un retour, une fois ce parti politique au gouvernement. Ainsi, le pays tout entier est dans cette logique que le système mauricien opère.
« Les campagnes de sensibilisation, les banderoles contre la corruption sont des clichés, qui ne changeront rien à ce système de corruption », est-il d’avis.
Dan Maraye, observateur politique, va encore plus loin. « Là où le bât blesse, dit-il, c’est que ce sont toujours les ‘gros requins’ qui parviennent à se faufiler à travers les mailles du filet. « Ils peuvent se payer les meilleurs avocats et ont un encadrement culturel de la corruption, car ils connaissent souvent des politiciens. Il est ainsi plus difficile d’éliminer la corruption si les personnes impliquées sont dans des positions de pouvoir », explique l’ancien Gouverneur de la Banque centrale. Dan Maraye dénonce également le traitement de faveur aux « gro palto » dont les dettes sont rayées par des banques, tandis que les gens honnêtes qui ont contracté des prêts se retrouvent en difficulté. « Leurs maisons sont parfois saisies et vendues à la barre », note-t-il.
Nominations politiques : la corruption intellectuelle ?
Autre forme de corruption discutée par les deux invités est les nominations à des postes haut placés par des politiciens. Ils sont d’avis que tant que la personne est intègre, compétente et a une bonne vision de ses responsabilités, il n’y a aucun problème qu’elle soit nommée par des politiciens. Mais là où commence la corruption, c’ est quand il y a promesse aux ‘koler lafiss’ et activistes politiques en période électorale, même s’ils n’ont ni compétence ni intégrité.
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