Actualités

Atelier de travail sur la double pratique : les syndicats publics poussent les médecins à un walk-out

médecins Une bonne partie des médecins ont quitté l’atelier en signe de protestation.

Le premier atelier de travail – sur la double pratique des médecins spécialistes du public les autorisant à exercer également dans le privé – a failli tourner en eau de boudin. Cela en raison du walk-out d’un bon nombre de participants demandé par des dirigeants des syndicats du service public.

Publicité

Non contents que Finlay Salesse, journaliste, ait été sollicité pour agir en tant que modérateur du forum, Narendranath Gopee, Rashid Imrith et Radhakrishna Sadien, les dirigeants des trois principales plateformes syndicales du service public, ont exhorté les médecins à quitter la salle. C’est du reste ce que bon nombre d’entre eux ont fait en scandant « Gayan demisione ! ». Cela s’est passé, lundi, à la Cybertower 1, Ébène, lors du premier atelier de travail organisé par le ministère de la Santé. Le forum portait sur la double pratique des spécialistes du service public qui sont autorisés à exercer dans le privé également.

L’atelier s’est poursuivi malgré cet acte de protestation et à l’issue du forum, le ministre de la Santé Anil Gayan a annoncé qu’il va, dans un proche avenir, accorder ou pas le privilège aux médecins du service public d’exercer dans le privé. « Nous avons eu plusieurs propositions. Nous sommes dans une meilleure position pour venir avec une nouvelle politique pour continuer à accorder ou pas le privilège à la pratique privée », a dit le ministre. Et si ce privilège est accordé, il devrait être mieux réglementé pour que les patients en sortent gagnants, a ajouté Anil  Gayan.

Le ministre de la Santé soutient qu’il ne reculera devant rien pour en finir avec les abus dont il a pris connaissance. Des  sanctions seront prises à leur encontre, a-t-il laissé entendre. Pour Anil Gayan, cet atelier avait toute sa raison d’être et s’inscrit dans l’intérêt du pays. Cela le réconforte dans la décision qu’il va prendre, car, dit-il, la chance a été donnée à tout le monde de participer et de donner son point de vue.

« Personne ne pourra dire que cette décision a été imposée par le gouvernement.» Anil Gayan a aussi regretté que ceux qui sont directement impliqués dans la double pratique ont choisi de ne pas participer à l’atelier en faisant un walk-out. 

C’est à l’initiative de Narendranath Gopee (Federation of Civil Services and other Unions), Rashid Imrith (Federation des syndicats du secteur public) et Radhakrishna Sadien (State and Other Employees Union), que les médecins et spécialistes du service public ont quitté la salle. Cela après que Finlay Salesse a pris la parole. Ils ont ainsi exprimé leur désaccord que le journaliste agisse en tant que modérateur à ce forum. Mais à la demande du ministre et suivant ses propres convictions, Finlay Salesse a continué la séance en invitant le premier intervenant à prendre la parole. Les trois syndicalistes ont alors demandé aux médecins de quitter la salle.

Bouc-émissaire

Selon eux, Finlay Salesse est un « anti-fonctionnaire à la solde du ministre. » Ils dénoncent aussi la façon de faire du ministère. Mercredi, les médecins et les syndicalistes vont animer une conférence de presse pour faire le point sur la situation.

Réfutant leurs arguments, le modérateur dit « ne pas avoir été surpris par leur attitude », car ils avaient préalablement exprimé qu’ils ne voulaient pas d’un « tribunal populaire ». Selon lui, ils cherchaient un prétexte pour faire capoter l’atelier. « J’ai été un commode bouc-émissaire », a dit Finlay Salesse.

Les brebis galeuses doivent être sanctionnées

Intervenant lors du forum, le Dr Mohammed Ishaq Jowahir, de la Private Medical Practionners’ Association, soutient que la révision du système devra aussi permettre aux médecins du privé d’exercer dans le service de santé public. Il est d’avis que si le ministère veut prendre des mesures fermes, il doit le faire sans reculer. Cependant, le médecin se demande comment se fera la mise sur pied du mécanisme de contrôle.

Le Dr Dawood Oaris, président de l’Association des cliniques privées, a réagi aux critiques concernant une éventuelle complicité des opérateurs du privé en « tolérant » la présence de médecins du service public dans leur institutions alors qu’ils devraient être en service à l’hôpital. Il a fait comprendre qu’il est difficile d’avoir un contrôle sur leur présence et surtout de savoir s’ils sont en arrêt maladie ou pas. Il a affirmé que ceux qui ont fauté doivent être sanctionnés, mais a exhorté le ministre Anil Gayan à ne pas commettre la même erreur que celle commise par l’un de ses prédécesseurs, en l’occurrence Kishore Deerpalsingh, qui, en supprimant le privilège de la double pratique, a incité de nombreux médecins à quitter le service public.

Quant à Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), il a déploré le fait que les patients n’aient pas été au centre des discussions. Pour lui, l’approche pour la tenue de cet atelier n’était pas la bonne. Cela n’a pas donné lieu à des débats intéressants. Selon lui, tout ce qui a été dit les jours précédents a « empoisonné l’atmosphère ».

Dr Sunil Gunness, chirurgien cardiologue : « C’est bien que le ministère vienne de l’avant avec ces mesures »
« Il y a de la place pour tous les médecins à Maurice. Mais il faut respecter les règlements. Un médecin peut opérer dans le privé, mais pas durant ses heures de travail dans le public. Il y a des brebis galeuses et c’est bien que le ministère vienne de l’avant avec ces mesures. L’objectif, c’est de fournir des soins aux gens car nous sommes médecins 24h/24. »

Dr Bushan Ramtohul, de l’Association des consultants : « On me harcèle »
« Je suis une victime. Je suis un syndicaliste et je suis le président de l’Association des consultants. On m’empêche de travailler. C’est un péché d’être syndicaliste. On me harcèle et la police me surveille. »

Narendranath Gopee, président de la FCSOU : « Les médecins descendront dans la rue »
« S’il le faut les médecins descendront dans la rue. Anil Gayan détruit les hôpitaux publics. Il doit démissionner. Il s’est entouré de ces gens pour venir critiquer les médecins. Il y a une action en Cour, mais avant que le jugement ne soit rendu, le ministre vient prendre une décision. Aussi, il a pris comme modérateur Finlay Salesse, qui tape sur les fonctionnaires dans ses émissions. »

Rashid Imrith, président de la FSSP : « Je dénonce la façon de faire du ministère »
« Ils veulent faire de ce forum un tribunal populaire pour juger les médecins. Je dénonce la façon de faire du ministère de venir discuter des conditions de travail des médecins dans un forum, alors que nous avions demandé une rencontre au ministère. Le ministère veut en finir avec le service public ».

Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Union : « Le ministère a un agenda »

« Ce forum a eu lieu en dépit du fait qu’il y a une affaire devant la justice. Il est clair que le ministère a un agenda. La présence de certaines personnes le prouvent. »

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !