Le porte-parole de la General Workers Federation et du Joint Negotiating Panel revient sur le Workers’ Rights Bill et l’Employment Relations Bill proposés par le gouvernement. Ashok Subron ne mâche pas ses mots. Dans cet entretien, il s’en prend aussi à des syndicalistes.
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Quels sont les problèmes ?
Nous devons regarder la dynamique de ces deux lois. Nous voyons que les travailleurs se trouveront en position de faiblesse face au patronat en cas de négociations. Il y a une ribambelle de mesures et de façades. Du coup, beaucoup de mesures favorables aux employés ne concerneront pas la majorité des travailleurs du secteur privé.
Quand nous prenons le fleuron du Workers’ Rights Bill, le Portable Retirement Gratuity Fund (PRGF), nous voyons qu’il est voué à l’échec et sa mort lente est programmée. Selon les dispositions de la nouvelle loi, les employeurs pourront déroger à la règle en utilisant des fonds de pension privés. L’exclusion des employés qui ont contribué à des plans de pension privés leur sera ainsi préjudiciable. Le PRGF est antirévolutionnaire. Les calculs démontrent que les travailleurs perdront des milliers de roupies au moment de la retraite.
Quant au processus suivi pour l’introduction de ces deux projets de loi, il représente une insulte aux travailleurs. Nous ne comprenons pas comment certains syndicalistes ont demandé que ces Bills soient votés en catimini à l’Assemblée nationale avec un certificat d’urgence. Heureusement que nous avons analysé ces ébauches avec attention. Cela nous a permis de détecter plusieurs gros problèmes.
Le patronat est contre le « Redundancy Board ». Quel est votre position ?
La création du Redundancy Board, comme stipulé par cette loi, est comme un « séo percé ». Le gouvernement a mis en place un système qui apporte un soulagement aux employés quand ils sont licenciés pour des raisons économiques. Toutefois, l’ébauche de l’article 8 vient tout changer. Cette disposition dit que les employeurs pourront déroger à la règle en n’informant pas le Redundancy Board. Ces pouvoirs de dérogation se trouvent un peu partout dans ces projets de loi.
Des pouvoirs de dérogation ?
La nouvelle législation permettra à l’employeur d’éliminer les conditions de travail minimales de leurs employés. Les congés de maternité, la compensation salariale, l’âge minimal de travail, les allocations de repas, les allocations de transport… La liste est longue. L’employeur pourra, à travers trois outils, déroger à ces conditions. Nous voyons l’apparition d’une catégorie d’employés : les Atypical Workers. J’invite la population à aller chercher la définition de ce terme. Avec ces nouvelles lois, tous les travailleurs pourraient devenir des Atypical Workers, vulnérables au dictat des patrons.
Avez-vous éclaté un scandale ?
Oui. C’est un vrai scandale. Dans la loi actuelle, chaque employé contribue 1 % de son salaire à un compte qui lui est personnel dans le National Savings Fund. Ce compte est utilisé pour lui payer une allocation mensuelle en cas de licenciement. C’est ce qu’on appelle le Workfare Programme. À l’âge de la retraite, la balance accumulée (contribution et intérêts) lui est versée.
Sauf qu’avec la nouvelle loi, cette contribution ira dans un compte qui sera créé : le Workfare Programme Fund. C’est de ce fonds que seront puisées les Rs 50 000 de compensation en cas de licenciement économique. Ce sont les travailleurs, au final, qui paieront la compensation d’autres travailleurs.
Mais le scandale intervient après. Vu qu’il s’agit d’un compte commun, la balance restante sur le compte ne sera pas payée aux travailleurs. Selon nos calculs, dans le cas d’un employé touchant un salaire de Rs 15 000 à l’âge de la retraite, il aura contribué Rs 298 000 roupies à ce fonds. Le pays compte 450 000 travailleurs. Ces 40 prochaines années, ce chiffre représentera Rs 134 milliards. Où ira cet argent ?
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