Joe Biden encaissait mercredi un revers retentissant avec la défaite démocrate à l'élection du gouverneur de Virginie, un scrutin vu comme un test de sa popularité, au moment même où ses projets de réformes restent bloqués au Congrès.
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Après sa tournée européenne à Rome pour le G20 et à Glasgow pour la COP26, le locataire de la Maison Blanche est rentré à Washington dans la nuit pour faire face à un moment charnière de sa présidence.
Un an avant les élections cruciales de mi-mandat qui pourraient totalement rebattre les cartes du pouvoir, la défaite mardi en Virginie sonne comme un échec cinglant pour Joe Biden, qui avait fait campagne aux côtés du candidat démocrate Terry McAuliffe.
"Une rude soirée pour les démocrates", a résumé à l'AFP J. Miles Coleman, du Center for politics à l'université de Virginie.
"Même si cette élection n'était à l'échelle que d'un Etat, si Joe Biden est en difficulté avec les électeurs de Virginie -un Etat qu'il a gagné de 10 points l'an dernier- il est alors probablement en difficulté également dans des Etats comme la Géorgie, le Nevada et l'Arizona, qui sont bien plus disputés et où des élections sénatoriales auront lieu l'an prochain", a-t-il souligné.
Pour Peter Loge, professeur à l'université George Washington, si le résultat peut servir "d'avertissement" pour le président américain, il est cependant à minimiser.
"La Virginie n'était pas un référendum sur Biden", car historiquement, "le parti du président obtient moins de voix dans l'élection du gouverneur en Virginie", a-t-il tempéré.
"Les gens surinterprètent la Virginie", selon lui, en raison notamment de la proximité de cet Etat avec la capitale Washington.
- Base trumpiste -
Les républicains pourraient voir en la victoire de Glenn Youngkin une possible feuille de route stratégique pour 2022, et peut-être même la présidentielle de 2024: ce néophyte en politique a réussi à conserver la base électorale trumpiste tout en prenant suffisamment de distances avec l'ex-président pour reconquérir des voix dans les banlieues aisées.
Selon J. Miles Coleman, M. Youngkin s'est démarqué de Trump "en matière de style", mais a tout de même utilisé des sujets comme la controversée théorie critique de la race ou la fraude électorale comme "une sorte d'os à ronger pour les électeurs de Trump".
Autre signe inquiétant pour Joe Biden, le gouverneur démocrate sortant du New Jersey était au coude-à-coude mercredi avec son rival républicain. Phil Murphy était pourtant donné largement vainqueur dans les sondages précédant l'élection.
Le président américain, dont la cote d'impopularité atteint un plus bas quasiment historique à ce niveau de mandat dans l'histoire politique récente, doit désormais se replonger à Washington dans les affres du Congrès, puisque ses deux gigantesques plans d'investissements font l'objet d'interminables tractations dans son propre camp entre progressistes et modérés.
Joe Biden attend avec impatience un accord qui représenterait une victoire personnelle majeure, lui qui espère "reconstruire en mieux" l'Amérique avec son programme "Build Back Better" de réformes sociales et climatiques.
- Blocus -
Las, la facture globale de ce plan, déjà réduite de moitié, est contestée principalement par le sénateur modéré Joe Manchin, élu démocrate de l'Etat traditionnellement conservateur de Virginie-Occidentale, et qui possède virtuellement un droit de veto au Congrès au vu de la très fine majorité démocrate.
"Je ne peux pas rentrer chez moi et justifier (ces programmes de dépenses), je ne peux pas voter pour", avait-il affirmé lundi, faisant part de ses inquiétudes quant à l'impact de ces plans sur la dette publique américaine et l'inflation.
"Les querelles politiques doivent cesser", avait-t-il ajouté, référence au blocus imposé par les plus progressistes des élus démocrates au Congrès sur l'autre volet des plans voulus par Biden.
Se concentrant sur les infrastructures, un programme de 1.200 milliards de dollars est ainsi proposé pour rénover les routes, ponts et transports vétustes du pays, et est soutenu par les démocrates et certains républicains.
Approuvé par le Sénat en août, le projet est depuis bloqué à la Chambre des représentants par les démocrates progressistes qui réclament de voter en même temps le projet "Build Back Better". Ils craignent que les centristes ne refusent de soutenir ce projet très coûteux après avoir obtenu le chèque pour les infrastructures.
© Agence France-Presse
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