Economie

Approvisionnement en carburant : l’inquiétude gagne les opérateurs économiques

carburant Les stations-service disposent d’un stockage de carburant de trois à quatre jours.

Si le ministre du Commerce Ashit Gungah assure qu’il n’y aura pas de pénurie de carburant, les opérateurs de divers secteurs, notamment l’industrie du transport, la grande distribution ou encore les activités portuaires sont, quant à eux, loin d’être rassurés.

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Depuis que la nouvelle que 40 000 tonnes métriques de produits pétroliers que Maurice devait recevoir ont été bloquées, suite à une injonction obtenue par Betamax, est du domaine du public, Sunil Jeewoonarain, porte-parole de la Mauritius Bus Owners Association, se fait du souci. « C’est une situation très inquiétante. Pour un seul autobus, il faut compter 60 à 70 litres de diesel par jour. Or, notre association regroupe 800 autobus. Ce qui implique une consommation quotidienne de 48 000 à 56 000 litres », fait-il ressortir.

Une anxiété qui touche également les opérateurs d’autres industries. « Nous suivons la situation de près, car nous avons des dizaines de véhicules sur les routes, afin de livrer nos produits dans plus de 4 500 points de vente à travers l’île », indique un haut cadre chez Innodis, groupe qui évolue dans la grande distribution et le commerce. Afzal Delbar, secrétaire général de la Freeport Operators Association, souligne, pour sa part, que la communauté portuaire est aussi « très inquiète ». « Si le pays n’est pas approvisionné en produits pétroliers, le commerce, le secteur d’exportation, mais aussi tous les autres secteurs risquent d’être affectés. Souhaitons que nous n’en n’arrivions pas jusque-là », avance-t-il.

Implications

Il faut dire qu’en cas d’éventuelle pénurie, les implications seront nombreuses. « Le personnel ne pourra pas se déplacer. Dans une telle éventualité, il faudra fermer les supermarchés », fait ressortir Ignace Lam, PDG d’Intermart, qui se dit « préoccupé ». Sunil Jeewoonarain n’est pas en reste : « L’industrie du transport sera à genoux. Les autobus ne pourront pas opérer. Outre les problèmes que cela impliquera pour les passagers, notre ‘cash-flow’ risque d’être débalancé, surtout qu’en ce mois de décembre, nous avons des bonis et autres primes à payer aux employés ». Ce dernier assure que la priorité devrait être donnée aux opérateurs du transport public en cas de manque de produits pétroliers sur le marché. « Il faudrait fixer un quota quotidien et s’assurer que le diesel ne soit pas vendu au marché noir », souligne Sunil Jeewoonarain.

Il faut savoir que les autobus disposent d’un stockage de carburant de seulement deux à trois jours. Au niveau des stations-service, la durée du stock est de trois à quatre jours maximum par rapport à leur volume de vente. Pour Bhanoo Seegobin, membre de la Petrol Retailers’ Association, il est essentiel de ne pas « créer la panique » dans le pays. « Car tous les automobilistes vont vouloir s’approvisionner. Nous sommes confiants que les autorités mauriciennes trouveront une solution rapidement », avance-t-il. Un souhait que plusieurs opérateurs veulent voir se concrétiser au plus vite.

Eric Ng, économiste : «Une catastrophe pour l’économie s’il y a une pénurie»

« Si demain il y a une pénurie de carburant, ce sera une catastrophe pour l’économie du pays. L’activité économique sera définitivement chamboulée et plusieurs secteurs d’activités seront affectés », fait ressortir Eric Ng, directeur du Cabinet PluriConseil.

En cas de pénurie, surtout s’il dure sur plusieurs jours, la priorité devrait être donnée à l’industrie du transport, afin que les travailleurs et les étudiants puissent être véhiculés, recommande-t-il. « Il faudra venir alors avec une politique de rationnement », souligne notre interlocuteur. La solution serait-elle que la State Trading Corporation (STC) diversifie ses sources d’approvisionnement ? « En termes de coût et d’accord, ce n’est pas à notre avantage d’avoir plusieurs sources d’approvisionnement en même temps », estime Eric Ng.

Toutefois, poursuit-il, la STC doit se faire dorénavant un devoir d’anticiper les risques sur un horizon d’un à trois mois en cas de problème de livraison « d’autant plus que le pays est géographiquement éloigné ». « Il faut toujours avoir un plan B pour dépanner le pays en cas de problème de livraison », conclut notre interlocuteur.

 

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