Les Etats-Unis et la France ont appelé à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" entre le Hezbollah et Israël au Liban, où l'aviation israélienne a mené trois jours de bombardements massifs, attisant la crainte d'un embrasement du Proche-Orient.
Publicité
Depuis lundi, les frappes israéliennes ont fait plus de 600 morts au Liban, dont de nombreux civils, tandis que le mouvement libanais, soutenu par l'Iran, a multiplié les tirs de roquettes vers le nord d'Israël et visé pour la première fois avec un missile la grande ville de Tel-Aviv, dans le centre du pays.
Les bombardements ont jeté plus de 90.000 personnes sur les routes au Liban, selon l'ONU, fuyant vers Beyrouth ou la Syrie.
Mercredi, plus de 70 personnes ont été tuées et près de 400 blessées, selon les autorités libanaises.
L'agence de presse ANI a décrit "la nuit la plus violente de l'agression israélienne" dans la région de Baalbeck, dans l'est du Liban, l'un des bastions du Hezbollah visé par les bombardements de même que le sud du pays.
"Nous étions avec mes sœurs et des cousins, quand des avions ont frappé tout d'un coup", a raconté à l'hôpital de Baalbeck Zeinab al-Moussawi, une femme blessée la veille.
"Il y avait des restes humains, mes cousins, tout autour de nous, et la maison a été détruite", a-t-elle dit.
Mercredi, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible offensive terrestre, réveillant au Liban le souvenir de la dernière guerre contre le puissant mouvement en 2006.
"Nous attaquons toute la journée (...) pour préparer la zone à la possibilité de votre entrée (...) et continuer à frapper le Hezbollah", a-t-il déclaré à des soldats à la frontière avec le Liban, alors que l'armée a annoncé le rappel de deux brigades de réserve qui seront déployées dans le nord.
- "Une chance à la diplomatie" -
En guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le "centre de gravité" de ses opérations vers le nord du pays, le long de la frontière libanaise, pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés, dans cette région visée par des tirs de roquettes du Hezbollah depuis près d'un an.
Le Hezbollah, allié du Hamas, a de son côté promis de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza". L'Iran a assuré qu'il soutiendrait le Liban "par tous les moyens" en cas d'escalade.
"Nous devons tous nous alarmer de l'escalade", a averti mercredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.
Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.
La France et les Etats-Unis, rejoints par des pays arabes et européens, ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" pour "donner une chance à la diplomatie", en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.
"Il est temps de parvenir à un règlement à la frontière israélo-libanaise qui garantisse la sécurité et permette aux civils de rentrer dans leurs foyers", ont écrit les présidents français et américain, Emmanuel Macron et Joe Biden.
Cet appel est soutenu par l'Union européenne, l'Australie, le Canada, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar.
Un haut responsable américain a salué "une percée importante", espérant que cela permette de "stimuler" les discussions pour une trêve et une libération des otages dans la bande de Gaza.
- "La force" et "des ruses" -
Joe Biden, dont le pays est le principal allié d'Israël, a de nouveau averti du risque d'une "guerre généralisée" au Proche-Orient, même si le Pentagone a jugé qu'une offensive terrestre israélienne n'apparaissait pas "imminente".
L'armée israélienne a affirmé mercredi avoir frappé "plus de 2.000 cibles" du Hezbollah depuis lundi, dont "plusieurs centaines" mercredi.
Selon le gouvernement israélien, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d'un an.
Mercredi, le Hezbollah a affirmé avoir visé avec un missile Qader le quartier général du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens, près de Tel-Aviv. L'armée a annoncé l'avoir intercepté.
"J'ai vécu dans le nord pendant la majeure partie de ma vie, donc (...) je suis un peu habituée", mais que des tirs "atteignent le centre du pays est sans conteste plus effrayant", a confié à Tel-Aviv Noam Nadler, une étudiante de 27 ans.
Israël utilisera "la force" et "des ruses" contre le Hezbollah jusqu'au retour des habitants du nord d'Israël, a affirmé le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, avant de partir pour New York.
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 déclarées mortes par l'armée.
En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son offensive militaire à Gaza a fait jusqu'à présent 41.495 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.
© Agence France-Presse
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !