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Annulations de concerts L’événementiel en crise

Ces dernières semaines, plusieurs concerts ont été annulés à la dernière minute. La plus récente annulation concerne l’artiste international Dadju, qui était déjà arrivé à Maurice. Cette situation suscite des inquiétudes parmi des acteurs de l’industrie de l’événementiel, qui évoquent une « crise ». 

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Depuis l’incident survenu à La Citadelle, l’organisation de concerts prend un sale coup. D’ailleurs, plusieurs sont annulés à la dernière minute n’ayant pas obtenu le feu vert de la police. Dans le milieu, ils sont nombreux à affirmer que cela fait un moment maintenant que l’industrie est en « crise ». 

À travers son entreprise, Jorez Box, Stephan Rezannah contribue à la promotion des arts et de la culture. Il ne cache pas que la situation va de mal en pis. « La situation s’est aggravée aujourd’hui en raison de l’inaction du ministère des Arts et du patrimoine culturel. Après l’incident à La Citadelle, des organisateurs ont sollicité une rencontre avec le ministre. On avait formulé une série de propositions en vue d’une solution pour les organisateurs qui sont confrontés à des difficultés, notamment avec les nouvelles lois, dont la vente d’alcool qui est interdite et terminer le concert à minuit. »

Il déplore que deux mois se sont écoulés sans aucune réponse. « La crise affecte non seulement l’organisation d’événements, mais a également des répercussions au niveau international. Par exemple, l’annulation du concert de Dadju, qui est déjà à Maurice, peut créer une appréhension chez les promoteurs étrangers qui pourraient hésiter à venir à Maurice. Il y a des répercussions au niveau local aussi », met-il en exergue. 

Toute cette situation a un impact sur les organisateurs. « Certains ont fait faillite ou font face à de gros manques à gagner. Les concerts continuent d’être organisés, mais avec des heures limitées et l’interdiction de la vente d’alcool, les organisateurs ont du mal à atteindre le seuil de rentabilité malgré leurs investissements en temps et en argent », souligne Stephan Rezannah. 

Il met également en lumière l’aspect économique de la culture. Selon lui, les concerts génèrent de l’activité économique, et l’absence de soutien de l’État produit un blocus. « Le soutien du gouvernement est important pour contribuer non seulement à l’épanouissement culturel, mais aussi à l’économie générale en créant des opportunités d’affaires et en stimulant l’économie locale », estime-t-il. 

Ashfaq Allgoo, organisateur d’événements qui est à la tête d’Adrenaline Factory, partage également ses préoccupations concernant les défis liés à l’obtention de permis pour organiser des concerts. 
« Aujourd’hui, de nombreux organisateurs rencontrent des problèmes pour obtenir les autorisations nécessaires, ce qui affecte aussi la participation des artistes. »

Les démarches pour obtenir les permis prennent généralement trois à quatre semaines, nécessitant diverses autorisations, dit-il. « Cependant, malgré ces efforts, de nombreux événements sont annulés en raison d’objections de la police ou d’autres autorités. Les problèmes liés aux ‘clearances’ deviennent de plus en plus fréquents, ajoutant un niveau de complexité aux préparatifs d’événements. »

Ashfaq Allgoo soutient que le dernier concert a été annulé à la dernière minute. « De nombreux concerts sont annulés chaque semaine en raison d’objections de la police. L’industrie qui est en crise continue de se détériorer. »

Il ajoute que les organisateurs doivent faire face à des frais importants, dépensant des millions pour chaque concert. « La principale difficulté réside dans la disponibilité de lieux appropriés. Même lorsque des endroits sont trouvés, les concerts doivent se terminer à minuit, et la vente d’alcool est souvent interdite, ce qui impacte les revenus nécessaires pour couvrir les coûts des artistes et d’autres dépenses liées à l’événement », explique-t-il. 

Les nouvelles lois imposent également des obligations supplémentaires, telles que l’installation de caméras lors des événements, entraînant des coûts additionnels. « La police a un contrôle strict pendant toute la durée de l’événement, ce qui ajoute du stress aux organisateurs. » Toutefois, Ashfaq Allgoo précise qu’il a toujours collaboré avec les autorités et la police. « Cette collaboration est cruciale pour la survie de ce secteur », est-il d’avis. 

Un autre acteur du milieu, qui a souhaité parler sous le couvert de l’anonymat, indique que plusieurs nouveaux organisateurs entachent l’industrie. « Certains sont de vrais amateurs. Il faut vraiment qu’il y ait un due diligence des entreprises qui souhaitent entrer dans ce secteur », plaide-t-il. 

Combien coûte une annulation ?

Organiser un concert peut coûter des millions, qu’il s’agisse d’artistes locaux ou internationaux. « Un contrat est établi entre l’organisateur et l’artiste. Si le concert est annulé, la somme approuvée par les deux parties doit tout de même être versée à l’artiste. L’organisateur peut également essayer de caler le spectacle à une date ultérieure », expliquent certaines sources. 

Cependant, les choses se compliquent davantage lorsque cela concerne les artistes internationaux. Déjà, il faut les « book » en avance. « Si l’artiste, comme c’est le cas de Dadju, est déjà arrivé à Maurice, il y a les coûts pour les billets d’avion, car souvent ces artistes viennent avec leur troupe composée de sept, huit voire plus de personnes. Il faut ajouter à cela les frais d’hébergement, le transport et autres logistiques. Tout cela peut avoisiner les Rs 5 millions », ajoute-t-on. 

Si le concert est annulé, il faut quand même payer l’artiste. « Cela varie dépendant de la notoriété de l’artiste en question. Les cachets réclamés sont énormes. Il y a également d’autres frais comme pour le lieu pour la tenue du concert, entre autres », souligne-t-on. 

Les organisateurs comptent beaucoup sur les recettes de la billetterie pour couvrir les coûts. 

Avinash Teeluck : « Un travail est en cours »

Le ministre des Arts et du patrimoine culturel, Avinash Teeluck soutient qu’il y a eu une réunion avec certains organisateurs quelques mois de cela. Rencontre au cours de laquelle ces derniers ont exposé les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Il affirme que les parties prenantes travaillent de concert dans le but d’aborder ces difficultés et de trouver des solutions qui bénéficieront à l’ensemble de l’industrie des événements. « Malheureusement, quelques incidents sont survenus depuis la tenue de la réunion. Toutefois, je dois dire que le travail en cours devrait permettre de résoudre ces problèmes », rassure le ministre.

Une réunion des organisateurs prévue ce mardi

Des organisateurs ont décidé de se réunir. Il nous revient qu’une rencontre est prévue, ce mardi après-midi afin de décider de la marche à suivre. « L’annulation de concerts à la dernière minute devient récurrente. Du coup, on a décidé de se mobiliser pour faire entendre notre voix », précise-t-on. 

Anil Kumar Dip : « Pas de déclaration à ce stade »

Le Défi Quotidien a sollicité le commissaire de police. Toutefois, il n’a pas souhaité réagir. « Je ne ferai pas de déclaration à ce stade », a-t-il indiqué. 

KFC Maurice avait obtenu toutes les autorisations 

Dimanche devait se tenir un concert au Tribecca Mall. Toutefois, l’événement n’a pas eu lieu. Annabelle Fanchette, Head of Marketing and Communication de KFC Maurice, précise que « KFC a été dans l’obligation d’annuler la représentation des artistes The Prophecy et Blakkayo prévue le dimanche 3 décembre, pour la dernière journée de Kentucky Town, à la demande des autorités ». « Nous tenons à préciser que KFC s’est conformé aux conditions prévues pour la tenue d’événements de cette nature et a obtenu toutes les autorisations appropriées dans les délais requis », a-t-elle ajouté.
 

 

 

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