Il avait quitté la table des négociations parce qu’il contestait le quantum du salaire minimal, mais il a accueilli favorablement la Negative Income Tax. Toutefois, le syndicaliste Aniff Peerun met un bémol à cette taxe inversée.
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On se souvient de votre walk-out lors des négociations pour la mise en place du salaire minimal. Êtes-vous rentré dans les rangs depuis ?
J’ai quitté la table des négociations car je n’approuvais pas le one-man show du président du National Wage Consultative Council (NWCC). Sans avoir l’aval de l’ensemble de ceux participant aux discussions, il faisait des déclarations de presse à l’emporte-pièce, afin de conditionner l’opinion publique avec un quantum déjà arrêté par lui et parlait aussi de la capacité de payer de certaines entreprises. Il se faisait l’écho des récriminations du patronat.
Il faut reconnaître que certaines petites et moyennes entreprises (PME) ne pourront pas soutenir un tel fardeau financier…
Les PME qui ne sont pas structurées sont les plus concernées par l’incapacité de payer, mais la plupart peuvent le faire sans souci. Il ne faut pas crier au loup comme certains du secteur privé. Pour les micro-entreprises, je leur propose d’ouvrir leur actionnariat à leurs employés qui seraient alors partie prenante de la bonne marche de leur entreprise.
C’est un délit de retenir l’argent du NPF des employés et de ne pas le verser."
Entre-temps, les choses ont évolué …
Effectivement, et cela me donne raison. Car, au tout début, le salaire minimal devait être de Rs 7 500 en janvier 2018 pour passer à Rs 8 000 en 2019. Maintenant, je constate que le chiffre est de Rs 8 500 pour Rs 9 000 en 2018 et 2019 respectivement. Ce que le patronat ne comprend pas c’est que les employés sont endettés et se tournent vers des prêteurs sur gage, sont forcés d’avoir un double emploi au détriment de leur vie sociale. Ne me dites pas que Maurice n’a pas d’argent, si je prends en considération le classement de Mo Ibrahim.
Parlons de la Negative Income Taxe (NIT). Est-ce une bonne chose pour vous ?
Ce gouvernement avait promis d’introduire la NIT, mais elle a été faite sans planification et sans études appropriées. C’est une bonne initiative, mais le gouvernement subventionne les employés du secteur privé de nouveau, après les cleaners recrutés par Landscope Mauritius et ceux ayant plus de 60 ans qui seront compensés de Rs 190 000 comme prime, au lieu que ce soit leurs patrons qui en fassent les frais.
Avec les nombreux changements apportés pour ceux qui sont éligibles ou pas à la NIT, n’aurait-il pas été plus judicieux d’introduire le salaire minimal avant cette taxe négative ?
L’intention de la NIT est bonne. Toutefois, il y a des travailleurs qui ne sont pas enregistrés auprès du NPF, certains n’ont même pas une fiche de paie. Ou alors, les patrons ont retenu de leurs salaires le montant du NPF mais ne les ont jamais versés à ce fonds.
C’est un délit que le paiement de la NIT va mettre à nu…
C’est un délit de retenir l’argent du NPF des employés et de ne pas le verser. Je fais ici un appel au ministère du Travail pour qu’il enquête sur ces employeurs véreux et on aurait eu les vraies données de ceux qui sont éligibles à la NIT.
Dans le cas où les employés ne payaient pas leur NPF sur un nombre d’années, devraient-ils payer le montant total dû pour être éligible à la NIT ?
Je propose que le gouvernement demande que ces employés retardataires paient ce qu’ils doivent à compter de la prise de pouvoir de l’Alliance Lepep et qu’ils ne soient pas discriminés pour recevoir la NIT. On saura aussi qui sont ceux qui sont payés en-dessous de ce qui est préconisé par le National Remuneration Board (NRB).
Vous estimez que la NIT est une bonne mesure, pourquoi alors la décrier autant ?
Il faut un salaire décent et la NIT vient quelque peu apporter cet équilibre. Mais je maintiens que la NIT est une carotte politique pour calmer le jeu. La situation politique du gouvernement est critique et il lui fallait redorer son blason et tempérer la colère grandissante. La NIT a été proposée pour un gain purement politique.
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