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Amendements à l’IBA Act - Lindsay Rivière : «Une dérive de plus»

Selon le calendrier de l’Assemblée nationale, l’Independent Broadcasting Authority (Amendment) Bill sera voté ce vendredi 26 novembre 2021. Ce qui mettra une muselière aux radios privées et le gouvernement semble ne pas vouloir reculer ni revoir sa position. 

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Une fois voté ce vendredi 26 novembre, l’Independent Broadcasting Authority (Amendment) Bill, imposera un écosystème restrictif aux radios privées. 

Le projet de loi débattu ce vendredi prévoit des pénalités administratives, des sanctions, un raccourcissement de la période de validité du permis de radio, etc. 

Pourtant, en 2001, une commission avait été mise sur pied pour élargir l’espace démocratique à travers les radios privées. Lindsay Rivière, alors patron de presse, en faisait partie.  Aujourd’hui, c’est en sa qualité d’observateur qu’il exprime son point de vue sur les amendements proposés à l’IBA Act. Il les perçoit comme « un pas additionnel en arrière vers une autre démocratie chancelante ». Pour avoir participé à la libéralisation des ondes, il est d’avis que ces amendements représentent un pas de plus vers une certaine restriction des libertés civiques et professionnelles. 

En 2001, l’intention était d’élargir l’espace démocratique. Le gouvernement, dirigé par feu sir Anerood Jugnauth de 2000 à 2005, n’a pas tardé à libéraliser les ondes. 

Vingt ans après, l’espace se rapetisse. « Une dérive de plus », soutient Lindsay Rivière. Il prévient qu’il ne faut surtout pas dissocier les amendements à l’IBA Act, le Cybersecurity and Cybercrime Act 2021 et la suggestion de la mise sur pied d’un Press Council qui revient sur la table. « Cet ensemble va dans la même direction », estime l’observateur.  L’ancien patron de presse explique que les restrictions suivent l’intention de restreindre le champ démocratique. « Cela doit donc concerner l’ensemble des citoyens de ce pays », conclut Lindsay Rivière. 

Rabin Bhujun, ancien responsable de rédaction et journaliste, fait ressortir que cette loi ne pourra pas être bloquée par l’opposition. Le système législatif fait qu’une telle loi pourra passer à l’Assemblée nationale et être votée avec une majorité simple. Vu que le gouvernement détient la majorité, il faudra, selon lui, compter seulement sur « les parlementaires qui ont une conscience » du gouvernement. 

La critique pas tolérée

Rabin Bhujun explique que ces parlementaires ont été, de près ou de loin, en contact avec l’univers des médias. Il prend l’exemple des parlementaires qui ont été chargés de cours : Maneesh Gobin et Tania Diolle (qui seront absents étant malades), Subhasnee Luchmun Roy qui a été animatrice ou encore Avinash Teeluck (qui sera absent étant malade) qui a été l’animateur de la minute civique pendant un moment sur Radio Plus. Malheureusement trois d’entre eux seront absents de l’Assemblée nationale ce vendredi, ayant contracté la COVID-19.  En revanche, précise l’ancien responsable de rédaction, cette loi pourra être contestée devant la Cour suprême et même devant le Privy Council, en invoquant des atteintes aux libertés garanties par la Constitution. Pour le journaliste, même les décisions de l’IBA pourront être contestées à travers des appels faits devant la justice. En attendant un verdict de la cour, ces décisions seront suspendues. 

« Il y a une dérive autoritaire. Heureusement que la Cour Suprême est là comme recours… C’est un climat latent qui indique que le gouvernement dérive peu à peu et de manière certaine vers l’autoritarisme et ne tolère pas la critique », constate Rabin Bhujun. 

Si Shakeel Mohamed s’est largement appesanti sur le sujet sur les ondes de Radio Plus le mercredi 24 novembre, en s’interrogeant sur le timing de ce projet de loi, ses confrères de l’opposition, Khushal Lobine et Aadil Ameer Meea, s’expriment aujourd’hui à leur tour. « Cette loi est dangereuse car elle touche aux principes fondamentaux, de la liberté d’expression, ancrés dans la Constitution », affirme d’emblée Khushal Lobine. 

Pour lui, il apparente la manière de proposer ces amendements comme le fait de passer par la petite porte pour défier les clauses de la Constitution. « Je pense que la société civile critiquera cette loi de par sa portée antidémocratique… Il n’y a eu aucune consultation publique. Or, cela concerne les opinions des auditeurs qui commentent un sujet sur les ondes d’une radio », explique-t-il. 

Khushal Lobine met les parlementaires de la majorité face à leurs responsabilités. Il leur rappelle que cette loi vient jouer avec « bouse manze » de centaines d’employés des médias. « En Inde, le renouvellement d’une licence radio c’est minimum dix ans », dit-il.  Aadil Ameer Meea voit en ces amendements une menace pour la démocratie. Il déplore le fait qu’au lieu de la consolider, c’est le contraire qui se produit. « Des sections de la loi montrent qu’il y aura des abus. Le gouvernement veut contrôler les radios car ils ne peuvent encaisser les critiques faites sur la gestion catastrophique de la COVID-19. L’opposition fera bloc contre la loi », soutient le député.

 

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