La présidente de la République s’explique sur son rôle dans Planet Earth Institute, dont le fondateur et financier est l’Angolais Alvaro Sobrinho. Ameenah Gurib-Fakim annonce aussi son retrait total de cette institution.
La présidente Ameenah Gurib-Fakim ne fait plus partie de Planet Earth Institute (PEI), une ONG dont le financier est le controversé homme d’affaires angolais Alvaro Sobrinho. « Afin de préserver l’image de marque de la présidence, je me suis retirée de toutes les instances de Planet Earth Institute », annonce-t-elle dans une allocution diffusée à la télévision jeudi après-midi.
La chef de l’État a décidé de sortir de son mutisme et de s’adresser à la nation « à la suite des articles de presse et des commentaires qui ont mis, depuis quelque temps, en cause la présidence». Dans ce message de 5 minutes 30 secondes, Ameenah Gurib-Fakim explique que la PEI l’a approchée après une conférence en juillet 2015 pour « lancer une branche à Maurice, afin de soutenir le développement de la science sur le continent africain avec la participation du programme PASET de la Banque mondiale ».
Enter Sobrinho
L’antenne locale de PEI a ouvert ses portes en novembre 2015 et a offert 10 bourses d’études en mai 2016 pour que 10 jeunes Mauriciens puissent entamer un PhD, qui leur permettra de décrocher un doctorat. Finalement, sept bourses ont été offertes. « C’est vrai qu’il y a eu quelques obstacles », reconnaît Ameenah Gurib-Fakim. « Le Brexit et des émeutes en Afrique du Sud ont retardé la mise en application de ce programme. La PEI a dû se tourner vers des universités locales pour ne pas laisser tomber ces jeunes. »
La présidente fait aussi mention d’une autre initiative pour « encourager les enfants de 11 à 13 ans à rester dans les sciences à travers le programme STEP ». Plus que 600 enfants en ont bénéficié.
« Mon rôle et implication avec Planet Earth Institute s’arrêtent là. » Entre-temps, Alvaro Sobrinho décide d’investir à Maurice à travers d’autres compagnies. « Comme les autres investisseurs qui s’adressent au bureau de la présidence, ce dernier l’a canalisé vers les institutions concernées. Le rôle de la présidence s’arrête là, ma fonction comme chef d’État, étant de protéger notre juridiction et nos institutions. »
La présidente ne s’explique toutefois pas sur les 31 demandes faites par le secrétariat de la présidence pour qu’Alvaro Sobrinho puisse utiliser le VIP Lounge de l’aéroport de Maurice et agréées par le Bureau du Premier ministre, comme révélé par Pravind Jugnauth, au parlement, mardi de la semaine dernière.
« Dans tout ce que j’ai fait, j’ai seulement à cœur l’intérêt du pays. C’est avec beaucoup de fierté que je représente le pays à travers le monde et, tout récemment encore, à Harvard et au Massachusetts Institute of Technology. » Et de préciser qu’elle continuera à travailler en ce sens.
Pour la présidente, il est « très important que le pays soit visible car la compétition devient très dure. Une bonne image du pays aide les institutions à venir investir à Maurice ».
C’est dans cette optique que la présidente demande « à la presse et aux partis politiques d’être responsables dans leurs commentaires et de ne pas mettre en danger la crédibilité de nos institutions. Nous apprécions tous et comprenons l’importance de la liberté d’expression, des critiques constructives, mais il faut que liberté rime avec responsabilités et évitons des attaques personnelles qui frisent l’insulte ».
Si on souhaite encourager la femme en politique, il faut « les encadrer car une femme, c’est aussi une épouse, une fille, une maman et une sœur». Et de terminer en ajoutant que « ces dernières semaines ont été très dures pour ma famille. Je ne souhaite cela à personne ».
C’était la seconde fois qu’Ameenah Gurib-Fakim apparaît à la télévision pour commenter cette affaire. Le 1er mars dernier déjà, elle avait demandé « aux autorités de mener leur enquête ou de réenquêter sur les allégations qui portent atteinte à la présidente et à sa personne ».
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