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Alain Laridon : «L’élection d’Emmanuel Macron signe la fin d’un cycle»

Pour Alain Laridon, les Français ne faisaient plus confiance  aux partis traditionnels. Pour Alain Laridon, les Français ne faisaient plus confiance aux partis traditionnels.

L’élection d’Emmanuel Macron est-elle la promesse d’une refondation de la pratique politicienne en France ? Pour Alain Laridon, le constat se fera à travers les futures décisions du nouveau président français et sa capacité à surmonter les nouveaux défis dont l’insécurité et la création d’emplois.

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«Ce qu’il faut déjà retenir, explique Alain Laridon, observateur politique, c’est que l’élection d’Emmanuel Macron a fait obstacle à la formation d’un axe de droite dure, avec Donald Trump et Theresa May. Mais il ne faut pas se hâter de claironner. L’échec de Les Républicains et du Parti socialiste est, en revanche, accompagnée d’une avancée considérable de la gauche marxiste de Jean-Luc Mélenchon et de l’extrême-droite de Marine Le Pen, qui a recueilli plus de 10 millions de votes au 2e tour de l’élection présidentielle. Ces deux partis pèseront lors des législatives en juin. » Si Alain Laridon fait valoir que l’élection d’Emmanuel Macron est tout sauf un plébiscite et une adhésion totale des Français, il note, cependant, que le candidat d’En Marche arrive à un moment où les Français ne faisaient plus confiance aux partis traditionnels. « J’ai le sentiment que l’élection d’Emmanuel Macron signe la fin d’un cycle. Il a réussi à incarner la transition d’un nouveau cycle et cela démontre la grandeur du peuple français. »

Selon notre interlocuteur, à chaque étape de l’histoire de la France, des hommes et des femmes, leurs idées et leurs actions lui ont permis d’avancer en élargissant le champ démocratique et les libertés. « Les Français ont toujours été présents à ces grands rendez-vous de leur histoire, ils n’ont pas commis la même erreur des Américains, qui ont choisi de confier leur destin à Donald Trump. Depuis l’élection de ce dernier et chaque semaine, on est témoin de ses mauvais choix dont celui de mettre fin à l’Obamacare. Contrairement aux États-Unis, la France a eu des personnalités qui ont influé sur ses choix politiques, économiques et sociales. Il y a eu le General de Gaulle, Pierre Mendès-France, les événements de Mai 68, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Simone Veil, Louis Badinter et François Mitterrand. » 

Coup de pied dans la fourmilière

Ce coup de pied dans la fourmilière ne va pas sans soulever des interrogations, car en faisant appel à des personnalités sans attaches partisanes, le nouveau Président compose du même coup une formation hétérogène. « C’est vrai qu’il avait besoin de sang neuf pour refonder la pratique politique en France, mais il lui faudra apporter des réponses rapides aux attentes sur le plan social et sécuritaire, deux thématiques qui ont été au centre de la campagne de Marine Le Pen. D’autre part, il est évident que l’accord passé entre le Parti communiste et la France Insoumise exercera une pression supplémentaire sur l’ensemble des mesures sociales que Macron sera appelé à prendre. Il faudra savoir comment il compte réconcilier à la fois les attentes du syndicat des patrons et celui des travailleurs. Quelle sera sa posture face à une police française très à droite et la question sécuritaire ?»

Plus de près de nous, en Afrique et dans les départements d’outremer, les attentes sont aussi nombreuses quant à la réelle conviction d’Emmanuel Macron et de ses capacités à se passer des « réseaux de connivence – pour sortir des logiques de charité ou de clientélisme et bâtir une relation politique et économique véritablement partenariale » (Jeune Afrique) - qui agissent comme de véritables courroies de transmission entre les États africains francophones et la France. « Au moment où des puissances comme l’Inde et la Chine consolident leur enracinement en Afrique, on attend de voir comment compte-t-il faire de la politique autrement, dans un pays comme la Guyane ou même à La Réunion ? » se demande Alain Laridon.

Quel serait l’effet Macron à Maurice et sur notre classe politique ? « Pas grand-chose à part peut-être une curiosité, répond-il. Les réalités mauriciennes, avec son tissu ethnique, le poids des partis politiques classiques et leur pratique clientéliste, sont différentes de celles de la France. Là-bas, il existe une véritable culture politique alimentée par des débats sains et une volonté d’élargir l’espace démocratique. On l’a vu avec la possibilité qui a été donnée à tout le monde, du moment qu’il obtient 500 parrainages, de faire valoir ses idées. C’est comme ça que Philippe Poutou, un simple ouvrier et candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste, s’est fait remarquer par son franc-parler… sans langue de bois. »

 

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