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Ahnas Careem, 11 ans: il ne marche pas et arrive à se faire admettre au Royal de Port-Louis

Chaque rencontre apporte son lot d’émotions et relève au grand jour une histoire unique. Celle d’Ahnas Abdool Careem reflète le combat quotidien d’une famille modeste, mais aussi d’un petit garçon, qui a défié tous les obstacles que rencontrent les enfants handicapés pour s’inscrire parmi les élèves les plus brillants du pays. Il ne faut pas s’attarder sur son handicap. C’est là le désir d’Ahnas car, pour lui, son handicap est loin d’un être un. Et quand un enfant de 11 ans vous dit « c’est ma force », vous êtes obligés de vous arrêter un court instant et inspirer. Loin d’être timide, il pourrait facilement intimider tous ceux qu’ils rencontrent. Ahnas Abdool Careem fait parler de lui depuis que les résultats du Certificate Primary Education (CPE) ont été proclamés. Effectivement, son nom figure en première position sur la liste des garçons admis dans les collèges nationaux. Ayant décroché 24 unités, il a intégré le collège Royal de Port-Louis comme il l’a toujours rêvé. Dans son nouveau collège, tout a été fait pour faciliter son intégration. « J’adore mon collège. Tout le monde est très sympa avec moi. Les profs sont attentionnés mais je sais aussi qu’ils ne vont pas me faire de cadeau. Mes amis de classe m’aident à me déplacer et, pendant la récréation, on me laisse passer devant à la cantine. J’apprécie vraiment leur bienveillance à mon égard », nous confie l’élève.

Tumeur à la colonne vertébrale

Handicapé, Ahnas se déplace en fauteuil roulant. Des rampes ont été également ajoutées pour faciliter son déplacement. Sa mère explique qu’elle a obtenu le soutien des autorités et qu’un ‘carer’ a été mis à la disposition de son fils au collège, surtout pour les classes qui se trouvent à l’étage. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"8060","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-14188","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"350","height":"696","alt":"Ahnas Careem"}}]]« Il a un fauteuil motorisé qui lui a été offert par la fondation Global Rainbow. Malheureusement faute de transport, il est obligé de le laisser à l’école », nous explique la maman. À la maison, explique-t-elle, il se déplace à quatre pattes ou en rampant et ne peut faire grand-chose sans l’aide de ses parents. Pourtant, il ne souhaite qu’une chose : devenir plus autonome. Sa mère raconte qu’il a perdu l’usage de ses jambes après une délicate intervention chirurgicale : « Il avait six mois quand les médecins ont détecté une tumeur à la colonne vertébrale. Il a dû être opéré pour que la tumeur soit enlevée. Quand il a eu un an, j’ai remarqué que ses jambes ne bougeaient toujours pas. Nous avons fait le tour de l’île pour pouvoir trouver une solution en vain ». Ses parents ne baissent pas les bras et élèvent Ahnas avec beaucoup d’amour. « Quand vous avez un enfant handicapé, vous ne pouvez pas dire qu’il est comme les autres. Aux yeux du monde, il ne le sera jamais. Nous avons alors décidé de lui offrir la plus belle chose que l’on peut donner à ses enfants : une bonne éducation ». Sa mère se souvient des difficultés qu’elle a rencontrées pour l’inscrire dans une école maternelle : « Ils me disaient tous qu’ils ne pourraient pas prendre la responsabilité d’un enfant handicapé. » Elle ne baisse pas les bras et finit par trouver une école appropriée : « Je ne voulais pas qu’il intègre une école spécialisée car il avait toutes ses facultés mentales ». Sa détermination lui donnera raison, puisque Ahnas brillera dans ses études au primaire. « Les professeurs nous convoquaient souvent pour nous dire que notre fils était un bosseur et, à la maison, je m’assurais de le faire réviser et de rester avec lui pendant qu’il faisait ses devoirs », indique la brave dame. Sa détermination finira par payer. Elle se rappelle encore du jour où les résultats du CPE ont été proclamés. « Dès qu’il s’est réveillé, il a consulté la liste des élèves qui avaient obtenu un collège national et son nom y figurait. Nous l’avons entendu crier et quand il nous a annoncé la bonne nouvelle, nous sommes restés assis derrière lui à fixer l’écran de l’ordinateur. Nous nous attendions à ce qu’ils obtiennent de bons résultats car il vraiment travaillé dur, mais pas vraiment à ce qu’il puisse intégrer le collège de ses rêves. C’est une joie indescriptible », avoue la maman, au comble de l’émotion.

Modestes revenus

Ahnas, enfant unique, a surtout la chance d’avoir des parents qui sont prêts à tout pour lui et il le sait : « Je suis content d’être né dans cette famille », dit-il. Effectivement, malgré leurs modestes revenus, Bibi Beegun et Reshad font en sorte de subvenir à tous ses besoins. La mère d’Ahnas, femme au foyer, est au petit soin avec son fils chéri. « Il est depuis toujours ma priorité. Mon mari est maçon et il ne travaille pas tous les jours. Nous nous débrouillons avec la pension que touche Ahnas pour qu’il ne manque de rien. Il est vrai que nous ne pouvons pas l’offrir tout ce qu’il demande. Cependant, en ce qui concerne son éducation, nous avons tout fait pour qu’il réussisse », explique sa mère, émue. À ses temps perdu, ce fan de Liverpool joue au ballon avec son père et passe beaucoup de temps sur l’ordinateur. D’ailleurs, il souhaite en faire son métier : « Je souhaite devenir un ingénieur en informatique ». Il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que son vœu ne se réalise mais, pour lui déjà, chaque jour est un rêve.  
   

Narad Jaulim, son enseignant du primaire: « Une véritable source d’inspiration »

Il ne pourra jamais oublier Ahnas. Narad Jaulim a été son enseignant à l’école primaire Sir Harilall Vaghjee et, aujourd’hui encore, il se soucie du bien-être de son élève : « Cet enfant est une véritable source d’inspiration et un modèle. C’est un enfant doué qui était très appliqué en classe, très brillant et respectueux. Je pense souvent à lui et je me demande si tout se passe bien pour lui au collège. En tout cas, j’espère que les autorités lui viendront en aide pour assurer qu’il puisse bénéficier de toutes les facilités nécessaires pour ses études ».

Appel à l’aide: un transport scolaire pour leur fils

Pendant des années, ils ont dû faire face à des problèmes de transport et, aujourd’hui encore. le même problème se pose : « Autrefois, nous devions payer un transport pour qu’il aille à l’école primaire. Puis, quand il a obtenu son fauteuil motorisé, mon mari ou moi nous allions le déposer à pied. Cependant, aujourd’hui nous n’arrivons pas à trouver un transport scolaire pour le déposer et le récupérer de l’école. Depuis la rentrée, mon mari ne travaille pas car il est obligé d’aller le quitter tous les matins à l’école ».

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