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Agro-industrie : cultiver l’autosuffisance alimentaire

La sécurité alimentaire est une préoccupation universelle. Elle repose d’abord sur l’autosuffisance. Le sujet revient sur le devant de la scène après les récents cas de maladies affectant le bétail et le poulet.

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CLes échalotes de Georgette poussent sans fertilisants chimiques..

Cultiver son propre potager est un défi réalisable. Cela fait trois ans que Georgette Rose s’est mise à planter. « Une dame m’a approchée pour prendre soin de son terrain. À l’époque, j’étais libre après avoir bénéficié du Voluntary Retirement Scheme. J’ai ainsi commencé à cultiver les brèdes Tom Pouce, du cotomili, du thym, du persil, des haricots, des pima cari et des brèdes blancs, entre autres », raconte-t-elle. Grâce à ce jardin, elle fait des économies et subvient aux besoins de sa benjamine qui est étudiante.

Contrairement à d’autres, elle n’utilise pas des fertilisants chimiques. « Je limite mes déplacements au marché, déjà que le prix des légumes a pris l’ascenseur. Je vends le surplus à mes voisins pour une modique somme. Prendre soin de mon potager me permet aussi de meubler mon temps libre », confie cette habitante de Cité Sainte-Catherine.

Dans les potagers de Malenn Oodiah à Rose-Hill, nous pouvons retrouver entre autres calebasses, chouchous, pommes d’amour, pommes de terre, coriandre, menthe, thym, persil, aubergines et échalotes. Le directeur de communication de Beachcomber cultive des plantes depuis 20 ans. « J’ai la main verte grâce à mes parents. Le jardinage me procure une sensation de bien-être et m’apprend la patience », affirme-t-il. Les légumes sont produits pour sa propre consommation. Le surplus est distribué avec le voisinage et les proches. Malenn Oodiah encourage les autres Mauriciens à s’y mettre également.

Faire des économies

Éric Mangar explique le concept du potager à des écoliers.

C’est d’ailleurs le combat que mène le Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire (MAA) depuis 1986. « Auparavant, entre 70 % et 75 % de nos aliments étaient importés. Graduellement, les familles comprennent l’importance de cultiver un potager. L’autosuffisance alimentaire revient sur le tapis après que la fièvre aphteuse et la salmonellose ont affecté le bétail et le poulet », explique Éric Mangar, directeur du MAA.

Il soutient qu’il existe plusieurs raisons qui poussent les gens à avoir un potager. D’abord, les Mauriciens sont de plus en plus conscients de leur santé. De ce fait, ils évitent d’acheter les légumes contenant des pesticides. « Certains planteurs ne respectent pas la période de rémanence. C’est le laps de temps entre la date de l’application des pesticides et la récolte.

Aucun test n’est ensuite effectué pour détecter les résidus. Quand on cultive pour soi, on évite les produits chimiques. Donc, les légumes du potager sont sans danger pour la santé. »
Ensuite, la famille mauricienne fait des économies en cultivant son potager. Elle évite d’avoir à acheter une livre de lalo à Rs 90 ou une laitue à Rs 20. Le potager représente aussi une source de revenus car la famille est libre de vendre le surplus. « Avoir un potager encourage aussi la consommation régulière de légumes et de fruits. Les fibres agissent contre le cancer du colon par exemple. La famille fait aussi le plein de vitamines A et C », poursuit Éric Mangar.

Il ajoute que le jardinage agit comme une thérapie contre le stress. « Nous soutenons aussi la sécurité alimentaire. Le pays peut donc réduire ses dépenses sur les aliments qui peuvent être cultivés sur notre sol. Cet argent peut être investi dans l’importation d’autres denrées comme le riz et le blé », argue le directeur du MAA, qui souligne que notre dépendance à l’importation risque d’augmenter si la relève n’est pas assurée.

Pour avoir son potager chez soi, Éric Mangar recommande d’identifier la terre, de la préparer, et d’apprendre à faire du compost avec des déchets organiques. « La semence se fait à la volée ou en sillons. À la volée, cela consiste à éparpiller les graines, les recouvrir d’une fine couche de terre avant de taper dessus légèrement. L’arrosage est la prochaine étape », indique-il. Il conseille aussi de nourrir des poules afin d’utiliser leur fiente pour en faire du compost naturel ou encore d’introduire des vers de terre. Plus il y en a, explique-t-il, plus la terre est fertile.

 

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