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Agression du Chairman de l’icta : polémique autour d’une éventuelle arrestation de Trilochun

L’avocat Kailash Trilochun devrait rentrer au pays ce mardi. Son éventuelle arrestation fait déjà débat. Une heure lui a été accordée avant de se rendre à la police. Les travaillistes pestent et estiment qu’il s’agit d’un « traitement de faveur ». Rama Valayden plaide la bonne foi de son client.

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Rama Valayden
Me Rama Valayden défend les intérêts de Kailash Trilochun.

C’est ce mardi que l’avocat Kailash Trilochun, qui se trouve en Afrique du Sud avec sa famille, devrait rentrer au pays. C’est ce qu’affirme son homme de loi, Me Rama Valayden. Il sera alors entendu par la police. Cela après que Désiré Sylvio Candahoo a allégué que Me Kailash Trilochun serait le commanditaire de l’agression  de Bhanoodutt Beeharee. Toutefois, avant même que l’avocat ne foule le sol mauricien, la polémique enfle.

Selon Rama Valayden, la police a accepté d’accorder à son client une heure avant de se rendre de son propre chef dans les locaux du Central Criminal Investigation Department (CCID) pour être entendu. Pour Navin Ramgoolam, il s’agit d’un « traitement de faveur » à l’égard de Kailash Trilochun. En congrès à Quatre-Bornes, vendredi, le leader du Parti travailliste a insisté que Kailash Trilochun devrait être arrêté dès sa descente d’avion. « Il ne faut pas que Kailash Trilochun obtienne un seul privilège », a fait ressortir l’ancien Premier ministre. Il a fait un parallèle avec sir Gaëtan Duval, qui avait été arrêté à sa descente d’avion à la fin des années 80. Cela, après des allégations de Moorgesh Shummoogum dans le sillage de l’assassinat d’Azor Adélaïde.

« Sir Gaëtan Duval avait demandé de pouvoir rentrer chez lui pour se laver et la police avait refusé. Ils l’avaient mis dans un véhicule, les menottes aux poignets. Maintenant Kailash Trilochun demande une heure ! Si c’est le cas, il y aura des problèmes. Il faut qu’il soit traité comme sir Gaëtan Duval l’a été », dira Navin Ramgoolam.

Toutefois, Rama Valayden ne voit aucun problème à ce que son client bénéficie de ce « court répit ». « Kailash Trilochun a déjà fait savoir qu’il se rendra à la police de son propre chef. Il n’y a même pas de preuve contre lui. Donc, pourquoi passer les menottes à une personne à sa descente d’avion, alors qu’elle a démontré sa bonne foi ? »


Les 7 questions de Me Ashley Hurhangee au CP

Me Ashley Hurhangee

Me Ashley Hurhangee

L’avocat Ashley Hurhangee a adressé, le dimanche 21 août, une correspondance au Commissaire de police Mario Nobin. L’avocat y pose sept questions dans le cadre de l’enquête policière sur les allégations portées par Jacques Désiré Sylvio Candahoo contre l’avocat Kailash Trilochun. Ci-dessous, les interrogations de l’homme de loi.

  • Vous avez retenu les services de Me Trilochun pour vous représenter et il est toujours votre avocat. N’est-ce pas contraire à l’éthique et cela n’engendrerait-il pas un conflit d’intérêts dans l’enquête qui est sous votre supervision en tant que chef de la force policière ?
  • N’auriez-vous pas dû informer le ministre de l’Intérieur de cette situation depuis que vous avez eu vent de ces allégations ?
  • Avez-vous eu contact avec Me Trilochun depuis l’arrestation du suspect Candahoo ?
  • Avez-vous été informé du développement de l’enquête, si oui, quand et à quelle fréquence ?
  • N’auriez-vous pas dû prendre un congé jusqu’à la fin de l’enquête, comme cela avait été le cas pour le DCP Seerungen ?
  • Quelles mesures avez-vous prises pour vous assurer que l’enquête soit menée sans interférence ?
  • Quand Me Trilochun a-t-il reçu son passeport ?

La famille Beeharee traumatisée

Bhanoodutt Beeharee
Bhanoodutt Beeharee

Sa vie a basculé le 26 mai dernier alors qu’il s’apprêtait à rentrer chez lui. Bhanoodutt Beeharee, le président du conseil d’administration de l’Information and Communication Technologies Authority (Icta), a été sauvagement agressé à l’arme blanche à la rue Brabant, Port-Louis. Touché au visage, il s’était retrouvé aux soins intensifs de l’hôpital Dr A.G. Jeetoo.

Désiré Sylvio Candahoo, principal suspect dans cette affaire, allègue que c’est l’avocat Kailash Trilochun, ancien conseil légal de l’organisme, qui serait derrière cette agression. Il est défendu par Me Rama Valayden. Les proches du Chairman de l’Icta disent « garder confiance dans le judiciaire ».

Trois mois après, Bhanoodutt Beeharee porte encore les séquelles de cette agression, physiquement et moralement. Sa cicatrice au visage lui rappelle en permanence le calvaire qu’il a vécu. Toutefois, avec les développements de ces derniers temps et l’arrestation de ses présumés agresseurs, la famille Beeharee ressent un léger soulagement. « Cette agression a traumatisé toute la famille. Nous traversons encore des moments difficiles », soutiennent les proches du Chairman. Les développements au niveau de l’enquête sont « encourageants ». « Même si la police retrace le commanditaire de cette agression, la cicatrice au visage sera toujours là pour lui rappeler ce 26 mai cauchemardesque. Nous ne savons pas ce que ces gens peuvent encore lui faire subir », nous dit-on.

Le 25 août est un jour funeste pour Bhanoodutt Beeharee et son épouse. Il y a cinq ans, ils perdaient leur fils, alors âgé de 19 ans. Le jeune homme, étudiant à l’université, a péri noyé à la cascade de Réduit. Les recherches pour retrouver le corps avaient duré deux jours.


Connexion Afrique du Sud - Plaisance : Trilochun sur la liste des passagers de samedi

Le nom de Kailash Trilochun était sur la liste des passagers en provenance de l’Afrique du Sud, samedi. Mais l’avocat n'était pas à bord de l’appareil qui a atterri à Plaisance à 19 h 35. On apprend que Me Trilochun préfère prendre l’avion le matin. La police maintient donc la Notice on arrival. Les services de l’Immigration doivent contacter le CCID dès que l’avocat se présente au comptoir.


Showkutally Soodhun : « J’ai signé sa lettre de révocation »

Le Premier ministre par intérim, Showkutally Soodhun, a confirmé sur les ondes de Radio Plus qu’il a fait une demande à la présidente de la République pour révoquer Me Kailash Trilochun comme Chairman de la Financial Intelligence Unit (FIU). Showkutally Soodhun a précisé, toutefois, que sir Anerood Jugnauth n’est pas au courant de cette démarche étant donné qu’il est  en mission officielle à l’étranger.

C’est à la présidente de la République d’informer Me Kailash Trilochun de sa révocation de la FIU, ajoute Showkutally Soodhun. « Nou finn avoy bann dimoun pou esey koz avek li [Kailash Trilochun] pou ki li retir li, bien zantiman, bien onetman. Nou ti panse ki li pou kapav retir li, me mo pann gagn oken repons pozitif. Hier [vendredi 26 août], j’ai pris la décision, et je dois préciser que je n’ai pas consulté le Premier ministre sir Anerood Jugnauth à ce sujet, de voir le dossier. Monn guet avek Attorney General, ler monn guet tou bann kondision la. Dans l’après-midi, j’ai pris la décision de demander à la présidente de la République de révoquer [Kailash Trilochun]. C’est la Présidente qui enverra la lettre officielle. Moi, j’ai déjà signé sa lettre de révocation », a affirmé Showkutally Soodhun.


Les protagonistes

Kailash Trilochun : le présumé cerveau

Kailash TrilochunÀ en croire Désiré Sylvio Candahoo, l’avocat Kailash Trilochun est le présumé commanditaire de cette agression.

C’est lors d’une réunion du comité central du MSM au Sun Trust que le suspect numéro 1 dit avoir rencontré l’homme de loi.

Ce dernier lui aurait donné des instructions précises en ce qui concerne le Chairman de l’Icta. « Fer li per. »

Il aurait perçu Rs 10 000 pour ce « travail », dira le suspect aux limiers du CCID.

Sylvio Candahoo : le détonateur

Sylvio CandahooCet homme de 43 ans s’est retrouvé derrière les barreaux dans le sillage de cette affaire. Les limiers du Central CID ont pu remonter jusqu’à sa voiture, une Toyota Bulldog grise. Le 25 mai, soit la veille de l’agression, Désiré Sylvio Candahoo, qui habite Cité la Cure, avait pris en filature Bhanoodutt Beeharee. Le véhicule avait été repéré dans les environs de Sainte-Croix. Arrêté le 18 août dernier, le suspect, fils de Georgy Candahoo, député MSM de Port-Louis Nord/Montagne-Longue en 1983, a vite craché le morceau. Il a avoué sa participation dans l’agression de Bhanoodutt Beeharee et a accusé l’avocat Kailash Trilochun d’être le présumé commanditaire de l’agression. Il a aussi balancé deux autres noms : Pascal Collet, son beau-frère, et un dénommé Christopher Benoit. Désiré Sylvio Candahoo, lui-même agent politique, a été inculpé d’agression avec préméditation et de complot. Il demeure en cellule policière.

Pascal Roy Collet nie toute implication

Pascal Roy ColletIl est le deuxième suspect à se faire épingler par les limiers du Central CID. Pascal Roy Collet, 39 ans, a été arrêté mardi 23 août. Incriminé par son beau-frère, Désiré Sylvio Candahoo, ce maçon rejette toute participation dans l’agression de Bhanoodutt Beeharee. Il est défendu par l’avocat Sailesh Seebaruth.

Dans sa déposition, Pascal Roy Collet, qui est fiché à la police pour divers cas de vol et d’agression, dira avoir circulé dans la voiture de Sylvio Candahoo pendant trois jours (du 23 au 25 mai).  Il a expliqué que son beau-frère était venu le voir « pou al rod travay ». Selon lui, ils se sont d’abord rendus à Ébène à la recherche d’un boulot comme gardien, mais ils sont rentrés bredouilles. Cependant, le 25 mai, il était à Port-Louis en compagnie de Christopher Benoit et de Désiré Sylvio Candahoo. Ils ont ensuite mis le cap sur Belle-Rose, où habite le président du conseil d’administration de l’Icta. « Li ti gagn lagerr avek enn madam », a-t-il ajouté. La dame en question était l’épouse de Bhanoodutt Beeharee. Pascal Roy Collet précise qu’il n’était pas présent le jour de l’agression et qu’il ignorait les intentions de son beau-frère. Le maçon a été provisoirement inculpé de complot. Il a participé à une reconstitution des faits mercredi.

Christopher Benoit : le troisième homme

Christopher BenoitSon nom a été cite par Désiré Sylvio Candahoo et Pascal Roy Collet. Christopher Benoit, 30 ans, le plus jeune de la bande, s’est rendu au CCID, mercredi 24 août, accompagné de son homme de loi, Shameer Hussenbocus. Cet habitant de Cité la-Cure est également fiché à la police pour divers délits. Ami des suspects Candahoo et Collet, il a reconnu avoir pris place dans la Toyota Bulldog. « Nou finn al Port-Louis. Nou ti aret kot pran bis Mahébourg », a-t-il expliqué aux hommes de l’ACP Devanand Reekoye. Il dira avoir fait des tournées avec les deux hommes dans la voiture pendant deux jours. Il a été provisoirement inculpé de complot. Jeudi, il a participé à une reconstitution des faits. Il demeure en cellule policière.

Arrestation du garde du corps de Kailash Trilochun - Le principal suspect : « Pa li sa »

Garde du corps de Kailash TrilochunRevirement de situation dans l’enquête sur l’agression de Bhanoodutt Beeharee. Après avoir balancé le nom du garde du corps de l’avocat Kailash Trilochun comme étant l’intermédiaire qui lui avait remis Rs 10 000, Sylvio Désiré Candahoo, principal dénonciateur dans cette affaire, n’a pu identifier Steven Saint-Pierre, samedi. « Pa li sa », dira-t-il aux enquêteurs.

Dans sa déposition au Central CID, Désiré Sylvio Candahoo avait déclaré qu’il avait rencontré un dénommé Steve, le garde du corps de Kailash Trilochun, en deux occasions. La première, pour se présenter et la seconde, pour récupérer Rs 10 000. C’était l’argent perçu après l’agression de Bhanoodutt Beeharee au cutter, le 26 mai dernier.

Recherché depuis, Steven Saint Pierre, domicilié à  Trou-aux-Biches, s’est présenté aux Casernes centrales, samedi, accompagné de Me Anupam Kandai. Ce Security Officer a d’abord expliqué aux hommes de l’ACP Reekoye sa relation avec l’avocat Kailash Trilochun. « C’est mon grand frère », a-t-il dit. C’est l’ancien conseil légal de l’Icta qui l’avait défendu dans une affaire de saisie de drogue à hauteur de Rs 15 millions à l’aéroport en juillet 2011.

Dans son récit aux enquêteurs de la Special Cell, Désiré Sylvio Candahoo a soutenu que, le 26 mai, il a rencontré le garde du corps de l’avocat à Cité-la-Cure vers 20 heures. « Mo ti zwen li dan enn Toyota blan kot lagar Cité-la-Cure. Monn dir li dir so patron ki travay la inn fini fer. Linn pass enn lapel, apre linn tir enn lanvlop gri linn donn mwa. Li dir mwa so patron dir mersi. Ti ena Rs 10 000 dan lanvlop la », a-t-il dit à la police.

Si, pour sa part, Steven Saint Pierre dit connaître Sylvio Candahoo, il nie l’avoir rencontré en plusieurs occasions en lien avec l’agression du président du conseil d’administration de l’Icta. Il dit n’avoir pas agi comme intermédiaire pour remettre de l’argent au suspect Candahoo. C’est dans les locaux du CCID qu’une confrontation a été organisée entre les deux hommes. Il s’avère que le suspect principal a affirmé aux enquêteurs que ce n’était pas Steven Saint Pierre qui était l’intermédiaire.

Ce quatrième suspect a comparu devant la Bail and Remand Court de Port-Louis sous une charge provisoire de complot. Il a été maintenu en cellule policière. La motion de sa remise en liberté sous caution sera débattue ce mardi.

 

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