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Agalega : Une île, un développement paradoxal

Poser les pieds sur Agaléga, arpenter les ruelles des villages, c’est goûter à un style de vie sans pareil. La gentillesse des habitants nous rappelle l’île Rodrigues des années 80. Une vie en toute simplicité, une solidarité à toute épreuve entre habitants et surtout un accueil chaleureux aux étrangers. 

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Derrière cette vie de carte postale, malheureusement, il y a une réalité criante, ce sentiment d’avoir été oublié. A l’hôpital, à l’école et au poste de police, les Mauriciens qui y sont affectés se démènent pour faciliter un peu plus la vie des Agaléens... Devant les développements qui sont annoncés, les habitants caressent le rêve d’une vie meilleure. 
« Mo pe fer mo SC me mo espere demin gagn travay swa dan airport swa dan lepor. » Élève au Medco Secondary School, Ezechiel Poullé, 17 ans, a la tête penchée sur son livre de français. L’adolescent rêve d’une vie meilleure pour lui et sa famille. Ezechiel n’envisage pas de venir à Maurice pour garantir son avenir. « Mo anvi res isi koz mo fami me osi pou ed mo zil », dit-il. 

Au collège, il arrive à suivre ses classes mais peut-être pas toutes les matières qu’il aurait souhaité étudier. « Mo ti pou kontan fer ICT dan SC, me pena sa opsion la, mo pe bizin fer size impoze », regrette Ezechiel,  qui enfourche sa moto à l’heure du déjeuner pour rentrer chez lui. 

Le Medco Secondary School comprend 36 élèves. Les enseignants viennent de Maurice et doivent parfois cumuler deux matières faute de profs. Anishta Singh, enseignante de français, enseigne également l’anglais. « Nous faisons le maximum pour aider les élèves à faire leur cours. Nous sommes parfois appelés à faire les cours de rattrapage », explique-t-elle. Le taux de réussite au School Certificate s’élève à plus de 70 %. 

Une critique qui revient sans cesse est le système de santé dans l’île. Les patients sont parfois appelés à faire le déplacement sur le Dornier. Au coeur du Village 25, un bâtiment qui a été inauguré en 2000 fait office d’hôpital sur l’île. Il comprend un médecin résident, le Dr Hetish Seebah, et deux Nursing Officers Dishta Ramdheean et Vasishraj Mohun. « Nous pouvons admettre des patients ici, une salle pour les hommes et une pour les femmes. Nous pouvons donner tous les traitements, nous avons les appareils pour le faire et en ‘back-up’ nous bénéficions de l’aide des médecins d’Afcons qui ont aussi leur hôpital », explique le Dr Seebah qui est à Agaléga depuis trois mois. 
Solliciter l’appareil Dornier coûte Rs 500 000 et doit se faire pour des raisons médicales urgentes. Le Dr Seebah explique qu’il y a un protocole.
 
« Nous faisons le maximum pour envoyer les patients qui nécessitent des soins en urgence. Il y a une liste prioritaire également. Mais quand le Dornier vient récupérer des patients, nous essayons d’en envoyer le maximum à Maurice », nous dit le Nursing Officer Vashisraj Mohun, qui est à sa seconde affectation dans l’île. 

Une petite visite à l’hôpital nous donne un aperçu du travail fourni par le personnel médical, entre les pansements, l’ECG, la prise du diabète et de la tension, mais également la pédiatrie. Le personnel est très apprécié sur l’île. « Nou dokter an tou ka bien ed nou, zot bann dimoun genuine », affirme Arnaud Henri.

Au Village 25, la Boutique du Nord est le seul commerce. Mais ces derniers jours, il est resté fermé faute de marchandises. Les habitants peuvent acheter les produits alimentaires frigorifiés et les conserves. « Enn bann prodwi ki laboutik vann pli bien se bwason alkolise », ironise une jeune femme. 

Avec l’arrivée du chef du gouvernement, il est prévu qu’un supermarché soit inauguré au coeur du Village 25 mais jusqu’ici personne ne sait quelle société viendra gérer ce commerce qui permettra aux habitants de s’approvisionner à n’importe quel moment, mais surtout d’avoir les produits de première nécessité. 

La situation à Agaléga met en lumière les paradoxes entre la beauté de la vie quotidienne et les défis persistants auxquels la communauté est confrontée

 

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