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Affidavit explosif de Vishnu Lutchmeenaraidoo

L’affidavit de sept pages de Vishnu Lutchmeenaraidoo révèle les détails du conflit l’opposant au ministre de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain. Selon l’ex-Grand argentier, le chef du gouvernement  s’est dit satisfait des modalités ayant trait à son emprunt de 400 000 euros.Les allégations de commissions pour le projet du Domaine des Pailles ne peuvent être soutenues, poursuit le ministre des Affaires étrangères, qui va jusqu’à affirmer que cette polémique est une « pure invention ». Cet affidavit vient mettre en avant un duel sans merci entre Roshi Bhadain et Vishnu Lutchmeenaraidoo, ce dernier accusant son collègue d’avoir  « initié et provoqué l’enquête de l’Icac ».

« Je crains que c’est Roshi Bhadain qui a provoqué l’enquête de l’Icac »

Le ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo, s’attaque frontalement à son collègue Roshi Bhadain. L’ancien Grand argentier déclare, dans un affidavit juré en Cour suprême, le 4 avril 2016, que l’enquête menée par la commission anti corruption, sur son prêt en euros, a été « provoquée » par Roshi Bhadain pour lui nuire.
Vishnu Lutchmeenaraidoo ne mâche pas ses mots. Il allègue que le ministre de la Bonne gouvernance et des Réformes institutionnelles, Roshi Bhadain, qu’il décrit comme un ministre « très en vue et très en verve » de ce présent gouvernement, a initié une campagne diffamatoire, pour souiller sa réputation en tant que citoyen mauricien et ministre des Finances, poste qu’il occupait avant sa mutation aux Affaires étrangères. « La compagne menée par Roshi Bhadain a pris de l’ampleur, à tel point, que l’Independent Commission Against Corruption (Icac) a ouvert une enquête sur mon prêt bancaire et dans le cadre du joint-venture entre la firme chinoise Yihai et la State Investment Corporation  », précise-il dans son affidavit. Dans ce document, le ministre des Affaires étrangères réclame un ordre intérimaire du juge Asraf Caunhye, siégeant en référé, pour empêcher à l’Icac d’enquêter sur lui. Le même jour (4 avril), le juge Asraf Caunhye a rejeté sa demande en avançant que celle-ci « does not warrant the intervention of the Judge in Chambers ». La demande était dirigée contre l’Icac, le directeur des enquêtes de l’Icac, Chimunlall Ghoorah  et le ministre de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain.

Bhadain: « ...ne pas salir c’est encore mieux ! »

À l’Assemblée nationale, à la reprise des travaux dans l’après-midi après la pause-thé, les membres de l’opposition ont tous une copie de l’affidavit de Vishnu Lutchmeenaraidoo entre les mains. Idem pour Roshi Bhadain. Interrogé à sa sortie du Parlement après avoir pris connaissance de l’affidavit, le ministre de la Bonne Gouvernance dit s’inspirer du Mahatma Gandhi. Sur sa page Facebook, il revient avec des commentaires précis: « I will not let anyone walk through my mind with their dirty feet – this quote from Mahatma Gandhi is inspiring in our era of good governance and zero tolerance to corruption. I say again: ‘… ne pas salir c’est encore mieux ! » Ashwin Kanhye

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Méthode KGB

Vishnu Lutchmeenaraidoo maintient, dans son affidavit, que Roshi Bhadain a « provoqué et manipulé des campagnes pour m’évincer du gouvernement actuel en référant l’affaire à l’Icac pour m’humilier, me faire arrêter et pour je sois obligé de démissionner comme ministre ». Il avance que le directeur suppléant de l’Icac, Kaushik Goburdhun, « est apparenté » au ministre de la Bonne gouvernance. Vishnu Lutchmeenaraidoo ajoute que  Roshi Bhadain est en train de mener une campagne diffamatoire à son égard pour le « tuer politiquement » et qu’il trouve en ce dernier « un ministre qui fonctionne à la manière du KGB ». L’ancien ministre des Finances soutient qu’il est un politicien d’expérience et une personne « of utmost integrity and probity ». Pour lui, le ministre de la Bonne gouvernance est de « connivence » pour l’évincer de ce gouvernement « afin d’exercer un contrôle absolu sur l’appareil de l’État pour assouvir ses besoins personnels ». « Il tente également de me détruire comme un politicien et ministre », ajoute-t-il. Vishnu Lutchmeenaraidoo se déclare prêt à faire face à une enquête « sans l’ingérence politique de Roshi Bhadain et si les conditions légales sont respectées ».

« Motivé politiquement »

Le ministre des Affaires étrangères se défend. A son avis, l’Icac n’a pas de motif valable pour enquêter dans cette affaire. Il réaffirme que cette enquête a été provoquée par le ministre de la Bonne gouvernance. Il soutient que « l’article 46 de la Prevention of Corruption Act (PoCA) n’a pas été respectée par le directeur des enquêtes de l’Icac, Chimunlall Ghoorah, vu qu’il n’y a pas eu d’enquête préliminaire ». Il estime que l’Icac est en train de violer ses droits constitutionnels. S’agissant de sa convocation à l’Icac, il avance ceci : « Le 2 avril 2016, vers les 16 heures, j’ai reçu une lettre de l’Icac me demandant de me rendre à leur bureau pour le besoin de l’enquête. Je veux faire ressortir que cette lettre s’est retrouvée dans la presse, le 3 avril 2016. Il me semble que l’Icac, son directeur des enquêtes et Roshi Bhadain veulent nuire à ma réputation en manipulant l’opinion publique et en me privant d’une enquête équitable. » « L’enquête de l’Icac a été initiée par Roshi Bhadain qui est motivé politiquement  pour ses aspirations personnelles de diriger le pays. Mes droits doivent être protégés de telle sorte que je fasse face à une enquête, qui ne soit pas partiale. Je suis disposé à faire face à toute enquête sur ces allégations, à conditions que mes droits constitutionnels soient  respectés », fait-il ressortir dans son affidavit.  
   

Allégations de commissions sur le projet Pailles Smart City: « C’est une pure invention… »

Dans un autre volet de son affidavit, l’ancien ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, aborde l’enquête initiée par l’Icac sur le projet conjoint de la société chinoise Yihai International Investment Management Ltd et la State Investment Corporation (SIC). Il s’agit du projet Pailles Smart City qui vise à convertir le Domaine Les Pailles en ville intelligente. À propos de de ce dossier, Vishnu Lutchmeenaraidoo soutient dans son affidavit que Roshi Bhadain « a été à l’origine des fuites de fausses informations » à l’effet qu’il a reçu des « commissions » de l’ordre de Rs 45 millions en marge de ce projet. L’ancien Grand argentier déclare que « ceci est une pure invention de la part de Roshi Bhadain » et  il invite le ministre de la Bonne gouvernance à venir « avec documents à l’appui soutenir cette allégation ».  Vishnu Lutchmeenaraidoo  se dit par ailleurs  convaincu  « qu’il n’y a aucun document à l’appui » pour prouver qu’il aurait reçu « quelque commission ». « Il est évidemment clair que Roshi Bhadain manipule des informations pour me tuer politiquement afin qu’il puisse satisfaire ses besoins personnels. » Il allègue que Roshi Bhadain voit en lui un « ennemi politique qu’il faut à tout prix abattre ». Cliquez ici pour lire l’affidavit de Vishnu Lutchmeenaraidoo dans son intégralité
 

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