Affaire Lutchigadoo - XLD : « Les détenus ne dormaient pas dans leur cellule »

La Private Notice Question de Xavier-Luc Duval du mercredi 20 juin a permis de lever le voile sur plusieurs aspects de l’affaire Lutchigadoo. Le ministre Mentor sir Anerood Jugnauth a confirmé la complicité de certains policiers dans l’escapade de Kusraj Lutchigadoo du Vacoas Detention Centre.

«Un centre de détention transformé en VIP Guest House, des détenus dormant dans une Common Room et des policiers corrompus. » Propos du leader de l’opposition Xavier-Luc Duval (XLD) lors de la Private Notice Question (PNQ), le mercredi 20 juin 2018. Sir Anerood Jugnauth (SAJ) a confirmé la complicité de policiers dans cette affaire.

« D’après les images de surveillance du 23 avril, il y a des indications que Kusraj Lutchigadoo a été ‘wrongfully allowed’ à quitter le centre de détention par des policiers de service », a répondu le ministre Mentor. SAJ confirme l’escapade et la complicité de certains éléments de la police dans cette affaire. « Oui, il y a complicité de policiers dans l’escapade de Kusraj Lutchigadoo », a-t-il dit, ajoutant qu’il y a des « corrupted people » dans la force policière.

La PNQ de XLD a levé le voile sur de nombreux éléments de l’escapade de Kusraj Lutchigadoo, arrêté le 30 mars dans une affaire de drogue. SAJ concède que les enregistrements des caméras de vidéosurveillance auraient dû être visionnés au quotidien. Les images CCTV du centre de détention de Vacoas ont été visionnées le 10 mai, soit six jours après la fête d’anniversaire de Kusraj Lutchigadoo. C’est ce qu’a affirmé XLD, interpellant SAJ sur ce long délai avant que l’affaire ne soit révélée.

Le leader de l’opposition se demande si le centre de détention n’a pas été transformé en VIP Guest House au vu des facilités dont auraient bénéficié les détenus Ashish Dayal et Kusraj Lutchigadoo. XLD a soutenu que ces deux détenus dormaient dans une chambre commune, sous prétexte qu’ils seraient claustrophobes et asthmatiques.

Concernant les données effacées du portable du présumé trafiquant, le ministre Mentor a indiqué qu’il se pourrait que Kusraj Lutchigadoo lui-même l’ait fait ou qu’il ait bénéficié d’une complicité interne.

Plusieurs autres affaires ont été évoquées durant la PNQ : la mort d’Arvind Hurreechurn en cellule policière, la condamnation de Mike Brasse à six ans de prison pour trafic de drogue à la Réunion et l’arrestation de Navin Kistnah pour importation d’héroïne. XLD a réclamé la réouverture de l’enquête sur la mort d’Arvind Hurreechurn.

SAJ : « Je n’ai rien à reprocher à Mario Nobin »

Le député du MMM Rajesh Bhagwan a interpellé le ministre Mentor sur l’éventualité de sanctionner le commissaire de police Mario Nobin par rapport à l’affaire Mike Brasse. « L’exemple doit venir d’en haut », a indiqué le député mauve.

Lui donnant la réplique, sir Anerood Jugnauth (SAJ) a affirmé qu’il n’a « rien à reprocher à Mario Nobin », dont il a admis le dévouement. SAJ a souligné qu’il faut toutefois revoir les procédures de recrutement dans la force policière.

Il a concédé que les policiers suspendus perçoivent toujours leurs salaires et que les procès en cours durent très longtemps, ce qui représente un gaspillage des fonds publics.

Ashish Dayal, le Boss du centre de détention ?

Selon Xavier-Luc Duval, Ashish Dayal serait le maître de certains centres de détention, en l’occurence ceux de Moka et de Vacoas. Le leader de l’opposition a évoqué les deux cas dans lesquels le nom d’Ashish Dayal a été cité.

D’abord dans la mort du policier Arvind Hurreechurn au centre de détention de Moka. Des renseignements avaient privilégié la thèse selon laquelle Ashish Dayal était un des cerveaux du réseau dans lequel aurait opéré Arvind Hurreechurn.

Le leader du PMSD avait réclamé la réouverture de l’enquête après que le policier a été retrouvé mort dans sa cellule. Ce dernier se serait pendu dans une position assise. Au Vacoas Detention Centre, le Central Criminal Investigation Department soupçonne Ashish Dayal d’avoir ouvert la cellule de Kusraj Lutchigadoo afin qu’il puisse sortir. « Ashish Dayal recrutait-il les policiers ? » a-t-il martelé.