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Affaire Denis Fine : la police décide d’ôter toute protection à une ‘star witness’

Christina Castor était la star witness dans le procès intenté à son ex-compagnon Patrick Steeve Serret, alias Polocco, à Christophe Legrand et à Sada Curpen, pour le meurtre de Denis Fine. Sous protection policière pendant sept ans, elle a été sommée de quitter les Police Married Quarters.

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Dans une correspondance émanant du Police Headquarters, signée du Deputy Commissionner of Police T. Seerunghen et datée du 7 avril 2017, il est mentionné que les Police Married Quarters avaient été alloués à Christina Castor du fait qu’elle était le témoin phare dans plusieurs cas. Mais puisque l’affaire opposant la police à Sada Curpen est terminée, elle est priée de quitter les lieux. D’autant plus que, comme ajouté dans la lettre, la police a un besoin urgent des Police Married Quarters pour accueillir des membres de la force policière.

Il est précisé que si elle ne libère pas les lieux, le département de la police ne va plus s’acquitter de ses factures du CEB et de la CWA et menace même d’avertir les autorités concernées pour la déconnection de l’eau et de l’électricité. Christina Castor a été aussi informée que son allocation mensuelle ainsi que la Police Sentry dont elle bénéficiait, ont été enlevées. Néanmoins, elle peut toujours informer la police de sa future adresse, pour qu’il y ait des patrouilles régulières.

« La police s’est servie de moi pour atteindre son objectif et maintenant elle me jette ainsi que ma famille comme un morceau de chiffon, confie Christina Castor.  Dans la lettre, il n’y a même pas un remerciement ni un mot courtois. C’est une lettre de sanction et de menaces. J’ai perdu sept ans de ma vie et c’est ainsi qu’on me remercie. On me jette à la rue où je vais de toute façon mourir ! »

Patrick Steeve Serret, alias Polocco, et Christophe Legrand ont écopé de sept ans de prison dans l’affaire du meurtre de Denis Fine. Ce dernier, un Mauricien établi à Paris, avait été tué d’une balle à la tête dans la nuit du 3 janvier 2010 à son domicile à Pamplemousses. Sada Curpen, aussi poursuivi dans cette affaire, a été acquitté.

Ex-compagne de Polocco

Christina Castor, l’ex-compagne de Polocco, dit craindre pour sa sécurité. Ayant vécu avec lui durant trois ans, elle revient sur cette épisode de sa vie. « J’avais 17 ans et demi quand je l’ai connu, il était gentil mais quand j’ai su qu’il était marié, j’ai voulu rompre, raconte la jeune femme. Li pas ti oule mo kit li et li ti kouma ene obsede. Li bat mwa parfwa ek sab e mo ankor ena boukou sikatris lor mo lekor. Li dir mwa li pou fini mwa si mo kit li. » Elle a réussi à le fuir pour aller s’installer à Plaine-Verte. « Kan linn gayn kes Denis Fine, monn profit pou sove e linn rod mwa partou. Mo ti pe kasyet kot ene konesans, noun kontan, noun faire maryaz relizie e depi nou ansam. »

Lors de son contre-interrogatoire, en cour de Pamplemouses Christina Castor avait fait ressortir que la MCIT était venue chez elle pour l’interroger sur le meurtre de Denis Fine et que Polocco avait menacé d’enlever son frère, Steward. « Lerla Inspekter Jokhoo finn asir mwa ki mo pou gayn proteksyon polisier e mem kapav fer mwa kit pey kan kes fini pou mo prop sekirite. Zot ti fer mwa kone ki Polocco pe rod mwa pou touy mwa akoz mo ti konn tou so kitsoz. »

Après avoir accepté d’aider la police et de devenir le témoin-clé de l’affaire, Christina Castor a été  placée dans une résidence sous haute surveillance. Durant ces sept dernières années, elle a donc bénéficié d’une protection policière. Entretemps elle s’est mariée civilement et a donné naissance à un fils aujourd’hui âgé d’un an. Elle est déjà mère d’une fille de 11 ans, née d’un premier mariage.

« J’ai été hébergée dans les Police Quarters pendant sept ans, je ne sortais que sous escorte policière, je devais rentrer avant 18 heures et je ne suis allée à la mer que deux fois, ajoute-t-elle. Polocco continuait à me menacer par téléphone depuis la prison. Li dir li pou touy mwa ek mo tifi, ki li pou tir mo manze, ki li pou fini mwa. J’ai porté plainte à la police. »

Aujourd’hui, Christina Castor souhaite continuer à bénéficier d’une protection policière. Elle lance un appel à Sir Anerood Jugnauth pour qu’il lui vienne en aide.

La lettre demandant à Christina Castor d’évacuer les Police Married Quarters.

Rangit Jokhoo : «Christina Castor est livrée à la mafia»

Sollicité pour une réaction, Ranjeet Jokhoo, ex-responsable de la MCIT, estime que c’est une injustice envers Christina Castor. « Nous lui avions promis une protection aussi longtemps qu’il le faillait avec l’aval de l’ex-commissaire de police qui avait obtenu l’autorisation du Premier ministre d’alors.  Grâce à elle, nous avons pu faire la lumière sur l’enquête concernant le meurtre de Denis Fine et démantelé un réseau international de trafic de drogue de Subutex. Mo pa trouv sa korek ki finn servi sa madam la e apre zet li kouma ene vie soset. Pou mwa pe zet li dan la min la mafia. »

Selon lui, il y a des témoins comme dans l’affaire L’Amicale qui habitent encore les Quarters de la police et qui bénéficient d’une protection policière. Il cite aussi le cas de Rafick Peerboccus qui a obtenu l’asile politique pour sa sécurité. « Les autorités concernées devront trouver une solution pour Christina Castor car elle risque gros contre la mafia, dit-il. D’ailleurs, elle a été kidnappée en plein centre de la capitale apres l’affaire Denis Fine. Ce qui prouve que sa vie sera toujours en danger. Bizin fer li kit pey pou so sekirite. »

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