Cet ancien assistant chef de production a été innocenté le 30 juillet 2015 après avoir passé quatre ans et huit mois en prison. Il était accusé de complicité de meurtre dans l’affaire Hélène Lam Po Tang.
Mais le retour de Sanjeev Nunkoo à la vie normale ne se déroule pas comme il s’y attendait. Après cinq mois de liberté, il dit avoir constaté que certains regards n’ont pas changé malgré le fait qu’il ait été acquitté à l’unanimité.
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La vie conjugale de Sanjeev Nunkoo a aussi connu des difficultés. Il n’a pas revu son épouse depuis sa sortie de prison. « Mo pann gayn mem kontak ar li depi monn sorti », se désole-t-il.
« Lorsque je sors, c’est comme une prison ouverte », regrette-t-il. Selon cet ancien assistant chef de production, détenteur d’un diplôme en physique, reprendre le cours normal de sa vie n’est pas chose aisée. Depuis sa sortie de prison, Sanjeev Nunkoo essaie de se réhabilité. « J’ai postulé pour un emploi dans au moins une soixantaine de compagnies, mais jusqu’à présent, personne ne m’a contacté pour un entretien d’embauche. Cela malgré le fait que j’aie un certificat de caractère ‘clean’. C’est malheureux ! » explique-t-il.
« Dimun ankor ena prezize »
La mentalité y est pour quelque chose, selon Sanjeev Nunkoo. « Dans la rue, je sens le regard de certaines personnes sur moi. Dimun ankor ena prezize », lâche-t-il. Le seul endroit où il se sent bien, c’est lorsqu’il se retrouve chez lui. « Je suis libre chez moi. Je sors pour manger, boire, mais je n’ai pas l’impression d’être un homme libre de mes mouvements », confie-t-il. Mais tout n’est pas si alarmant. Il y a environ deux mois, une personne a voulu lui donner sa chance. Sanjeev Nunkoo a pris de l’emploi dans le secteur de la construction. « C’est une connaissance qui a intercédé en ma faveur auprès de l’employeur. Mo pa gayn mem saler. Pa akoz mo diplom inn pran mwa me akoz ti pe bizin dimun pu travay. L’employeur a accepté de m’embaucher et je lui suis reconnaissant », affirme Sanjeev Nunkoo. Après plus de quatre années, Sanjeev Nunkoo va être parmi les siens. Mais les fêtes de fin d’année n’auront plus le même sens pour le Quatrebornais même s’il peut encore compter sur le soutien et l’amour de sa famille. « Avant de me retrouver derrière les barreaux, ces moments, nous les passions en famille, avec ma mère surtout. Mais celle qui m’a toujours soutenu et cru en mon innocence est morte alors que j’étais en prison. À l’époque, j’avais obtenu l’autorisation de l’administration pénitentiaire pour rendre un dernier hommage à mon adorable mère. J’ai n’ai eu que 15 minutes. Après, on m’a reconduit en cellule », se désole-t-il.
Les grandes dates
- Le 14 octobre 2010: Hélène Lam Po Tang, 61 ans, est tuée à son domicile à Morcellement Swan, à Baie-du-Tombeau. Son époux Gary était à l’étranger.
- Le 15 octobre 2010: Le corps sans vie de cette ancienne enseignante est découvert dans une mare de sang par son beau-frère et sa sœur. L’autopsie conclut que la victime a été dardée de plus d’une vingtaine coups de couteau et d’une fourchette pour gratter la terre.
- Le 28 octobre 2010: Sanjeev Nunkoo, alors Assistant Production Manager dans l’usine de Gary Lam Po Tang, est placé en état d’arrestation. Il est soupçonné d’être le meurtrier. Gary Lam Po Tang, l’époux de la victime, est arrêté le même jour après être rentré de voyage. Il est soupçonné d’être le commanditaire.
- 30 octobre 2010: Un couteau, soupçonné d’avoir été utilisé pour commettre le meurtre, est retrouvé sous le pont Colville Deverell.
- 1er novembre 2010: Ah Kim Chue Kee Chung, ami de Gary Lam Po Tang, est placé en état d’arrestation, soupçonné de complicité.
- 10 octobre 2011: L’enquête préliminaire débute devant la cour de Pamplemousses.
- 22 décembre 2011: Après deux mois d’audition, la magistrate réserve son « ruling » pour le 5 janvier 2012.
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Un autre combat qui débute
Mais pas question pour Sanjeev Nunkoo de rester les bras croisés après son calvaire. Pour lui, c’est un autre combat qu’il vient de débuter. Maintenant qu’il a été acquitté dans l’affaire Lam Po Tang, il estime que des sanctions doivent être prises contre les enquêteurs de ce meurtre atroce. « C’est malheureux de constater que jusqu’à présent, aucune sanction n’a été prise par l’Attorney General contre les enquêteurs sur le meurtre. Je suis innocent et on m’a arrêté pour rien. L’affaire a été déférée aux Assises, c’est du gaspillage de fonds publics ! » lâche-t-il. Sanjeev Nunkoo est également remonté contre les autorités car il a « misérablement » perdu quatre années de sa vie. « Zot inn gatt lavi enn dimun. Pourra-t-on réhabiliter mon honneur ? » s’interroge-t-il. C’est pourquoi il compte demander réparation pour tous les préjudices qu’il a subis. « Avec mes hommes de loi, nous avons servi une mise en demeure à la police et l’État. L’affaire sera appelée le 21 janvier l’année prochaine. J’ai réclamé Rs 50 millions, mais je sais qu’ils y vont objecter ». Désormais, Sanjeev Nunkoo réclame justice pour Hélène Lam Po Tang. « La justice n’a jusqu’ici pas capturé le ou les vrais coupables du meurtre de la sexagénaire. Pour moi, tant que la vérité n’aura pas triomphé sur sa mort, je vais me battre pour que les choses avancent dans cette affaire ».Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !