Le Hamas a annoncé mardi avoir signé à Pékin un accord d'"unité nationale" avec d'autres organisations palestiniennes, dont son rival du Fatah, prévoyant, selon la Chine, une gouvernance commune après la guerre à Gaza, option immédiatement rejetée par Israël.
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Alors que la guerre entre le Hamas et Israël est entrée dans son dixième mois, les rencontres à Pékin visaient à envisager le futur des institutions palestiniennes, aujourd'hui divisées entre le gouvernement de l'Autorité palestinienne siégeant à Ramallah en Cisjordanie occupée, et le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza.
La gouvernance de la bande de Gaza après la guerre préoccupe les acteurs régionaux et internationaux, mais l'accord paraît difficile à mettre en oeuvre en raison notamment des désaccords profonds entre les mouvements politiques palestiniens, estiment des analystes.
- A quoi sert cet accord? -
Selon le chef de la diplomatie chinoise, l'accord prévoit la création d'un "gouvernement intérimaire de réconciliation nationale".
L'idée d'un exécutif approuvé par tous les mouvements politiques palestiniens, mais qui soit principalement composé de ministres indépendants des partis est évoquée depuis longtemps.
"Des rencontres informelles entre le Hamas et le Fatah, avec des niveaux de représentation moins élevés (qu'à Pékin, NDLR), ont lieu sans arrêt", explique Joost Hiltermann, le directeur du programme Moyen-Orient du cabinet International Crisis Group (ICG) qui mentionne notamment de précédentes réunions à Moscou.
"Le Hamas et le Fatah sont sous pression de la part des autres factions palestiniennes et de l'opinion publique palestinienne, ainsi que de certains acteurs extérieurs", poursuit-il.
En ce moment, renchérit Tahani Mustafa, chargé des questions palestiniennes pour l'ICG, "il y a un élan mondial autour de l'autodétermination palestinienne", mais le problème, c'est que "les Palestiniens ne sont pas en mesure de le mettre à profit parce qu'ils sont très divisés", souligne l'analyste.
- Quels sont les obstacles? -
"Pour un Palestinien de Gaza, qui doit se déplacer d'une tente à l'autre, à la recherche d'eau ou de nourriture pour sa famille, l'accord de Pékin n'est qu'un énième morceau de papier", relève le politologue gazaoui, Mkhaimar Abusada.
Tout le vocabulaire de l'accord est "vague", il contient des formules sibyllines comme "la réactivation d'une direction unifiée d'intérim", et des principes dont il est question "depuis des années", ajoute M. Abusada.
"Il y a l'idée d'une réforme de l'OLP", l'Organisation de libération de la Palestine qui regroupe plusieurs factions palestiniennes au premier titre desquelles le Fatah, "mais sans évoquer la manière dont le Hamas peut y être intégré, par exemple", dit-il.
La sincérité des dirigeants palestiniens dans ce processus de réconciliation est aussi mise en question.
"Ni le Fatah ni le Hamas ne sont véritablement intéressés par la réconciliation, car s'ils l'étaient, ils auraient obtenu des résultats concrets, et pas seulement une déclaration pour les médias", abonde l'analyste palestinien Jihad Harb.
Parmi les freins majeurs à l'union palestinienne, le fait que le Hamas refuse de rendre les armes - ce qu'il estime indissociable de son identité de mouvement de résistance - malgré l'insistance du Fatah, qui a opté pour la diplomatie et le pari d'éventuelles négociations pour l'indépendance palestinienne.
Pour M. Hiltermann, Israël est "le principal obstacle" à une réconciliation interpalestinienne, le pays ayant juré d'anéantir le Hamas, à l'origine de l'attaque sans précédent sur son territoire le 7 octobre.
Le chef de la diplomatie israélienne, Israel Katz, a fustigé mardi le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas pour avoir signé un accord avec ce mouvement, qualifié de terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
- Pourquoi la Chine s'implique-t-elle? -
"La Chine est relativement neutre sur les divisions intrapalestiniennes", note M. Hiltermann qui ajoute que Pékin a "intérêt à ce que le Moyen-Orient soit stable", et rappelle l'accord qu'elle a facilité entre l'Iran et l'Arabie saoudite en 2023.
Bien que Pékin entretienne de bonnes relations avec Israël, la Chine "depuis le 7 octobre, a clairement, en tout cas d'un point de vue rhétorique, fait le choix de soutenir la cause palestinienne parce que ça lui rapporte des points vis-à-vis d'autres pays du Sud", détaille Quentin Couvreur, spécialiste de la diplomatie chinoise au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po.
A ses yeux, elle cherche aussi à se distinguer de la diplomatie américaine en trouvant "des solutions politiques" et "qui doivent venir des acteurs eux-mêmes".
"La Chine a fait un coup diplomatique en obtenant une déclaration pendant que Benjamin Netanyahu est à Washington", à l'invitation du Congrès, ajoute-t-il.
© Agence France-Presse
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