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Accidents de la route: comment freiner cette tendance à la hausse ?

Les mesures pour réduire le nombre d’accidents de la route s’enchaînent. En vain : 135 personnes y ont laissé leur vie en 2015. Y aura-t-il moindrement une solution ? Six nouvelles victimes sur nos routes cette semaine. L’accident survenu à Beaux-Songes, le lundi 21 décembre, a fait resurgir le débat sur la sécurité routière à Maurice. Nouvelle preuve que ce problème est loin d’être résolu malgré les différentes mesures mises à exécution par les autorités. Le nombre de morts sur nos routes s’élève à 135 en 2015. Comment y mettre un frein ? Pourquoi nos routes sont-elles aussi meurtrières ? Selon Barlen Munusami, spécialiste en sécurité routière, le facteur humain est la cause principale. « 90 % des accidents relèvent d’une erreur humaine. Nous observons à Maurice que de nombreux chauffeurs adoptent un comportement à risque : conduite en état d’ivresse ou de fatigue extrême et non-respect du code de la route. Et les conséquences sont rarement sans gravité. Pour chaque cas, c’est un de ces éléments qui en est souvent la cause. L’excès de vitesse prend aussi de l’ampleur chez les jeunes conducteurs », explique-t-il. Et d’ajouter qu’il existe aussi des comportements qui augmentent le risque de mortalité. Le refus du port de la ceinture de sécurité ou du casque pour les motocyclistes est un exemple parmi tant d’autres.

Les jeunes plus vulnérables

Les jeunes chauffeurs en manque de maturité et d’expérience sur les routes sont les plus vulnérables, poursuit Barlen Munusami. « Les jeunes ont souvent la fâcheuse tendance à vouloir impressionner leurs camarades. On les voit ainsi dépasser la limite de vitesse ou ignorer le code de la route. Certains font preuve de manque de courtoisie. Bon nombre d’entre eux sont à la recherche de sensations fortes et n’hésitent pas, pour cela, à mettre leur vie et celles des autres en danger », souligne-t-il. Pour ces conducteurs, les autorités doivent faire preuve de fermeté, soutient Raffick Bahadoor, président de l’association des chauffeurs de taxi. « Des sanctions sévères doivent être prises contre ceux qui mettent la vie des autres en danger sur les routes. Les chauffeurs irresponsables doivent être absolument punis, surtout ceux qui sont trouvés coupables de délits de fuite. Chaque conducteur doit se remettre en question à ce sujet », estime le taximan. Manoj Rajkoomar, membre de l’association des moniteurs d’auto-école, attribue ce manque de prise de conscience de la part des conducteurs à la facilité d’obtenir un permis. « Nous pouvons avoir notre permis. Il suffit de passer l’examen. Mais cela ne veut pas dire qu’on est un conducteur averti. Certains nouveaux chauffeurs débarquent sur les routes avec un manque de connaissance », dit-il.

Remise à niveau des connaissances

Qu’en est-il de ceux qui comptent plusieurs années d’expérience ? Ils sont loin d’être tirés d’affaire. « On note que beaucoup de ces chauffeurs ont appris à conduire par observation. 30 ou 40 ans de cela, il n’y avait pas de dispositif d’auto-école. On apprenait sur le tas. Après plusieurs années, nombreux d’entre eux ne font pas preuve de conduite défensive. Ils répètent les erreurs », dit Barlen Munusami. Le spécialiste en sécurité routière ajoute qu’il y a plus que jamais nécessité d’introduire des cours de remise à niveau pour les conducteurs d’expérience. « La manipulation des véhicules n’est plus la même aujourd’hui. Les véhicules sont plus puissants et plus sophistiqués. De plus, les infrastructures ont aussi changé. L’introduction du permis temporaire est une bonne chose. Celui d’une durée indéterminée n’est pas une bonne idée », estime-t-il. La répression n’est pas une solution, insiste Barlen Munusami. « Si les autorités se contentent de renforcer les lois et d’établir une longue liste de pénalités, on ne parviendra jamais à diminuer le nombre d’accidents. Pourquoi ? La répression touche seulement les chauffards alors qu’ils ne sont pas les seuls à être impliqués. La population est concernée, notamment les piétons et les cyclistes. Je suis d’avis qu’il faut avoir un dosage équilibré entre la répression et l’éducation », dit-il. Quant à Manoj Rajkoomar, il juge qu’il est important de revoir la formation des apprentis-conducteurs. « Il faut mettre en place un curriculum qui prend en considération toutes les réalités de la conduite. Pourquoi ne pas instaurer un cahier du conducteur pour surveiller le niveau des apprenants avant que ceux-ci n’obtiennent leur permis ? La formation doit se faire de façon structurée, c’est-à-dire étape par étape. Du code de la route au comportement qu’il faut adopter sur les routes », affirme-t-il.
   

La police redouble de vigilance

Le chef inspecteur (CI) Mohit Rama, de la Traffic Branch, explique qu’un plus grand nombre de policiers se mobilisent sur nos routes en cette période de fin d’année. Leurs horaires de travail ont été étendus. « Nous renforçons notre équipe pour un meilleur contrôle de vitesse pendant la journée et des alcootests sont effectués pendant la nuit. Les régions où plusieurs activités nocturnes sont organisées sont ciblées essentiellement pour les alcooltests. Alors que dans les autres régions à travers le pays, les officiers de la Special Support Unit (SSU), de la Special Mobile Force (SMF) et de l’Emergency Response Service (ERS) sont affectés pour des contrôles de routine », précise-t-il. L’officier avance que les campagnes de sensibilisation ont été intensifiées. « Il y a des diffusions de vidéo-clips à la télévision nationale pour sensibiliser les usagers de la route aux dangers d’excès de vitesse ou de l’alcool au volant. Nous organisons aussi des Community Forums à travers le pays. Nous ne ciblons pas que les chauffeurs. 20 % de piétons impliqués dans des accidents étaient sous l’influence de l’alcool. Nous avons aussi noté que les jeunes ne sont pas conscients des risques sur la route. Ils devraient disposer de moyens de transport appropriés pour éviter tout accident. Nous demandons au public de faire preuve de discipline », dit-il.  
   
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Le CP Mario Nobin: « Pas de pitié pour les contrevenants »

Le Commissaire de police, Mario Nobin, prévient : des sanctions très sévères seront prises en cette période de l’année. « Les patrouilles seront sans pitié à l’égard des contrevenants. La police ne peut surveiller chaque usager de la route pour assurer qu’il assume ses responsabilités. Toutefois, il est à noter que les chauffeurs ne sont pas les seuls à être blâmés pour les accidents. Certains piétons enfreignent souvent la loi. Beaucoup n’utilisent pas les passages cloutés », avance-t-il. Mario Nobin avait annoncé que les permis de conduire temporaires pourraient contribuer à réduire le nombre d’accidents. « Les autorités travaillent sur le permis de conduire probatoire. Aucune décision n’a été prise jusqu’ici », précise-t-il. [row custom_class=""][/row]
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Sunil Jeewoonarain: « Pas de contrôle de la maintenance »

Les autobus doivent passer par un contrôle technique méticuleux avant d’être mis sur les routes, explique Sunil Jeewoonarain, président de la Mauritius Bus Owners’ Association. « Il n’y a pas de contrôle par rapport à la révision et la maintenance des autobus. Cependant, chaque propriétaire doit y procéder sur une base régulière. La révision doit se faire chaque 4 000/5 000 km. On vérifie les freins et le niveau d’huile, entre autres. Même si cette révision n’est pas obligatoire, la fiabilité du véhicule en dépend », explique-t-il La National Transport Authority (NTA) décide de la fréquence de l’examen de fitness du véhicule. « Un nouvel autobus obtient un délai de fitness de 18 mois et cela peut passer à 12 mois, dépendant de son état. Ce délai peut passer à six ou trois mois si le véhicule n’est pas en bon état. La durée de vie d’un véhicule est de 16 ans et cela peut passer à 18 ans, dépendant de l’état du véhicule », affirme Sunil Jeewoonarain. Les conducteurs doivent suivre des cours de formation qui couvrent plusieurs aspects de la conduite, dont la sécurité des passagers. « Ils doivent être capables de réagir promptement en cas de danger. Toutefois, il est triste de noter que certains conducteurs font fi des normes et manquent de courtoisie envers les passagers », fait-il valoir. Et d’ajouter que plusieurs éléments doivent être pris en considération pour assurer la sécurité des passagers, comme la hauteur des marches, la largeur des couloirs ou la porte de secours, entre autres. [row custom_class=""][/row]
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Bertrand Casteres, directeur de la Mauritius Union: « Une hausse sans précédent des réclamations »

  Bertrand Casteres, CEO du groupe Mauritius Union, affirme que l’année 2015 aura été, pour les assureurs, marquée par une hausse sans précédent, de 20 %, du nombre de réclamations par rapport à 2014, dû à la suppression des radars et du permis à points à la fin de l’année dernière. « Cela a eu un impact considérable sur notre situation financière. Le coût des réparations est bien plus élevé (environ 10 %) comparé aux années précédentes. Cela est principalement dû à l’appréciation du dollar », avance-t-il. Le CEO de la compagnie d’assurances souligne que le nombre de véhicules en perte totale (total loss) a aussi augmenté en 2015. Il avance un taux de 6 %. La plupart des enquêtes dans le processus d’une réclamation ont révélé que l’excès de vitesse en est la cause principale. Dans la majorité des cas, on note des dommages très importants. « Nous nous mettons à la disposition des autorités pour trouver les solutions dans le but de réduire les accidents à Maurice. Comme la majorité des pays développés, il faut améliorer la formation des conducteurs et maintenir une politique de répression ferme. C’est la combinaison des deux qui est importante ».
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