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Accidents: autant en emportent les routes...

La série noire se poursuit sur nos routes. Depuis le début  de l’année, le nombre de morts s’élève à neuf. Un chiffre en hausse, comparé à celui de 2015. Quelles sont les causes ? Comment freiner cette tendance à la hausse ? Eléments de réponse...

Le facteur humain

[blockquote]Selon Barlen Munusami, auteur du Guide complet du conducteur, «90 % des accidents relèvent de l’erreur humaine, découlant d’un comportement à risque».[/blockquote]
  • Alcool au volant. Ce serait l’une des principales causes des accidents de la route, affirme une source à la Traffic Management and Road Safety Unit (TMRSU). « Les conséquences sont rarement sans gravité », souligne Barlen Munusami.
  • Non-respect des limites de vitesse. Cet élément arrive en deuxième position dans le classement des facteurs provoquant des accidents. « L’excès de vitesse prend également de l’ampleur chez les jeunes conducteurs. Ceux-ci ont souvent tendance à vouloir impressionner leurs camarades. Ils dépassent ainsi la limite de vitesse ou alors ignorent le code de la route. Des fois, la quête de sensations fortes fait qu’ils n’hésitent pas à mettre leurs vies et celles des autres en péril », souligne Barlen Munusami.
  • Casque, ceinture, téléphone… Pour les experts en sécurité routière, certaines raisons toutes bêtes « augmentent le risque de mortalité ». Barlen Munusami cite notamment le non-port de la ceinture de sécurité ou du casque pour les motocyclistes. Du côté de la TMRSU, on pointe du doigt le téléphone au volant, qui empêcherait les conducteurs de se concentrer sur la route.
  • Sommeil. C’est un autre phénomène, responsable d’accidents, qui prend de l’ampleur. Souvent, après de longues heures au boulot ou à faire la fête, le conducteur s’endort en conduisant. Des fois, il ne dort que quelques secondes, mais le manque d’attention est suffisant pour provoquer un drame.
  • Visibilité. Alain Jeannot, de l’association Prévention routière avant tout (PRAT), insiste que beaucoup d’usagers, piétons comme motocyclistes, ont tendance à ne pas s’habiller pour être vus le soir. « Si vous portez un vêtement sombre la nuit, vous n’êtes visible qu’à 25 mètres par les phares d’un véhicule, alors qu’avec un vêtement clair, le chauffeur vous voit à 45 mètres. Combien de piétons s’habillent en fonction de la nuit ? »

 

Danger à deux roues

Selon les chiffres disponibles à la Traffic Management and Road Safety Unit (TMRSU), au moins 41 % des accidents de la route impliqueraient des motocyclistes. Dans certains cas, c’est un manque de discipline et de respect du code de la route. Dans d’autres, c’est une absence adéquate de protection. Enfin, il y aurait un problème de visibilité aussi.
 

Les autres facteurs

Outre l’erreur humaine, d’autres facteurs très divers sont responsables des accidents de la route.
  • Infrastructures. Alain Jeannot estime qu’il faudrait accorder toute son importance à l’aspect infrastructurel. Il soutient que le marquage sur certaines routes est devenu illisible avec le temps. Affronter ce problème est, selon lui, de la plus haute importance.
  • Outre le marquage, certaines routes du pays devraient subir un lifting. « Quelques-unes sont tout simplement dans un état déplorable, avec d’innombrables nids-de-poule. Ces routes ne font pas honneur au pays. Mieux, souvent elles sont situées dans des endroits très fréquentés, notamment touristiques », souligne un haut gradé de la police.
  • Autre facteur : l’entretien des véhicules. Un ingénieur, travaillant pour les assureurs automobiles, explique qu’à Maurice, les accidents sont aussi causés par des soucis mécaniques. « Quid de la responsabilité du garagiste qui a procédé au servicing de votre voiture et qui a mal fait son boulot ? Ce n’est que dans les cas fatals qu’il pourrait y avoir expertise et contre-expertise, où la responsabilité de tout un chacun peut être clairement définie », explique l’ingénieur.
  • Pour Alain Jeannot, une partie de la population ne réalise toujours pas tous les dangers que représente la route. « Il faut être conscient de ces menaces en prenant la route. Or, beaucoup ont encore tendance à se dire que cela n’arrive qu’aux autres, alors que la route ne tolère que peu d’erreurs », souligne le président de PRAT.
  • Alain Jeannot est aussi persuadé que la sécurité routière n’est toujours pas entrée dans notre culture. « Combien sommes-nous à en parler à table, en famille ? Combien sommes-nous à nous souhaiter bonne route avec un petit conseil lorsque nous quittons la maison, le lieu de travail, l’école ? Or, ces petits détails importent », indique notre interlocuteur.

 

Comment rendre nos routes plus sûres ?

Plusieurs mesures sont avancées pour réduire le nombre d’accidents de la route.
  • Campagnes efficaces. Alain Jeannot est d’avis qu’il y a nécessité de faire des campagnes de prévention qui cadrent avec l’époque, mais aussi et surtout « les tester continuellement » pour voir si le message est bien passé. « Tout évolue. L’attention des gens est sollicitée de tous côtés. La retenir demande constamment de la créativité », avance-t-il.
  • Changement de mentalité et durcissement des lois. Le président de PRAT indique que l’irresponsabilité au volant découle du fait que certains automobilistes « croient pouvoir échapper à la loi et savent qu’il est impossible de mettre un policier derrière chaque véhicule ». Il souhaite un changement de mentalité, avec un durcissement des lois. « La répression fait partie de l’éducation. Outre des sanctions plus sévères, il faut multiplier les contrôles surprise. »
  • Signalisation. Alain Jeannot conseille l’installation d’un panneau indicateur pour signaler les zones où les accidents sont communs. « À Delhi, ils ont commencé à le faire de manière bien visible », dit-il. Il estime aussi qu’il faut expliquer le pourquoi des interdits. « Par exemple, si vous somnolez au volant pendant une seconde et que vous roulez à 110 km/h, c’est 31 mètres que vous parcourez sans contrôler votre véhicule », dit-il.
  • Révision générale. Barlen Munusami estime que c’est le système dans son ensemble qu’il faudrait revoir. « La forme est correcte, mais c’est dans le fond qu’il y a des lacunes. On met l’accent sur la répression, mais ce n’est pas nécessairement la solution. Il n’y a que 20 % de chauffards. 80 % sont de bons conducteurs. La bataille doit être sur tous les fronts », affirme-t-il. Il propose un plan stratégique, « avec un bon dosage entre répression et éducation », impliquant toute la population, « dont les piétons et les cyclistes ».

 

«Une priorité nationale»

Le gouvernement est conscient de la gravité de la situation, a déclaré le Premier ministre, le mercredi 6 janvier dernier, à Ébène, où il a participé à un atelier de travail sur la stratégie nationale pour la sécurité routière.SAJ a insisté sur le fait que la sécurité routière est devenue une priorité nationale et qu’il faut un plan d’action pour la prévention des accidents. Le ministre des Infrastructures publiques a, lui, annoncé que la loi sera appliquée dans toute sa rigueur pour les cas d’alcool au volant, d’excès de vitesse et de conduite dangereuse.
« Les sanctions seront plus sévères. Certaines infractions pourront conduire à l’arrestation », a indiqué Nando Bodha. Pour ce qui est des autres changements annoncés : risque de détention pour conduite en état d’ivresse ; le délai pour rapporter un accident sera réduit (il est de quatre heures) ; le délit d’homicide involontaire remplacé par celui de motor manslaughter et la police autorisée à déposer une motion en cour pour obtenir la suspension du permis jusqu’à la fin de l’enquête, dans le cas d’un accident fatal.

 

Drogue au volant

Sur Radio Plus samedi, le Réunionnais Daniel Raymond, Road Safety Coordinator auprès du gouvernement mauricien, a révélé que la législation devant permettre à la police de faire des tests pour déterminer la présence de drogues dans l’organisme des personnes impliquées dans des accidents sera bientôt prête. « L’ébauche est là, mais il reste quelques détails à finaliser », a-t-il déclaré. Pour Daniel Raymond, il est impératif de déterminer l’impact de la drogue sur le nombre d’accidents de la route. Il ajoute qu’une fois la loi finalisée, il faudra se procurer les équipements pour mesure le degré de toxicité. Notons, par ailleurs, que six radars mobiles sont actuellement en service sur les axes routiers où les accidents sont courants. À noter aussi la présence des motards de la police à la surveillance des autoroutes et sur les axes principaux. Ils verbalisent les automobilistes ne respectant pas les limitations de vitesse.
 

En chiffres

139 - le nombre de morts sur nos routes l’année dernière 9 - le nombre de morts sur nos routes depuis le début de cette année, alors que pour la même période en 2015, le nombre était de deux 2 610 - nombre de contrevenants depuis le début de l’année 49 - le nombre d’alcotests positifs 24 281 - véhicules vérifiés en ce début d’année 580 - le nombre de conducteurs verbalisés pour n’avoir pas respectés le speed limit. 45 -le nombre de « black spots ».

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