L’histoire d’Emilie, aujourd’hui âgée de 27 ans, avait touché et bouleversé plus d'un en 2020. À cette époque, elle avait lancé un vibrant appel sur les réseaux sociaux pour retrouver sa famille. La presse française lui avait consacré plusieurs articles. Idem pour la presse mauricienne, car après avoir mené des recherches, la jeune femme pense qu’elle a des relations étroites avec notre île. Un an après, ses diverses pistes la rapprochent davantage de Maurice.
Dans ce monde où les repères sont brouillés et où plus rien ne semble acquis, savoir d’où l’on vient aide à savoir où l’on en est et où l’on va est plus que jamais vital. Tel est le vœu le plus cher d’Emilie. Cette dernière a été abandonnée en 1994 à l’aéroport de Paris-Orly alors qu'elle était encore bébé. Sans aucun papier et document, les docteurs avaient estimé qu’elle était âgée de neuf mois. Dans les coupures de journaux à l'époque de son abandon, l’on a avancé que ce bébé pourrait être d'origine sri-lankaise, malgache ou réunionnaise. Une hypothèse étayée par ses traits métissés et sa physionomie, des caractéristiques des populations des îles de l'océan Indien.
Les années ont passé et en 2020, la jeune fille, qui habite en France, a publié ce post bouleversant : « S’il vous plaît, aidez-moi à partager ce message et ces photos sur les réseaux, partout et à tout le monde. Je suis sûre que quelque part, quelqu’un sait quelque chose...». Suite à quoi, elle a reçu des centaines de messages en provenance de La Réunion, Madagascar et Maurice, entre autres. En 2012, elle s’est rendue à La Réunion où on lui a dit qu’elle ressemblait beaucoup à une Mauricienne. De plus, de 2014 à 2015, elle a travaillé avec plusieurs collègues mauriciens en France, et l’un d’eux avait des traits de ressemblance avec elle. « Les gens nous demandaient toujours en rigolant si nous avions un lien de parenté », relate Emilie. C’est alors qu’elle prend la décision de visiter Maurice en 2017 pour découvrir sa culture.
Première piste : un parent éloigné à Maurice ?
« Je n'aurais jamais pensé que mon histoire aurait été autant médiatisée. Les résultats de mon test ADN ont permis de mieux orienter mes recherches. J’ai ainsi appris que je suis à originaire de l'Inde et 40 % d'origine française ». Par la suite, elle effectue un test ADN ethnique sur le site en ligne 23andMe et ses résultats correspondaient à 1 % à celui d’une femme. « Jusqu'ici, c’était la seule vraie piste que j’avais, mais je n'ai pas osé la contacter par peur de l'effrayer », relate la jeune fille. Ensuite tout bascule en octobre 2020, quand la femme en question lui envoie un message. Elle relate à Emilie qu’elle est à 99 % d'origine indienne et qu’elle vit en Angleterre, mais qu’elle est née à Maurice de parents mauriciens. Ses arrière-grands-parents seraient d'origine indienne.
« J'étais vraiment contente de recevoir son message. Je me suis dit qu'elle pourrait m'aider à avancer, car jusqu'ici j'avais reçu des messages des quatre coins du monde, mais rien de concret. Elle m'a aussi dit qu'elle avait deux cousines qui habitaient dans la région parisienne, mais quand je lui ai demandé si je pouvais les rencontrer pour faire un test ADN, elle n'a pas souhaité en parler à sa famille. Si nous sommes des cousines éloignées, la connexion devrait se faire au niveau des arrière-grands-parents ou même plus loin », ajoute Emilie. Au final, cette piste ne la mènera pas bien loin. Toutefois, elle est persuadée d’avoir un parent mauricien d'origine indienne. « C'est dans cette communauté qu'il faut chercher à Maurice », dit-elle.
Deuxième piste : le sac à langer
Emilie ne perd toujours pas espoir. Il y a quelques mois, elle a posté une vidéo où elle a lancé un appel aux Mauriciens pour l’aider à retrouver ses parents. Elle a été contactée par un boutiquier mauricien. « Il m'a dit que dans les années 90, il vendait le même type de sac à langer dans lequel on m'a retrouvé après mon abandon. Il m'a même envoyé une photo du produit. C'était identique ! ». Une piste qu'elle n'a pas pu poursuivre, car le boutiquier l'a confié qu'il plaçait ses produits à travers l'île.
Troisième piste : Maurice-Orly
« Je suis aussi confortée dans mon idée que je suis en partie originaire de Maurice, au vu des nombreux vols entre les îles de l’océan Indien et la France. En discutant avec des Mauriciens lors de mon voyage dans l’île, j'ai compris que les naissances hors mariages étaient mal vues à l'époque. Il se pourrait que ce soit une des raisons qui aurait poussé un de mes parents à m'abandonner... ». Plusieurs personnes l'ont également contacté en avançant des cas d'adoption cachés dans leurs familles. Mais la jeune femme considère que ces pistes ne valent rien si elles ne souhaitent pas faire de test ADN. « Je veux juste savoir si j'ai des ancêtres qui viennent de Maurice. Quand on me regarde, l'on voit tout de suite de que je viens d'ailleurs. J'aimerais connaitre mon histoire. Je sais que cela prendra du temps et je veux laisser du temps à ceux qui voudraient me contacter pour me donner des informations... », conclut Emilie.
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