Elle arbore toujours un beau sourire. Son visage est radieux en plus de jouir d’une nature positive. Et pourtant, à 80 ans, alors qu’elle devrait jouir d’une retraite paisible, elle fait face à la plus grande épreuve de sa vie. Chaque jour, Nokamalah Ramaswami lutte contre son cancer. Rencontre avec cette aînée courageuse.
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La vie n’a pas été toujours facile pour Nokalamah Ramaswami, 80 ans, plus connue comme Saroj dans son entourage. À cinq ans, elle devient orpheline de père. Pour pourvoir aux besoins de la famille, sa jeune mère a dû faire de petits boulots comme bonne pour élever ses deux filles, dont l’une était en bas âge.
Pendant que sa mère travaillait, Saroj restait à la maison pour s’occuper de sa petite sœur Devi. « Pa ti ena person pou get li akoz samem mo ti bizin res lakaz. Mo pann kapav al lekol. » C’est ainsi qu’elle grandit. Même si elle n’a pas été scolarisée, elle n’en veut pas à sa mère. Elle comprend qu’elle n’avait pas le choix. Saroj s’est ainsi occupée de la maison et attelée aux tâches ménagères. « Mo rapel mo ti pe mason sali sa lepok la. Ti ena lakaz lapay. Monn aprann fer louvraz byen zenn.», lâche-t-elle avec nostalgie.
Son enfance, elle l’a passée dans le village de Pamplemousses. Elle a déménagé plusieurs fois. Ses lourdes responsabilités ne l’ont guère empêché de profiter de son enfance. Elle aimait jouer à la marelle, sauter à la corde et grimper sur les arbres. « J’avais beaucoup d’énergies durant mon enfance. Je suivais ma mère à la rivière. Elle y allait pour la lessive et moi j’en profitais pour visiter les lieux. On préparait le repas au feu de bois et il fallait aller chercher le bois. J’aidais ma mère à s'occuper des cabris et vaches. » La situation financière de la famille s’améliore lorsque sa mère trouve un emploi comme domestique à l’hôpital.
Elle ne s'est jamais laissée dominer par le cancer.
Sachant s’occuper d’une maison laissait aussi comprendre à son entourage qu’elle pouvait être une bonne épouse. C’est ainsi qu’à l’âge de 14ans, Saroj reçoit sa demande en mariage de la part d’un cousin de sa mère qu’elle connaissait bien. Deux ans après, soit à l’âge de 16 ans, Saroj se marie. Elle va vivre avec son époux à Quatre-Bornes. Son mariage a duré 57 ans, jusqu’à la mort de son époux. De cette union, elle a eu quatre enfants, trois fils (dont l’un n’est plus de ce monde) et une fille.
Bonne cuisinière
À son tour, Saroj accumulera des petits boulots pour joindre les deux bouts. Elle sera tantôt cleaner, tantôt cuisinière. Pari réussi car elle est très douée pour la cuisine. D’ailleurs, son entourage ne manque jamais l’occasion pour lui donner des compliments, surtout pour son bon curry de poisson. Pour mettre son talent à profit, elle s’est occupée plus tard de la cantine d’un collège de Rose-Hill. « Je vendais des dholl puris, gato piment, samoussas, entre autres. » Un talent qu’elle a transmis avec beaucoup de joie à sa fille Padmini.
Même si elle s’en sortait bien, Saroj a vécu beaucoup de moments difficiles dans sa vie. Elle a perdu l’un de ses fils dans un accident. Une épreuve qu’elle a pris beaucoup de temps à surmonter. « C’était une partie de moi qui avait disparu. » Mais s’il y a un trait de caractère qu’elle a cultivé et qui fait son charme depuis son enfance c’est sa force et sa positivité, sa bonne humeur contagieuse et sa générosité.
Depuis quelque temps, elle essaie de surmonter la plus grande épreuve de sa vie. Il s’agit d’une maladie qui l’a cloué au lit. Ne se sentant pas bien lors d’une visite chez le médecin, elle apprend à 77 ans qu’elle souffre d’un cancer des ovaires. Un cancer qui s’est déjà répandu dans tout son corps. « Mes proches ne m’ont rien dit mais en voyant la salle d’hôpital dans laquelle j’étais admise j’ai tout compris. »
Saroj raconte qu’elle savait qu’elle avait le risque de contracter cette maladie. C’est héréditaire, lâche-t-elle. Sa vie bascule. Passer un an dans le lit d’hôpital a été son pire cauchemar. Ce qui lui a permis de prendre conscience de la fragilité de la vie humaine. Elle n’arrêtait pas de verser ses larmes. « Gramatin mo pe koz ek bann patiente tanto se zot lekor qui pe sorti dan lopital. »
Positivité
Sa fille Padmini, qui a beaucoup épaulé sa mère, se rappelle : « J’aidais ma mère à prendre sa douche et ses cheveux tombait en grande quantité ». Pour traverser cette épreuve, Saroj a toujours essayé de garder une bonne humeur et d’être autant que possible positive. C’est d’ailleurs sa positivité qui l’aide à vivre avec sa maladie. Elle ne s’est jamais laissée dominer par le cancer. « Ce sont des périodes très difficiles, tant pour moi que pour ma famille.» Le plus dur, relate Saroj, a été de mettre une pause avec les sorties avec les membres des clubs du troisième âge. Soudain son visage s’illumine. « Pena enn plas ki mo pann kone dan Moris. Mo bien kontan promne. Monn voyaze 6 fois. Monn al l’Inde ek l’Angleterre. »
Trois ans, après cette épreuve de la vie, Saroj poursuit toujours ses traitements, même si elle déplore les heures interminables qu’elle doit attendre pour ses sessions de chimiothérapie. Cependant, elle avoue que les soignants ont bien pris soin d’elle.
Malgré son cancer, Saroj garde toujours la pêche à 80 ans. Elle a repris ses sessions de bingo avec les membres des clubs du troisième âge. Elle profite au maximum le reste de sa vie avec sa famille et ses proches. Elle ne cesse de remercier son gendre Koomar et son fils adoptif Vijay pour leur aide et soutien. Son conseil : « Vivre sa vie à 100 % ».
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