47e anniversaire des mauves : quel avenir pour le MMM?

Le Mouvement militant mauricien (MMM) fête, ce dimanche, son 47e anniversaire.

Vendredi, l’un de ses députés, le Dr Zouberr Joomaye, a claqué la porte pour siéger en indépendant. Comment s’annonce l’avenir de ce parti politique ?

Le député de la circonscription no. 13 (Rivière-des-Anguilles-Souillac) dit être « en désaccord total avec le leadership du parti et la façon dont le parti est géré ». Zouberr Joomaye remet en question le leadership de Paul Bérenger. Avec huit défaites consécutives à son compteur, le MMM représente-t-il toujours une alternative crédible pour la population ? Ajay Gunness et Jack Bizlall, respectivement secrétaire et ancien membre du parti, se sont confiés à Le Dimanche/L’Hebdo.

Ajay Gunness : « La question de l’après-Bérenger ne se pose pas »

Faisant un bref bilan du parcours du MMM sur l’échiquier politique, Ajay Gunness estime que, durant ces 47 dernières années, le MMM n’a pas connu que des moments durs. « Il y a eu de grandes victoires, mais aussi des défaites. à chaque fois qu’il y a eu des défaites ou des départs du parti, le MMM a su rebondir, grâce notamment au travail assidu de son leader, Paul Bérenger, de ses dirigeants de même que tous les militants de la base », affirme-t-il.

Ajay Gunness est d’avis qu’aujour­d’hui, seul le MMM peut former un « gouvernement propre et compétent ». « Avec un leadership solide et dynamique, un programme moderne et une équipe composée d’hommes et de femmes compétents, le MMM pourra redresser la situation », ajoute-t-il.

Avec tous ces ingrédients réunis, le secrétaire général considère que le MMM a un brillant avenir devant lui, « surtout dans le contexte actuel ». « D’ailleurs, nous avons déjà annoncé que le MMM ira seul aux prochaines élections pour nettoyer le pays », souligne-t-il.

Et quid de l’après-Paul Bérenger ? à  cela, Ajay Gunness avance que « la question ne se pose pas pour le moment ».

« Nul n’est éternel sur Terre. Il arrivera très certainement un moment où il faudra penser à l’après-Paul Bérenger, mais aujourd’hui, la question ne se pose pas, car c’est Paul Bérenger qui se présentera comme Premier ministre aux prochaines élections. Quand ce sera l’heure de penser à la succession de Paul Bérenger, cela se fera de manière totalement démocratique, comme nous le faisons toujours au MMM », indique Ajay Gunness. Il précise qu’il n’y a pas de place réservée  au sein du MMM. « Chacun doit faire l’effort nécessaire et mériter sa position au sein du parti. C’est la plus grande force du MMM.  Quand le moment arrivera, tout se fera dans la transparence », conclut-il.

Jack Bizlall : « Le MMM n’a qu’un rôle d’appendice »

L’avenir du MMM, tel que le parti est actuellement, n’est pas envisageable. Le MMM a aujourd’hui un rôle d’appendice, résigné à être en alliance avec un autre parti pour se présenter aux élections. C’est du moins l’avis de Jack Bizlall, lui-même un ancien mauve. « à partir de la cassure de 1983, le MMM n’était plus un pôle politique capable d’assumer seul le pouvoir. Il est devenu un parti secondaire. Ainsi, le MMM ne se résume aujourd’hui qu’à un rôle d’appendice. Il n’y a, semble-t-il, aucune volonté de la part de ses dirigeants pour que le MMM retourne à ce qu’il a incarné dans le passé », soutient Jack Bizlall.

Depuis sa création, le MMM a connu beaucoup de dissensions et de fractures.  C’est un autre facteur qui a fragilisé le parti au fil des années, selon Jack Bizlall. Il tient pour responsable Paul Bérenger. « Le MMM est aujourd’hui en miettes. Son histoire se résume à des cassures durables. D’ailleurs, aujourd’hui, lorsque nous regardons la composition du parti, je reconnais uniquement Paul Bérenger. Tous les autres sont des nouveaux. Pour moi, Paul Bérenger a une responsabilité personnelle dans ces cassures », poursuit-il. 

Pour redonner au MMM ses lettres de noblesse, Jack Bizlall est d’avis qu’il faut que le parti fasse son mea culpa. « Mon souhait, c’est que le MMM fasse, dans toutes ses instances, un bilan de tout ce qui s’est passé depuis sa création. Ce, afin de voir si le parti incarne toujours une alternative au pouvoir ou ne se résume qu’à un appendice. Il faut que le parti aille seul aux élections, avec la perspective d’être choisi par la population. Paul Bérenger doit, aussi et une bonne fois pour toutes, clarifier sa position vis-à-vis des autres partis. Alors, le MMM par­viendra à attirer les jeunes. Cela, bien évidemment, en venant de l’avant avec un bon programme et une vision nouvelle », avance-t-il.