Faits Divers

42 kilos d’héroïne saisis à La Réunion : un directeur de casino soupçonné de blanchir l’argent des caïds

Parvin Appadoo, le directeur d’un casino des Plaines-Wilhems, est accusé d’avoir facilité l’achat d’un deuxième hors-bord à Rs 2,4 millions, à travers des « office cheques », à Mike Brasse. Ce dernier, qui a été arrêté le mois dernier avec Rs 630 millions d’héroïne, voulait effectuer cette transaction cash.

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L’Independent Commission against Corruption (Icac) commence à voir plus clair dans le mécanisme mis en place par les caïds de la drogue dans l’acquisition de vedettes rapides utilisées pour l’acheminement de stupéfiants depuis Madagascar. La semaine dernière, l’équipe de Navin Beekarry a arrêté Parvin Appadoo, le directeur d’un casino des Plaines-Wilhems. Ce dernier est accusé d’avoir facilité au skipper Mike Brasse l’achat d’un hors-bord équipé de deux moteurs Mercury de 300 chevaux, à Rs 2,4 millions, auprès d’un hôtel du Nord l’an dernier. 

Mike Brasse est l’un des trois Mauriciens arrêtés dans la nuit du jeudi 10 novembre au vendredi 11 novembre par la Direction régionale des douanes de La Réunion, à Sainte-Rose, au cours d’une opération qui a vu la saisie record de 42 kilos d’héroïne estimés à Rs 630 millions. Le skipper de L’Îlot Gabriel se trouvait déjà dans la ligne de mire de l’Icac dans le cadre d’une enquête pour blanchiment autour de l’achat de ses bateaux et le hors-bord de Rs 2,4 millions, le 20° Sud, avait été saisi le lundi 14 novembre à La Gaulette.

L’enquête sur la transaction autour du 20° Sud a révélé que le skipper comptait effectuer cet achat cash. Devant l’insistance du vendeur à respecter la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act, il s’est tourné vers Parvin Appadoo, qui l’aurait mis en contact avec six personnes qui ont accepté de lui fournir des Office Cheques de Rs 400 000 chacun. Cet exercice s’est fait en quatre jours et le recours aux différents Office Cheques avait pour but de lui éviter de s’expliquer sur la provenance de cet argent. Ces six suspects sont sous le coup d’un avis de recherche.

L’Icac a aussi découvert que le mécanicien Mohammad Osman – le deuxième Mauricien arrêté à Sainte-Rose et que Mike Brasse présente aux enquêteurs réunionnais comme le bras droit du parrain derrière ce réseau – a participé aux négociations autour de l’achat du 20° Sud. Tout comme le Rodriguais Jean-Noël André, un éleveur de porcs installé à Albion et qui a plusieurs voyages à La Réunion à son actif. Il a été arrêté dans son île natale dimanche par une escouade spéciale lancée à ses trousses. À l’issue de son interrogatoire, il a été inculpé de blanchiment.

Parallèlement aux autorités réunionnaises, les enquêteurs veulent non seulement vérifier si l’argent provenant de ce trafic de drogue a été réinjecté à Maurice et à Madagascar mais aussi connaître l’identité du véritable parrain derrière l’importation des 42 kilos d’héroïne. Si Mike Brasse s’est retrouvé à La Réunion, c’est à la suite d’un ennui mécanique rencontré par L’Îlot Gabriel. D’où le recours au Sweet Love Mama de Royce Almond Capdor, dit Almonzo, pour rapatrier la cargaison aux côtés de six kilos de haschisch.

Le réseau avait décidé d’acheter le 20° Sud afin de disposer de deux bateaux pour effectuer le trajet jusqu’à la Grande île à tour de rôle. Quand L’Îlot Gabriel était en servicing, l’autre pouvait alors prendre le large afin d’éviter tout ennui mécanique. C’est ce qui s’est malheureusement passé à l’île sœur…


Le réseau Chowrimoothoo possède un troisième bateau

Outre le Vent de l’Est qui a été acquis par l’entourage du présumé trafiquant Curly Chowrimoothoo, aussi dit Ti Nana, les enquêteurs pensent que ce dernier était aussi propriétaire du Performant 2. Les deux bateaux aujourd’hui introuvables ont été acquis à travers le skipper Jean Didier Jason Peres, arrêté vendredi dernier.

Seul le Maggi Maï – qui aurait servi à transporter les 5,6 kilos d’héroïne évalués à Rs 100 millions interceptés chez les Chowrimoothoo à Cité Kennedy en mai dernier – a été saisi lors de l’opération de la brigade antidrogue. Vu le nombre de bateaux à la disposition de ce réseau, les autorités soupçonnent que Cédric Petit, le beau-frère de Ti Nana, aurait déjà quitté le territoire par voie maritime. Il est recherché dans l’affaire des Rs 100 millions d’héroïne. Tout comme la sœur de Ti Nana, Karine, dans l’achat du Vent de l’Est pour lequel le père de Cédric, Robert Jules Petit, a été arrêté le vendredi 25 novembre.

 

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