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1er Mai 2017 : une classe syndicale divisée et privée de sa force de frappe

67 ans après la première célébration officielle de la Fête du Travail à Maurice, suivie d’un combat de la classe syndicale, les conditions de vie des travailleurs se sont grandement améliorées. Mais force est de constater que la classe syndicale est toujours divisée et a perdu sa force de frappe du passé.

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«La classe syndicale doit se renouveler pour mieux défendre la cause des travailleurs face à un monde sans cesse en mutation. Tout comme le patronat qui se présente en un front unitaire au sein de Business Mauritius, la classe syndicale doit aussi s’unir pour revendiquer d’une seule voix au nom des travailleurs ». Tel est le souhait de Dev Luchmun, économiste de formation, syndicaliste et consultant en relations industrielles dans le cadre du 1er mai, jour de la Fête des travailleurs. Il cite l’exemple de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) et de la Confédération mondiale du travail (CMT) qui se sont unies pour devenir la puissante Confédération syndicale internationale (CSI). Il prend aussi l’exemple de Verdi en Allemagne qui est le fruit d’une fusion d’une dizaine de syndicats pour mieux défendre la cause des travailleurs.

L’ancien conseiller au sein du ministère du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi estime que plusieurs de nos dirigeants syndicaux ont l’étoffe voulue pour défendre les travailleurs mais que leur talon d’Achille demeure toujours la division qui les gangrène depuis des années. À cet égard, Dev Luchmun exprime sa tristesse que la classe syndicale ne célèbre pas sur la même estrade la fête des travailleurs. « Ce qui affaiblira davantage la position syndicale dans des instances de négociations », estime-t-il. De plus, il juge que les dirigeants syndicaux sont trop ancrés dans le passé glorieux des grands tribuns. « Certes, les Anquetil, Rozemont et autres ont eu une grande contribution à l’émancipation de la classe laborieuse mais au lieu de se languir sur leur glorieux passé, je pense que nos syndicalistes devront suivre la voie tracée par ces tribuns pour mieux répondre aux grands défis à venir dans le monde du travail avec l’avancée rapide de la technologie dans le monde du travail », dit-il.

L’ancien président de la Sugar Industry Labourers Union, Potaya Kuppan, déplore que la Fête du Travail ait été accaparée par la classe politique. Il trouve regrettable que les travailleurs aient perdu leur repère syndical pour suivre aveuglément les politiciens. Il regrette aussi les divisions syndicales qui, estime-t-il, jouent contre les intérêts des travailleurs. Il invite ainsi ces derniers à se ressaisir afin de mieux prendre en charge leur destinée.

L’origine de la Fête du Travail

La Fête du Travail trouve son origine dans la lutte des travailleurs pour des heures de travail plus courtes. À l’époque, une journée de travail s’étendait parfois entre 10 et 14 heures et les conditions de travail étaient très exécrables. Des revendications ont été soutenues lors d’un congrès de la Fédération des syndicats (future American Federation of Labour), en octobre 1884. Deux années plus tard, soit le 1er mai 1886, les travailleurs se mirent en grève pour soutenir la demande d’une révision à la baisse de leurs horaires de travail. Ce qui culmina à la notion de huit heures de travail, huit heures de loisir et huit heures de repos. Le cœur du mouvement de grève était à Chicago, et le 3 mai, la police chargea les grévistes. Le bilan fut lourd. Il y eut trois morts et une cinquantaine de blessés. Huit dirigeants syndicaux furent arrêtés suivant le Haymarket bombing et quatre d’entre eux furent pendus. Le 26 juin 1893, ces hommes furent officiellement reconnus innocents par le gouverneur de l’Illinois, John Peter Atgeld.
À Maurice, c’est à la suite d’une motion de Guy Rozemont, président du Parti travailliste et de la Mauritius Engineering and Technical Workers Union, au  Conseil législatif le 29 avril 1949, que le 1er mai a été proclamé jour férié en 1950.

Les principales revendications syndicales

  • Le salaire minimal

Le thème phare des revendications syndicales pour 2017, selon l’économiste Dev Luchmun, est le salaire minimal dont l’objectif principal est d’enrayer la pauvreté absolue. Certes, dit-il, l’introduction d’un salaire minimal doit prendre en compte la situation économique, la sauvegarde de l’emploi, tout en assurant un salaire décent pour les travailleurs. Il estime aussi que le salaire minimal a pour objectif de réduire les inégalités salariales entre les secteurs privé et public. Parallèlement, dit-il, le salaire minimal ne doit pas remettre en question l’État-providence.

  • La création d’emplois

Dev Luchmun estime que 2017 est la dernière année pour l’actuel gouvernement de jeter les bases solides pour gagner la guerre contre le chômage. Il est d’avis que la « Vision 2030  », présentée par l’ex- Premier ministre sir Anerood Jugnauth, doit servir de guide pour la création d’emplois. Il rappelle que ce dernier avait parlé de la disponibilité de plus de 5 000 emplois dans les bateaux de croisière, le secteur touristique et les activités portuaires. « Il serait bon de savoir à ce jour combien de personnes ont été recrutées dans ces secteurs », dit-il.

  • Les amendements aux lois du travail

Dev Luchmun s’inquiète du retard de la présentation de la première ébauche du projet de loi relatif aux amendements à l’Employment Relations Act et à l’Employment Rights Act. Il aurait souhaité qu’il y ait un débat national réunissant tous les partenaires sociaux autour des amendements qui seront proposés avant la présentation de ce texte de loi au Parlement.

  • Le Portable Severance Allowance

Il s’agit d’une revendication de la Confédération des syndicats du secteur privé (CTSP) depuis des années. Le ministre du Travail, des Relations industrielles, de l’Emploi et de la Formation, Soodesh Callichurn, avait pris l’engagement au Parlement de l’introduire dans un proche avenir. « Où en est-on avec l’étude qui avait été annoncée à ce sujet ? » se demandent des dirigeants syndicaux.

 

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