Live News

Terreur à Port-Louis : le gang Bacsoo mis hors d’état de nuire

Goolam khodabux à la merci de la bande d’Issa Bacsoo (en vert).

Dans le sillage de l’enquête sur le règlement de comptes mortel qui s’est produit au rond-point ABC, à l’entrée de Camp-Yoloff, le vendredi 3 mai, la police a procédé à huit arrestations. Les suspects, appartenant au gang mené par Issa Bacsoo, seront inculpés de meurtre, cette semaine.

Publicité

Les arrestations se multiplient à la suite de l’enquête de la Major Crime Investigation Team (MCIT) North sur le démantèlement du gang d’Issa Bacsoo. Cela, dans le sillage du règlement de comptes mortel survenu au rond-point ABC à l’entrée de Camp-Yoloff, Port-Louis, le vendredi 3 mai dernier.

Un huitième suspect, Nadeem Bheekhun, a été arrêté vendredi. C’est sous forte escorte policière qu’il a été traduit devant la justice sous une accusation provisoire de meurtre, samedi matin. Connu pour sa proximité avec un député de la majorité gouvernementale (voir plus loin), cet habitant de Camp-Yoloff a été reconduit en cellule policière, le police ayant objecté à sa remise en liberté sous caution. 

Le jour de l’expédition violente, le vendredi 3 mai, Nadeem Bheekhun est arrivé sur la scène de crime avec le meneur Issa Bacsoo et ses acolytes. Bien qu’il ait dissimulé son visage, il a été identifié par l’un des agresseurs de Goolam Khodabux, 68 ans, qui a succombé à ses blessures intracrâniennes, le jeudi 9 mai. Interrogé par l’escouade dirigée par le surintendant de police Seebaruth, composée des inspecteurs Dewoo, Juggoo et du sergent Manoovaloo, le huitième suspect a admis sa présence au rond-point de Camp Yoloff.

L’agression mortelle de Goolam Khodabux trouve son origine dans une dispute à Karo Kalyptis, Roche-Bois, un haut lieu du trafic de drogue dans le pays. Selon les déclarations des suspects, un habitant de Camp-Yoloff, membre du gang Bacsoo, s’était rendu à un point de deal dans ce quartier. Sur place, il aurait été giflé par des bouncers pour avoir répondu à un appel, ce qui aurait entraîné la confiscation de son téléphone cellulaire par les dealers. De retour à Camp-Yoloff, il aurait alors informé le gang Bacsoo du vol de son téléphone.

Le vendredi 3 mai, la tension entre les gangs de Camp-Yoloff et de Karo Kalyptis est montée d’un cran. Le gang Bacsoo a demandé aux individus de Karo Kalyptis de restituer le téléphone à Camp-Yoloff, mais ces derniers ont refusé, les invitant à venir le récupérer à Roche-Bois. Les échanges étaient tendus et les menaces ont fusé. Finalement, vers 14 heures ce vendredi-là, le groupe de Karo Kalyptis, mené par Goolam Khodabux, son fils Nadhir, Ikhelase Dilmamode et un individu nommé Dante, a accepté de se rendre au rond-point ABC pour restituer le téléphone.

Au moment de l’incident, trois individus du gang Bacsoo, qui circulaient sur deux motocyclettes, s’étaient déjà positionnés au rond-point ABC, lorsqu’une voiture noire conduite par Nadhir Khodabux a fait son apparition. Selon les images des caméras du dispositif Safe City de la police, une fois sorti de la voiture, Goolam Khodabux a été filmé en train d’agresser l’un des membres du clan adverse. Les choses ont vite dégénéré entre les deux gangs, armés de sabres. Les coups pleuvaient, la scène, qui se déroulait sous les yeux des automobilistes et des passants, était d’une rare violence. Trois des quatre individus venus en voiture ont pris la poudre d’escampette, laissant Goolam Khodabux seul. Ce dernier, à terre, est roué de coups et agressé au sabre.

Selon les indications, le chef du gang de Camp-Yoloff, Issa Bacsoo, est alors alerté. Ses hommes de main et lui débarquent sur les lieux de l’agression. Goolam Khodabux subira un déchaînement de violence de la part du gang d’Issa Bacsoo. Abandonné sur place, peu de temps après, le blessé est évacué d’urgence à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, où il sera admis à l’ICU Neuro jusqu’à ce jeudi, quand il a poussé son dernier souffle.

Accusation de meurtre

L’enquête policière initiée, les limiers de la Criminal Investigation Division (CID) de Port-Louis Nord, dirigée par l’inspecteur Lullith, ont procédé à l’arrestation de sept suspects, avec à leur tête Issa Bacsoo, désigné comme étant le chef de ce gang, Mehraj Bhageerutty, Sharaad Usamah Kurmally, Nadhir Khan Chetty, Kenwell Julien Marie, Nawfar Khodabaccus et Nasif Hossenbuccus. Accusés, dans un premier temps, de tentative de meurtre, avec le décès de Goolam Khodabux, ce jeudi, ces sept suspects comparaîtront désormais devant la justice sous une accusation de meurtre. Ils sont attendus devant le tribunal de Port-Louis cette semaine.

Trahis et filmés par des caméras de la police, certains agresseurs ont déjà expliqué leur implication dans cette expédition de violence. L’un des suspects, Nadhir Khan Chetty, qui a retenu les services de Me Assad Rujub, a confirmé sa présence sur les lieux de l’agression, mais a affirmé, lors de son interrogatoire, qu’il avait agi en légitime défense, le gang adverse les ayant agressés en premier.

Certains suspects avaient saccagé la maison du tiktokeur Tazlim

Des membres du gang Bacsoo s’étaient aussi signalés lors d’incidents survenus à Vallée-Pitot en septembre 2022. La maison des parents du tiktokeur Tazlim Hussen Mohamed avait été saccagée par une bande d’individus encagoulés. La mère, âgée de 58 ans, avait vécu l’horreur, alors que son père était à la mosquée pour la prière du matin. Ce gang armé avait saccagé sa maison. 

Le cerveau de cette opération, Mohamad Mehraj Bhageerutty, figure parmi les meneurs de l’attaque contre Goolam Khodabux aux côtés d’Issa Bacsoo. Nasif Hossenbaccus, autre suspect, qui avait participé à l’assaut chez le tiktokeur, a été écroué cette semaine par la MCIT dans le sillage de l’agression mortelle au rond-point ABC. 

L’inaction de la police déplorée 

Des témoins : « Kan lager fini ki lapolis vini »

Des témoins de cette scène de violence, le vendredi 3 mai, sont tous sous le choc, d’autant plus qu’elle s’est jouée non loin du poste de police de Fanfaron. Terrifiés et estomaqués, ils déplorent l’inaction des unités anticriminelles couvrant cette région de l’île. « Safe City pe get sa an direk, selma kan lager fini ki lapolis vini », s’indignent des automobilistes. « Zot pe mars ar sab divan mwa. Fer per. Pa pou dir dan Moris sa. »

L’inspecteur Coothen : «Pas lieu de céder à la panique»

La police a pris les dispositions nécessaires pour maintenir une vigilance accrue dans les lieux publics, assure le responsable de communication des Casernes centrales. L’inspecteur Shiva Coothen informe la population qu’il n’y a pas lieu de céder à la panique : « La police veille à ce que la paix et la sécurité règnent dans le pays. » 

Guerres de gangs : des morts à travers le pays

Ce n’est pas la première démonstration de force des gangs armés dans le pays, menant à une mort d’homme. En juillet 2021, un règlement de comptes a viré au drame à Bambous. Kenny Jacquette, 31 ans, est abattu par balle. Quelques années plus tôt, en avril 2014, Yoven Velangany, 23 ans, a été abattu lors d’une fusillade à Petit-Verger, St-Pierre. Des individus lourdement armés avaient ouvert le feu sur son domicile.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !