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Congé de maternité étendu : facteur de risque pour le chômage féminin  

Mères ou simplement femmes, nombreuses sont celles qui soutiennent l’idée d’un congé de maternité d’une année. Cependant, la décision appartient aux employeurs, car affectant l’avancement professionnel des femmes dans divers secteurs d’emploi, estiment-elles.

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L’introduction d’un congé de maternité d’une année pourrait représenter un fardeau, notamment sur le plan financier, pour les entreprises qui emploient de nombreuses femmes, considère Pamela. « Il se pourrait que le recrutement de jeunes femmes diminue, car nombre d’employeurs pourraient hésiter à embaucher de jeunes mères afin d’éviter de supporter le coût d’une employée en congé pendant un an », explique-t-elle.

Valérie partage cette perspective, mais met également en avant le défi de l’équilibre professionnel. « Opter pour un congé de maternité peut soulever des défis pour celles qui aspirent à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Néanmoins, certaines entreprises et le gouvernement œuvrent à améliorer cet équilibre, ce qui est encourageant », ajoute-t-elle. Elle remarque que si le gouvernement applique des politiques visant à promouvoir l’employabilité des femmes, comme le congé parental et le télétravail, les entreprises pourraient aussi adopter des politiques de travail flexible pour soutenir les mères dans la gestion de leur vie professionnelle et familiale.

Valérie reconnaît que les entreprises pourraient se montrer réticentes à embaucher des jeunes femmes par crainte des congés de maternité et des coûts associés. Elle juge donc essentiel que les entreprises comprennent que ces congés peuvent s’avérer bénéfiques, car ils sont susceptibles d’accroître la productivité et la motivation des employées à leur retour. « Les entreprises pourraient aussi élaborer des politiques de réintégration post-congé de maternité, telles que des formations ou des programmes de soutien pour faciliter le retour des mères au travail », suggère-t-elle.

Quant à l’attribution d’un an de congé de maternité, cela dépendra des employeurs et du secteur, souligne, de son côté, Shalini. Travaillant dans le secteur de la santé, elle estime que dans les services manquant de personnel, cela pourrait engendrer un sérieux problème. Si dans le secteur public, l’impact serait moindre, c’est surtout dans le secteur privé, et particulièrement au sein des petites et moyennes entreprises, que les difficultés seraient amplifiées. Par conséquent, toute proposition énoncée lors d’un meeting public doit être évaluée en tenant compte des critères et des conditions qui régiront cette mesure, si l’alliance venait à être élue, précise-t-elle

Ne pas généraliser

Active dans le secteur de l’éducation spécialisée, Cindy a choisi de suspendre sa carrière professionnelle pendant sept ans pour se consacrer à son enfant après l’accouchement. Elle affirme qu’un temps suffisant est nécessaire pour les nouvelles mamans avant de reprendre le travail, afin de fournir le soutien nécessaire à leur bébé et de pratiquer l’allaitement maternel exclusif, tel que recommandé. Pour elle, un congé de maternité de 12 mois pourrait représenter un avantage, en particulier pour celles qui travaillent loin de chez elles.

Elle reconnaît toutefois que cette mesure pourrait s’avérer complexe pour les entreprises. « Le risque de chômage chez les femmes pourrait s’accroître si cette mesure est mise en œuvre, car des employeurs pourraient hésiter à embaucher des femmes en âge de procréer », met-elle en lumière.

Dans le domaine de l’enseignement, Nadja admet ne pas avoir approfondi les différentes propositions émises lors des rassemblements politiques du 1er mai. Concernant les 12 mois de congé de maternité, elle considère que c’est globalement positif, surtout pour celles qui manquent de soutien pour leur bébé après les trois mois de congé standard. Du reste, l’enseignante croit aussi que si d’autres pays ont adopté de longs congés de maternité, Maurice pourrait envisager cette option.

Cependant, elle observe que dans son métier, une enseignante pourrait risquer de perdre son poste ou d’être mutée dans un autre établissement après un an de congé de maternité. Une telle mesure pourrait inciter les jeunes à fonder une famille plus tôt, mais pourrait également engendrer des complications pratiques. « Il ne faudrait pas généraliser cette mesure, mais l’adapter selon chaque situation », insiste-t-elle. Dans le secteur privé, les employeurs pourraient introduire des clauses spécifiques dans les contrats des employées relatives à la grossesse, comme cela se pratique dans l’aviation, fait-elle valoir.

Quant à l’adaptation du concept, Nadja ne pense pas que cela menacera le recrutement ou l’emploi des femmes dans l’immédiat. Cependant, une analyse des conséquences de l’absence prolongée de certaines employées en congé de maternité pourrait modifier la perspective. Elle ajoute que l’adaptation à cette nouvelle culture prendra du temps. « Tant que la compétence sera valorisée, les femmes garderont leur place dans les entreprises », conclut-elle. 

Que les mamans puissent faire du télétravail

À 28 ans, Zainabee est mère de trois enfants. Elle raconte qu’elle a été contrainte de prolonger son congé de maternité après la naissance de sa fille, qui fêtera bientôt ses 6 ans, en raison de ses problèmes neurologiques et du manque de soutien adéquat. « Nourrir et prendre soin d’elle était un défi. Ce n’est pas une tâche que n’importe qui pouvait assumer », confie-t-elle. Elle révèle avoir souffert d’un burnout, exacerbé par le besoin d’attention de ses deux autres enfants.

En cherchant à reprendre ses activités professionnelles, elle n’a pas trouvé d’entreprise offrant la possibilité de télétravail. « Malgré mes études et mes qualifications, cela ne semble pas suffire pour décrocher un emploi à domicile », exprime-t-elle avec regret.

Elle souligne que le retour au travail post-accouchement peut être ardu pour certaines, et que cela devrait être pris en compte pour permettre à celles ayant les compétences et qualifications nécessaires de travailler depuis chez elles. « Confier son enfant à des proches ou à une garderie est une option, mais les soins parentaux sont incomparables, surtout quand l’enfant a des besoins particuliers », ajoute Zainabee.

Pour elle, au-delà des congés de maternité prolongés suggérés par l’opposition, les autorités devraient considérer la possibilité de télétravail pour ceux qui en ont la capacité. « Avec le coût de la vie qui augmente, si les deux partenaires peuvent contribuer financièrement, cela représenterait un atout considérable pour le bien-être familial. »

 

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